La fille aux mille fleurs

La fille aux mille fleurs

D’une ineffable tristesse, elle dissimulait ses pleurs
Sous les milliers de couleurs d’un bouquet de fleurs des champs
Qu’elle disposait dans ses tresses pour leur donner de l’ampleur
En atténuant ses douleurs et ses larmes asséchant.

J’ai su connaître l’histoire de cette fille éplorée
En me déguisant en fleur juste à l’orée des forêts.
Caché sur mon promontoire, je ne pouvais déplorer
Cette fille aux mille pleurs mouillant ses cheveux dorés.

Quand elle effleura ma main en découvrant mes épines,
Elle cria sa surprise et couru vers le bosquet.
Je restai sur le chemin en guettant la galopine
Dont mon âme était éprise et que je ne voulais offusquer.

Je le refis tous les jours pour tenter d’apprivoiser
La demoiselle en détresse et comprendre ses tourments.
Tant que dura ce séjour et sans vouloir pavoiser,
Elle devint ma maîtresse et moi son prince gourmand.

Elle fuyait les paroles, les mots et les beaux discours
Qui faisaient tourner la tête et n’étaient que des promesses.
Passer à la casserole par des coqs de basse-cour
Sonnaient comme une quintette d’une foire de kermesse.

Pour expliquer à la belle mes sentiments véritables,
Je pris des coquelicots pour mettre son cœur en joie.
Pour séduire ma rebelle par un bouquet profitable
J’ajoutai tout illico des bleuets luxembourgeois.

C’est ainsi que nous parlâmes d’amour et toutes ces choses
Par des bouquets triomphants de fleurettes et de boutons.
Pour lui déclarer ma flamme, j’apportais quatorze roses
Et pour lui faire un enfant, je dessinais un mouton.

Tableau de Fabienne Barbier

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