Les fleurs égoïstes

Les fleurs égoïstes

Mes jolies fleurs clairsemées ont toutes beaucoup à dire.
Trop grosse ou bien trop charnue ? Chaque fleur a son histoire.
Unique ou bien parsemée ? À louer ou affadir ?
Sublime ou bien biscornue ? Laide ou bien adulatoire ?

Dans nos jardins de famille, chaque cicatrice reste
Et les années de printemps n’en effacent pas la trace.
Toutes les jeunes charmilles grandissent plus ou moins prestes
Et se gênent en s’éreintant pour régner sur les terrasses.

On charme le jardinier, on captive le fleuriste.
Tant pis s’il faut ombrager les candidates en friche !
Sous le soleil matinier, on loue le pépiniériste
Pour se faire encourager et admettre au clan des riches.

Chaque fleur a ses affaires et se croit unique au monde.
Le bouquet n’est qu’un réseau qui doit l’écouter se plaindre.
Les roses qui prolifèrent ont des épines immondes
Mais unies par des tréseaux hypocrites à complaindre.

Elles faneront un jour, desséchées dans l’amertume,
Rejetant la faute aux autres si elles n’ont pas eu leur gloire.
C’est le pire des séjours de chercher l’honneur posthume
Et jouer les bons apôtres dans un bocal étrangloir.

Tableau de Fabienne Barbier

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