Catégorie : 2024

  • Y’a plus d’saison

    « Y’a plus d’saison ! » me crie Madame en injuriant le dieu des vents.
    « Hiver pourri, printemps pourri, maudites saisons étiolées !
    C’est à cause de tout ce ramdam à force d’avions récidivants
    Qui tracent à coup de bistouri des chemtrails sur mon ciel violé ! »

    Rien ne va plus sur la planète depuis le changement climatique ;
    Les hivers chauds m’ont refroidi et, les étés, frigorifié.
    La météo n’est pas très nette et ses bulletins chaotiques ;
    Ma grenouille est en maladie dans son bocal horrifiée.

    Le gel précède la canicule entre tempête et giboulées ;
    Mes plantations sont mal fichues et mon balcon est dévasté.
    Je me sens souvent ridicule lorsque je porte un col roulé
    Quand l’été tombe à date échue avec agios admonestés.

    Les lâches prennent l’avion pour fêter leurs nouveaux printemps
    Et tous les Paris sont ouverts concernant leurs destinations.
    Si jusqu’à présent nous n’avions pas à nous plaindre du beau temps,
    Je ne sors plus qu’à découvert ; c’était ma prédestination.

    Illustration d’André Franquin pour le Calendrier Spirou

  • Le rouge entre les pans bleus

    Le rouge entre les pans bleus

    Pourquoi un rouge de colère s’est-il glissé entre les pans
    De mon rideau des bleus de l’âme que j’avais laissé entrouvert ?
    Sans doute une drôle valse de l’air qui a soufflé à mes dépends
    Sur la quiétude dont la flamme s’est exposée à découvert…

    Je devrais rester insensible à ces courants d’air insidieux,
    Mon roseau devrait se courber, se plier mais jamais se rompre !
    Mais à trop peser sur la cible, suite à trop d’impacts fastidieux,
    Je me suis moi-même embourbé en laissant le stress m’interrompre.

    Finalement le rouge est mis et ce soir je suis solitaire ;
    Après tout déprimer un peu me fait apprécier la tristesse.
    Demain quand tout sera remis, je ferai le pas salutaire
    Avec un bisou sirupeux à l’encontre de ma détresse.

    Tableau de Milo Manara.

  • Chroniques de la fin du monde – 10 et fin

    Homo exitus

    Mais où donc a pu passer l’homme depuis la triste apocalypse
    Qui l’a fait tant dégringoler qu’on n’en retrouve aucune trace ?
    Suivant la piste des chromosomes malgré les gènes qui s’éclipsent
    Cherchons comment, sans rigoler, il serait tombé en disgrâce.

    Il n’y a eu ni bombe atomique, ni épidémie, ni famine
    Mais, au matin, tous les dormeurs ne se sont jamais réveillés.
    Aussitôt un vent de panique nous a bourrés de vitamines
    Et l’on s’est mis dans les demeures à organiser des veillées.

    Je reste seul dans mon pays, les autres dorment au cimetière ;
    Je me pince et marche sans cesse pour éviter de m’assoupir.
    Les animaux, tous ébahis, quittent leurs caches forestières
    Pour vivre aux frais de la princesse et je rends mon dernier soupir.

    Ce sont les femmes survivantes qui ont réactivé la race
    Avec la parthénogenèse bénie par Sainte-Ève-l’Église.
    Elles ne sont plus si séduisantes mais on s’en fout car toute trace
    De beauté d’androgénèse dorénavant se stérilise.

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  • Chroniques de la fin du monde – 9

    La planète des singes

    Le singe est remonté sur l’arbre, puis s’est élevé au sommet
    De la hiérarchie animale pour devenir maître du monde.
    Si les gorilles restent de marbre, les chimpanzés se sont nommés
    Afin, par grâce baptismale, qu’un Dieu-Primate leur corresponde.

    Comme on ne jette pas bébé avec l’eau du bain plein de mousse,
    Il a récupéré de l’homme ses inventions les plus géniales.
    De toute la classe imbibée par les lunettes sur la frimousse,
    Les voilà devenus en somme notre relève nosocomiale

    Prendre un air intellectuel est tellement simple pour un singe
    Qu’on se demande encore pourquoi il a pu mettre si longtemps,
    Par changement conflictuel, à développer ses méninges
    Avec un cerveau adéquat à tous nous rendre incompétents.

    La prochaine race est bien partie chez les néo-super-primates
    Après le point-de-non-retour pour dominer la Terre entière.
    Les guenons avec répartie devront se montrer diplomates
    Pour rivaliser à leur tour avec la gente usufruitière.

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  • Mais où sont passés les pots-de-vin ?

    Mais où sont passés les pots-de-vin ?

    Tintin pour les macronneries, on a perdu les élections !
    Mais où sont passés les bakchichs, les rallonges et les pots-de-vin ?
    Trop tard pour les gamineries, il faut changer de direction
    Et virer ces têtes de pois-chiches qui ont tous gouverné en vain.

