
Elle avait l’air renfrogné et des seins bien tristounets,
Une moue mal dessinée sous cet austère visage,
Un regard bien grognonné à cause d’un camerounais,
Ou je ne sais quel minet, qu’aurait raté son baisage.
Un pauvre abrupt laideron qui ne croyait plus à l’amour,
Qui fermait sa porte à clef et son cœur à double tour !
Mes amis, nous aiderons cette femme en désamour,
Cette ode à l’amour bâclé aujourd’hui et sans détour !
En chemin, à l’improviste, par un sombre jour de pluie,
Je m’arrangeai pour croiser la dame sans parapluie.
Comme j’étais positiviste, pour contourner la sévère
Et pour mieux l’apprivoiser, je lui déclamais mes vers :
« Femme étrange, ton image fait remonter de mon cœur
Mille mots, mille pensées que je veux coucher sur l’heure !
Je veux faire de ton grimage, un sonnet des plus vainqueurs
Dont les vers, sans t’offenser, vibreront de mots hurleurs ! »
Je l’ai mise sur mon lit et j’ai ôté ses habits,
J’ai aussitôt fait rimer ses seins, ses cuisses et son sexe
Dans des strophes embellies et du plus bel acabit.
Lentement, ma déprimée devenait un peu perplexe…
Il me fallut une nuit entière de poésie
Pour redonner le sourire à la belle désabusée.
Mais j’ai vu, après minuit, émergeant de l’amnésie,
Sa vraie beauté accourir sans en avoir abusé.
Tableau de Fabienne Barbier
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