    Pourtant les jeunes étaient partants pour une équipe plus uraniste ;
    Ça les changeait des vieux fourneaux de la cinquième république !
    Pourtant on pensait important que soudoyer les onanistes
    Aux postes-clés dans les journaux serait d’utilité publique !

    On va droit aux européennes à une cohabitation
    Avec les outsiders ravis d’ faire un frexit bien de chez nous !
    Marianne n’est plus œdipéenne et dans sa précipitation
    S’est mise, contre tous les avis, à leur faire une pipe à genoux.

    Uraniste : homosexuel masculin ;
    Onaniste : personne qui se masturbe.

    Illustration de Lorenzo Mattotti

  • Colombine pour la paix

    Colombine pour la paix

    Il faudrait plus qu’une colombe pour ramener la paix sur Terre ;
    Autant qu’il y a de discordes ne résoudra pas notre affaire.
    L’ONU, à qui il en incombe, n’est pas assez autoritaire
    Et le sommet, je vous l’accorde, n’y fera rien pour satisfaire.

    Au Bürgenstock, tous les pays, sauf ceux que l’on veut écarter,
    Et toutes les parties adverses veulent trouver un terrain d’entente
    Mais ne soyons pas ébahis de décoder en aparté
    Que c’est pour gérer le commerce et ses profits qui les contentent.

    Viola Amherd, celle dont le nom signifie « à la cuisinière »
    Ouvrira donc la conférence majeure sur la paix en Ukraine
    Avec son président mignon et ses demandes pécuniaires
    Afin de débattre à outrance avec tout ce que ça entraîne.

    Afin que cessent ces combines qui sont le vrai nerf de la guerre,
    Les trafics d’enfants exploités, trafics de drogues et trafics d’armes,
    Je vous propose Colombine, qui a su convaincre naguère
    Lors de commedia dell’arte son petit monde par son charme.

    Tableau de Tomasz Alen Kopera.

  • Lettre ouverte à l’Été

    Lettre ouverte à l’Été

    Été, je t’écris cette lettre que je confie au vent du nord
    Afin qu’il puisse l’apporter et la livrer à échéance.
    Tu as dû apprendre peut-être que l’actuel printemps déshonore
    La Terre qui ne peut supporter pour longtemps cette déchéance.

    Nomme le Soleil, Général de toutes les armées du temps,
    Avec pluies et vents encadrés par une météo fidèle
    Qui offrira un littoral avec matinées débutant
    Par une aurore saupoudrée du chant serein de l’hirondelle.

    Apprête un budget pour la Lune et un crédit pour les étoiles
    Qui guideront les amoureux vers un destin à converger !
    Que la chaleur soit opportune, que jamais l’azur ne se voile
    Sauf pour un crachin langoureux sur les jardins et les vergers !

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • Adieu Printemps-le-fou

    Adieu Printemps-le-fou

    Fou-le-printemps, feu-le-printemps, plus jamais tu me manqueras
    Avec tes giboulées surprises et tombées de neige subites !
    Le vent qui soufflait trop longtemps et longuement m’évoquera
    Dans ma maison toute l’emprise d’un fol hiver qui cohabite.

    Tu as beau te justifier d’un réchauffement climatique,
    D’une pollution agricole et des chemtrails perturbateurs,
    Je ne pourrai plus me fier à tes retards systématiques
    Et trop d’erreurs qui caracolent quant aux grêlons dévastateurs.

    Allons voyons ! Tu n’es pas mort mais d’une éternelle jeunesse !
    Repose-toi durant l’été et patiente encore deux saisons.
    Puis passé le temps des remords, tu reviendras tout en finesse
    Nous pourrir le temps complété de pluies au-dessus des maisons.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • La première pécheresse

    La première pécheresse

    Lapsus énorme, inévitable entre « a péché » et « a pêché »
    Et Ève s’est retrouvée paumée avec sa pêche miraculeuse.
    Ç’en est bête et c’est regrettable car elle s’était dépêchée
    Juste après l’avoir empaumé d’en faire une histoire fabuleuse.

    Mais… attendez… je confonds tout ou, au contraire, on nous confond
    Et l’histoire du fruit défendu n’est rien qu’une pêche interdite.
    On nous éduque comme des toutous, des imbéciles bas-de-plafond
    Pour un mensonge répandu par la foi qui nous discrédite.

    Le poisson rend intelligent ; donc : aliment de connaissance !
    Comme quoi lire entre les lignes, lorsque ce sont des cannes à pêche,
    Montre l’impair désobligeant que Dieu a fait avec aisance
    En accusant la femme indigne d’autant que rien ne l’en empêche.

    Tableau d’Alisa Williams sur https:fineartamerica.comprofilesalisa-williams .

  • La sirène assombrie

    La sirène assombrie

    Quand la sirène est d’humeur sombre, elle se réfugie dans l’ombre
    Avec lumière tamisée dans ses abysses organisées
    En salon et lieu de détente afin de tromper son attente
    Et quelque liqueur de folie pour troubler sa mélancolie.

    Quelques poissons clowns arbitraires tenteront tout pour la distraire
    En lui offrant des anémones ointes de subtiles phéromones
    Pour l’enivrer de ses arômes et lui diminuer le syndrome
    De l’apathie qui la chagrine sans les délices sous-marines.

    Mais voici qu’un petit sourire, un rictus de pince-sans-rire
    Et une lueur dans les yeux éclaire son visage ennuyeux.
    Une corne de brume sonne, sitôt la sirène frissonne
    Et sait qu’elle va devoir chanter une mélopée enchantée.

    Un vaisseau riche en matelots, tous prêts à se jeter à l’eau,
    Tous enclins à se saborder ensemble à sa voix accordée,
    Croiser la mauvaise fortune de la dure loi de Neptune.
    Pour la sirène quel festin et, pour les marins, quel destin !

    Tableau de Srdce.

  • Cours tout nu dans les bois

    Cours tout nu dans les bois

    Je savais qu’on chie dans les bois car je l’avais lu dans un livre
    Mais j’ignorais qu’on y courait entièrement nu pour le plaisir.
    Je fus tel le cerf aux abois qui croit qu’il va cesser de vivre
    En découvrant dans les fourrés quatre femmes ivres de désir.

    Elle riaient comme Carabosse après avoir jeté son sort ;
    Elles fuyaient comme un voleur, content de son dernier exploit.
    Et moi, tout ému comme un gosse qui aurait trouvé un trésor,
    Connut l’effet batifoleur d’une verge qui se déploie.

    Je suis revenu maintes fois mais ne les ai jamais revues ;
    Sans doute une hallucination ou un mirage sans lendemain.
    Il m’est arrivé toutefois de me trouver à l’imprévu
    En butte à la fascination d’une culotte sur le chemin.

    Les athlètes du monde entier se déshabillent pour le « Calendrier des Charités », et les photos feront battre votre cœur plus vite sur https:www.boredpanda.comathletes-charity-calendar-photoshoot-dominica-cuda .

  • L’énigme de ma vie

    L’énigme de ma vie

    Souffrances et douleurs dans la vie sont des témoins inoubliables
    Comme pour ancrer dans le corps l’empreinte du présent qui passe.
    Le cœur et l’esprit à l’envi s’interrogent à propos d’un diable
    De hasard qui permet encore de se retrouver dans l’impasse.

    Dans un couloir aseptisé où l’on voit d’un tapis roulant
    Ceux qui nous aiment incapables de transgresser la destinée
    Qui fait entrer magnétisés les figurants évoluants
    Eux-mêmes happés vers l’immuable direction indéterminée.

    Un jour j’aurai le premier rôle dans un scénario sur mesure
    M’offrant peu d’improvisation sur un texte qui laisse de glace.
    Tous alors prendront la parole ceux qui m’auront eu à l’usure
    Pour dire sans commisération ce qu’ils auraient fait à ma place.

    Alors le Sphinx me posera son énigme devant le parvis
    « y a-t-il une vie après la mort et si oui, t’a-t-elle affranchi ?
    Je répondrai que ce sera le véritable but de ma vie ;
    Sans doute deux tiers matamore et un tiers d’audace irréfléchie.

    Tableau de Grigory Babich sur https:www.behance.net6f4365cf .

  • Branchée l’es-tu ?

    Branchée l’es-tu ?

    Es-tu bien connecté.e au monde, toi qui te dis ultra-moderne
    Avec tous les fils à la patte qui te relient à tes serveurs ?
    Es-tu noté.e à la seconde, voire pendu.e à la lanterne,
    Selon le mode dont tu épates tes « followers » avec ferveur.

    Abondance d’information ne tue pas sinon les passants
    Qui, l’œil rivé sur leur écran, n’ont pas vu venir ta voiture
    Dont l’aide à la navigation cherche le coup de cœur fracassant
    Pour mieux te remonter à cran tout au long de ton aventure.

    Un jour tu es déconnecté.e pour incompatibilité ;
    Ton matériel est périmé ou hors de toute garantie.
    Tout aura été collecté de tes disponibilités
    Et tu ne pourras t’arrimer que vers un destin pressenti…

    Illustration de Rain Szeto sur https:www.thisiscolossal.com202403rain-szeto-ink-illustrations .

  • Concerto pour un derrière

    Concerto pour un derrière

    Que ceux qui prennent leurs bains de boue et qui jouent du piano debout
    Me jettent la première pierre du moment que je suis derrière.
    Mais supposons que ce derrière puisse à son tour faire carrière,
    Il faudra œuvrer des talons pour en jouer dans les salons.

    Pour que la musique soit bonne et l’interprète nous étonne,
    Il faudrait que soit convenu que celle-ci se mette nue
    Devant l’instrument impassible face à son charme irrésistible ;
    Un piano-à-queue mais puissant ou un piano droit jouissant.

    Tableau de Frank Snapp.

  • Mon-epicerie-chinoise.com

    Mon-epicerie-chinoise.com

    Si les épiceries arabes pullulent de Paris à Marseille,
    Tout un assortiment chinois est disponible à notre porte.
    Du singe et des boîtes de crabe – aux pinces d’or, quelle merveille ! –
    Aux fards pour les jolis minois et pour les yeux de toutes sortes.

    J’y passe des heures et des heures à minauder dans les rayons,
    Guettant rabais et promotions – même si cela ne sert à rien –
    Car ils sont mes catalyseurs pour mon budget de réveillon
    Qui devient à disproportion de mes désirs épicuriens.

    Si tous mes potes, émus ou pas, font comme moi dorénavant,
    L’économie de mon pays sera d’un coût contrariant.
    Demain nous aurons nos repas servis « at-home » sous l’auvent
    Et nos papilles ébahies croquer la menace d’orient.

    Illustration de Rain Szeto sur https:www.thisiscolossal.com202403rain-szeto-ink-illustrations .

  • Ex-Libris mon cher marque-page

    Ex-Libris mon cher marque-page

    Comme un joli sein qui dépasse d’un décolleté millefeuilles,
    Les deux points forts de la lecture sont d’ouvrir la gorge fendue
    Du livre où l’intrigue outrepasse la composition que j’effeuille
    Et le moment de la clôture où se glissent tes jambes tendues.

    Ex-Libris, mon cher marque-pages, tu as noté dans mon grimoire
    L’endroit où j’avais arrêté de lire la carte du tendre.
    Tout le résumé que propagent les pages issues de ma mémoire,
    Remonte vif et apprêté tel l’amant qui ne sait attendre.

    Tandis que je parcours la suite, je te caresse doucement
    D’une main distraite apparente mais chargée de mes émotions
    Qui se lancent à la poursuite de l’héroïne du roman
    Dont toute la trame transparente fera demain ta promotion.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’arme secrète

    L’arme secrète

    Cet obscur objet du désir – le plus complexe de nos armes –
    Saurait-il arrêter la guerre, tout au moins préserver la paix ?
    Bien que l’on ait tant de plaisir à l’utiliser pour ses charmes,
    S’il l’était, lors depuis naguère, nous lui devrions notre respect.

    Mais voilà ; en réalité, il est très mal utilisé
    Car on ne l’emploie qu’en cuisine ainsi qu’à la buanderie.
    Et malgré ses spécialités, il est toujours subtilisé
    Par des trafics à prix d’usine traités par la truanderie.

    Moi qui en ai une à la maison, je n’en suis pas trop mécontent ;
    Elle gronde les enfants qui crient mais qui continuent de plus belle ;
    Elle se lève sans raison, en pleine nuit voire tout le temps,
    Pour piller mes alcools proscrits ou me les foutre à la poubelle.

    Photomontage de Mirkokosmos sur https:mirkokosmos.tumblr.com .

  • Jean-Philippe Herbien, le vitrier

    Jean-Philippe Herbien, le vitrier

    Jean-Philippe Herbien, le vitrier était en train de mastiquer
    Lorsque jaillit sans récrier ce que j’avais pronostiqué
    Comme l’effet jubilatoire d’un savoir-faire prodigué
    Par un professionnel notoire qui m’avait semblé plutôt gai.

    Comme je ne suis pas de bois mais plutôt sang, os et boyaux,
    Il me proposa du latex pour pénétrer dans ma fenêtre.
    J’ai refusé de vive voix voyant ses attributs royaux
    Qui doivent figurer à l’index de l’usage des chibromètres.

    (Illustration de Martin Engelbrecht ;
    Le chibromètre est un gadget hilarant qui permet de mesurer le zizi sur https:www.cadeau-rigolo.comgadget-et-humour-coquin13315-le-chibrometre.html .)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Fauteuil de trouble

    Fauteuil de trouble

    Monsieur-le-chat Cherche-Midi, de mon vieux fauteuil, s’empara.
    L’animal félin est rusé et, voyant son bon maître absent,
    Joua toute sa perfidie, s’y lova et s’accapara
    Ce qui lui était refusé et en lui mettant bien l’accent.

    Regagnant alors mes pénates, journal et café dans les mains,
    Je vis mon fauteuil occupé et mon séant exproprié.
    Bien qu’à ma place vous fulminâtes, n’y allant pas par quatre chemins,
    Vous auriez l’animal dupé chassé sans vous faire prier.

    Mais non, j’ai dû m’agenouiller et négocier fièrement.
    Pourtant j’ai eu beau claironner mes droits avec empressement,
    L’autre, en me voyant bafouiller tous mes griefs amèrement,
    Se contenta de ronronner et m’ignorer complètement.

    Finalement j’ai racheté un second fauteuil tout pareil
    Qu’il prend comme un malin plaisir à me conquérir à son tour.
    Sans doute est-ce par lâcheté mais, sans me faire tirer l’oreille,
    J’ai unifié nos désirs et la paix règne aux alentours.

    Illustration de Nicole Claveloux.

  • Lady Godillot – 2

    Lady Godillot - 2

    La bombe à la cravache

    Soudain je croise un cheval fou poursuivi par sa cavalière
    Brandissant bien haut sa cravache et jurant comme un charretier.
    Fortuitement je vous l’avoue, j’ai trouvé assez singulière
    L’amazone à l’air de bravache, nue comme un ver d’abricotier.

    Lady Godillot, en personne m’a abordé d’un air farouche ;
    « As-tu vu passer un cheval ? Je suis tombée de mon poulain ! »
    Ni d’une ni deux la garçonne qui n’était pas sainte nitouche
    Poursuivit sa quête en aval de la rivière et du moulin.

    Je suis resté pétrifié, observant son joli derrière
    Se dandiner et disparaître sur le chemin le long de rives
    Quand un cheval horrifié surgit du fond de la clairière
    Embarrassé de comparaître ainsi penaud à la dérive.

    « Excusez-moi, mon cher Monsieur, mais auriez-vous vu ma maîtresse
    Que j’ai perdue pour échapper à ses amis, preux chevaliers ! »
    Je lui montrai, pointant des yeux, tout en comprenant sa détresse
    Où avait fui sa rescapée d’un air assez peu cavalier.

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  • Chroniques de la fin du monde – 8

    Goguenard le renard

    Apprivoisé dans le désert par un petit prince rêveur,
    Maître Renard a commencé à enseigner à sa portée
    Pour nous sortir de la misère et reconquérir les faveurs
    Des dieux qui avaient romancé une histoire humaine avortée.

    Si par la ruse il nous embrouille corbeaux, lapins, cigognes et loups,
    Sa candeur se métamorphose parmi les autres canidés.
    Mais pour le reste, il se débrouille et pour qu’il n’y ait pas de jaloux,
    Il se voue à de grandes choses même s’il n’en a aucune idée.

    D’après les fables de La Fontaine, livre saint parmi tous les saints,
    Il sait qu’il a voix au chapitre sur tous les autres animaux.
    La Terre n’en est pas très certaine mais son avis restant succinct,
    Elle lui accorde le titre du bout des lèvres, à demi-mot.

    Après les avoir tous roulés, trompés, dupés par roublardise,
    Les animaux sont révoltés et clament leur évolution.
    Alors on voit se dérouler un peu partout quoi qu’il en dise
    Des insurrections survoltées qui sèment la révolution.

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  • Chroniques de la fin du monde – 7

    Cornes de bouc !

    Ovins, bovins, patins, couffins, tout se confond dans nos assiettes
    Depuis que les végétariens ont dénoncé la vache folle.
    Après faux-steacks et coupe-faims, insectes et larves à la cueillette
    L’homme nouveau déchétarien mange enfin ce dont il raffole.

    Dès lors que sont-elles devenues nos bêtes à cornes rescapées
    De tous nos étals de bouchers qui rosissaient sur les marchés ?
    Elles sont parties sans retenue vers les alpages escarpées
    Loin des chalands mal embouchés, vieilles terreurs des supermarchés.

    Si le changement climatique a ruiné la population,
    Si maints fléaux révélateurs ont nettoyé vallées et plaines,
    Sur les montagnes helvétiques, les animaux font libation
    En trinquant à leurs prédateurs pour qui enfin la coupe est pleine.

    Les taureaux n’étant pas trop vaches ont oublié les corridas ;
    Les moutons devenus autonomes choisissent eux-mêmes leurs chemins ;
    Les béliers, tout aussi bravaches, se sont tous portés candidats
    Pour se promulguer gastronomes, amateurs d’aliments humains.

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  • Prise la main dans la pantoufle de vair

    Prise la main dans la pantoufle de vair

    Au grand bal de la République, Cendrillon en robe écarlate
    Dansa avec Manu Premier, le roi putatif de la France
    Se fichant des regards obliques et des ragots qui se relatent
    Quant à ses écarts coutumiers envers sa Brigitte à outrance.

    Mais au douzième coup de minuit, Cendrillon vite sortit du lit
    Et dévala, nue comme un ver, le grand escalier de la cour.
    Puis elle disparut dans la nuit, perdant comme preuve du délit
    Une p’tite pantoufle de vair abandonnée sur le parcours.

    Carrément le chef des armées déploya les forces de l’ordre
    Pour retrouver la délurée dans les quartiers populaciers.
    Tout le pays fut alarmé et, au milieu de ce désordre,
    Les flics partirent à la curée avec tous les chiens policiers.

    On fit essayer la godasse à toutes les putes de Pigalle,
    À celles du Bois de Boulogne mais aucune ne s’y emboîta.
    Puis on retrouva la chaudasse qui avait attrapé la gale,
    L’avant-veille place de Pologne, pour la refiler en l’état.

    Illustration de Lorenzo Mattotti.

  • Lady Godillot – 1

    Lady Godillot - 1

    La légende

    On connaît Lady Godiva, pas vraiment Lady Godillot
    Qui s’inspira de la diva pour faire fléchir son nobliau.
    À l’instar de la cavalière qui traversa la ville, nue,
    Celle-ci fut plus particulière car n’en serait jamais revenue.

    On dit que dans une ruelle, elle trouva chaussure à son pied
    Et la belle fut assez cruelle pour rompre d’avec son coéquipier
    De mari qui ne la voyant pas revenir de son voyage
    Divorça en lui renvoyant tout son trousseau de mariage.

    Il est dommage que la coutume ne soit plus suivie aujourd’hui
    Car j’aurais vu dans l’même costume Brigitte, sans le sauf-conduit
    De Manu, traverser Paris et poursuivre le rituel
    En montrant de quel gabarit sont ses attributs sexuels.

    Tableau « Lady Godiva » de Jules Lefebvre 1898.

  • Ichtyologie de la sirène

    Ichtyologie de la sirène

    Une sirène, est-ce une femme pourvue d’une queue de poisson
    Ou bien est-ce la greffe d’une femme transplantée sur un gros poisson ?
    Sans doute qu’à l’instar de Jonas un poisson a eu l’occasion
    De satisfaire l’envie tenace d’un sang humain en perfusion.

    Mais la meilleure théorie serait la collaboration
    De deux espèces animales pour un bénéfice commun.
    Des branchies hors-catégorie permettraient la respiration
    Et une silhouette optimale attirerait tout un chacun.

    La femme nourrit le poisson qui donc oxygène la femme
    Et c’est cette contribution qui satisfait les partenaires.
    Et la voix qui fait les passions provient de l’ouïe qui affame
    Le marin par l’attribution de ses branchies imaginaires.

    Illustration de Marisol Diaz.

  • Alix, chasseuse de sirènes

    Tous les matins, la jeune Alix, munie d’un filet papillon
    Et de sa fidèle grenouille, va librement chérir la mer
    Dont les vaguelettes prolixes s’infiltrant sous le cotillon
    Lui gonflent comme une quenouille sa robe en nacre d’outremer.

    Elle est chasseuse de sirènes – c’est du moins ce qu’elle prétend –
    Enrobée comme une baleine dans un scaphandre peu seyant.
    Elle va pourtant l’âme sereine tôt ou tard nous interprétant
    Un coup d’audace hors d’haleine où le rater en l’essayant.

    Mais une fois hors de portée, en revanche, quelle supercherie !
    Elle est enceinte jusqu’aux os et cache un joli embonpoint
    Qu’elle doit depuis longtemps porter, vu les rondeurs qu’elle chérit
    Et qui, flottant entre deux eaux, se délassent hors de son pourpoint.

    Sans doute aura-t-elle une fille qu’elle ramènera dans ses filets
    Comme une preuve irréfutable qu’elle sait pêcher sans hameçon
    Et qu’elle arrive à la cheville des plus grands pêcheurs profilés.
    Mais gare au drame indiscutable si jamais c’était un garçon !

    Illustrations de Rebecca Dautremer.

  • La lutte des sexes

    La lutte des sexes

    Bien sûr que l’homme soutient la femme ; bien sûr qu’elle aime être soutenue.
    Bien sûr face au moindre problème, la solidarité prévaut.
    Il serait toutefois infâme qu’elle soit toujours maintenue
    Dans ce statut comme l’emblème d’une place au second niveau.

    Évidemment Lui est costaud et s’en va partir à la traque
    Pour rapporter de quoi nourrir la progéniture à sa charge.
    Elle n’a plus qu’à faire le resto pour servir son héros patraque
    Et le soigner quitte à mourir pour une faute à sa décharge.

    Heureusement tout a changé et Madame a tout pris en main
    Afin de produire un bilan supérieur au patriarcat.
    Mais la balance reste inchangée, le bonus n’est pas pour demain
    Il faudra encore mille ans et beaucoup de volontariat.

    Les athlètes du monde entier se déshabillent pour le « Calendrier des Charités », et les photos feront battre votre cœur plus vite sur https:www.boredpanda.comathletes-charity-calendar-photoshoot-dominica-cuda .

  • La plus belle conquête humaine

    Au début, il faut bien le dire, l’homme et la femme sont opposés.
    Leur sexe penche différemment selon devoir ou bien désir.
    La femme apprendra à prédire le meilleur moment supposé
    Et, d’un autre tempérament, l’homme cherchera plutôt son plaisir.

    Alors la meilleure conquête serait quand chacun apprivoise
    L’autre par maintes stratégies mais sans les armes du vainqueur.
    Et s’ils ont la moindre requête, il faut, pour que chacun pavoise,
    Des concessions aux élégies de chaque partie selon son cœur.

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  • Fête des belles-mères

    Fête des belles-mères

    Comme l’état a besoin de sous, il use de son savoir-faire
    Et instaure de nouvelles fêtes qui s’étendront aux beaux-parents.
    Pour les beaux-pères, comme on s’en fout, n’importe quoi fera l’affaire ;
    Une vieille croute un peu surfaite ou un gadget accaparant.

    Pour les belle-mères, un cadeau vache avec défaut dissimulé ;
    Un couteau qui ne coupe pas, un puzzle auquel il manque une pièce,
    Des douceurs sur lesquelles on crache tout le venin accumulé
    Afin de hâter leurs trépas avec plus ou moins de hardiesse.

    Illustration d’Andrei Popov.

  • Au fil des ondes libertines

    Franchement ce n’est pas ma faute si les bonnes femmes font trempette
    Entièrement nues sous mes fenêtres ou bien juste à proximité.
    Sans doute attendent-elles que sursautent les gens, sans tambour ni trompette,
    Venus promener en bon maître leurs chiens en toute légitimité.

    N’ayant pas de chien, je compense en prenant l’opportunité
    De passer par là par hasard surtout s’il se met à souffler.
    Qu’elle est belle ma récompense de voir en toute impunité
    Les filles courir l’air hagard après leurs habits, essoufflées !

    Sinon assise sur la branche comme une maîtresse corbelle,
    L’une d’elles aime s’offrir au soleil et aux habitants du château.
    Personne ne sort, en revanche ; sans doute surveillés par leurs belles,
    Ils n’osent regarder ces merveilles comme cerise sur le gâteau.

    Comme je ne les vois que de dos, je me déguise en écureuil
    Pour aller leur conter fleurette ou partager quelques noisettes.
    Tandis que tirent les rideaux les vieilles chouettes d’un mauvais œil
    Qui vouent ces nymphes d’opérette aux gémonies sur les gazettes.

    Tableaux de Jean Bourdichon.

  • Les clefs du cœur

    Les clefs du cœur

    Pour ouvrir le cœur d’une femme, il n’y aurait qu’une seule clef ;
    Oui mais laquelle ? Nul ne le sait encore moins sa propriétaire.
    En essayer paraît infâme et elle y risque une raclée
    Ou pire après le premier essai, mariée d’un geste autoritaire.

    Mais il y a les collectionneuses qui ont plusieurs clefs à leur arc
    Et qui aiment les comparer et, s’il le faut, en même temps.
    Il y a aussi les soupçonneuses qui examinent et qui remarquent
    Si une clef s’est égarée dans un verrou compromettant.

    Puis les as de la cambriole usent de maints passe-partout,
    De rossignols, de pied-de-biche ou bien de pince monseigneur.
    Ils sont rois de la gaudriole et savent déverrouiller surtout
    Les cœurs logés entre les miches où ils pénètrent en grands seigneurs.

    Tableau de Catrin Welz-Stein.

  • Musicolorimétrie

    Mon cœur qui n’a pas de raison sait colorer ses émotions
    Avant que l’esprit les formate selon ce qu’on lui a appris ;
    Comme une couleur de saison qui déclinerait sa promotion
    Avec les subtils aromates d’un imprévu qui m’a surpris.

    Lundi est bleu, mardi est vert, mercredi jaune et jeudi rouge ;
    Joie et douleur en noir et blanc, vie et mort si complémentaires.
    La musique est un livre ouvert où les notes en triolet bougent
    Pour m’inviter sans faux-semblants à vivre un monde pigmentaire.

    Tableaux de Ricardo Maya.

  • Préliminaire à l’ouverture

    Préliminaire à l’ouverture

    Mettez votre cœur en musique et l’amour donnera le « La ».
    La carte du tendre devient la partition des sentiments
    Si Madame ôte sa tunique pour une tenue de gala
    Qui ne cache rien mais prévient une ouverture à son amant.

    Monsieur vous prête son archet et Madame entre en résonance
    Avec des mouvements presto, agitato, fortissimo
    Qui seront bientôt panachés d’accords qui semblent en dissonance
    Comme une explosion de cristaux secoués de bravissimo.

    Dernier partie, le tempo accélère à n’en plus finir
    Jusqu’à l’orgasme musical des deux interprètes duals.
    La jouissance à fleur de peau laisse à jamais le souvenir
    Du rituel dominical d’un concert sexo-spiritual.

    Tableau de Bogdan Prystrom.

  • Vision utopiste d’avenir

    Je vois le soleil qui rougeoie dans une aurore rouge sang ;
    Sans doute le vent de la plaine qui souffle un air de virulence.
    Les uns attisent un feu de joie, les autres jouent les innocents
    Et quand la coupe sera pleine, mourra le temps de l’opulence.

    Sans doute une propriété inconnue de l’économie
    Qui veut qu’une masse critique d’argent fasse exploser la Terre.
    Les comptes dont la sobriété validait leur physionomie
    Éclaboussent la politique d’une épidémie délétère.

    Je vois la Lune qui flamboie, la pleine Lune magnanime ;
    Sans doute le vent des montagnes qui se rencontrent en fin de compte.
    Billets, valeurs et chèques en bois s’envolent dans un flux unanime,
    Fuyant les pays de cocagne pour l’enfer à ce qu’on raconte.

    Finalement je m’en balance de tout ce monde chaotique
    Devenu trop mégalomane pour se réguler de lui-même.
    Après les cris vient le silence qui vient se coucher pathétique
    Sobre et cependant mélomane, paradoxal mais vrai dilemme.

    Tableaux d’Ed Emshwiller et de Valery Rybakow.

  • Belem Olympique

    Belem Olympique

    Sous le ciel d’azur de Marseille, les voiles blanches relevées,
    Le vieux-port de rouge enflammé, le drapeau hissé haut, épique.
    Dans la foule chacun grasseye, les enfants crient surélevés
    Pour applaudir et acclamer l’heur de l’odyssée olympique.

    Spectacle sublime et unique, moment admirable et magique
    Pour les amateurs d’émotions aux olympiades méridionales.
    Marianne arborant sa tunique bleu-blanc-rouge accueille nostalgique
    Le Belem faisant promotion de la marine nationale.

    Faste digne des pharaons pour une si petite flamme
    Qui vient perpétuer le rêve du baron Pierre de Coubertin.
    Par la route Napoléon, de Provence jusqu’à Paname,
    Remontent les porteurs sans trêve vers un succès quasi certain.

    Photo du Belem entrant dans le vieux-port de Marseille.

  • Celle qui fait des vagues

    Celle qui fait des vagues

    Elle fait des vagues et des ravages, celle dont la mer est amoureuse
    Et qui déferle son mal d’amour à coups de flux et de reflux.
    Elle joue de rêves et de mirages, celle dont la plage langoureuse
    Lui offre ses belles-de-jour cajolées de brises joufflues.

    Tout autour d’elle chacun s’émeut ; le Mistral effleure ses cheveux,
    Le soleil colore ses joues, la terre lui offre des fleurs.
    Le beau rivage, fort écumeux, lui accorde tout ce qu’elle veut
    Même le plus cher des bijoux promis par un vent persiffleur.

    Mais de l’amour, elle n’en a cure durant le temps de sa nymphose
    Et la Nature peut tout tenter, la fille n’est pas intéressée.
    Maudite soit la sinécure de la dure métamorphose
    Que l’on pratique pour contenter l’envie d’amour controversée !

    Tableau de Jana Brike.

  • Chroniques de la fin du monde – 6

    Le complot félin

    Depuis, je crois, la nuit des temps, les chats attendent leur moment
    Pour éliminer concurrence notamment des chiens et des hommes
    Et jouir du pouvoir imputant de vivre comme dans les romans,
    Comme un prince dans l’opulence, marquis de carabas en somme.

    Ils garderont quelques humaines pour leur gratouiller le menton,
    Servir du poisson à toute heure et des croquettes à satiété.
    Ensuite au fil de la semaine, on verra matous et chatons
    Dormir au chaud dans les demeures et ronronner en société.

    Quand la nuit tous les chats sont gris, ils déambulent en noir et blanc
    Et se déguisent en croque-mort pour croquer Monsieur et Madame.
    Gare aux noctambules aigris qui rentrent chez eux en tremblant,
    Ils connaîtront un mauvais sort et une messe à Notre-Dame.

    Une fois leurs maîtres partis, évidemment les matous dansent
    Et quand leur race s’éteindra, fort aise les chats chanteront.
    Les souris au garden-party seront alors nombreuses et denses
    Pour leur servir entre les draps de concubines sans chaperon.

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  • Chroniques de la fin du monde – 5

    Après-demain les chiens

    Les chiens aboient, rien ne se passe… où sont passées les caravanes ?
    Au cimetière des vacances tuées par l’aéronautique
    Ou bien échappées dans l’espace, envoyées depuis La Havane,
    Avec toute une extravagance de prétentions astronautiques.

    Comment d’esclave de son chien à promener soir et matin
    Est-on parvenu à opter pour des animaux virtuels ?
    Mais n’en déplaise aux optichiens, le visuel n’a pas atteint
    Les beaux toutous à adopter mais le délire spirituel.

    Car on n’attache plus son chien au premier arbre sur la route
    Mais on le laisse aux petits soins des colis perdus dans la soute.
    Bergers allemands, autrichiens et setters anglais en déroute
    Se retrouvent dans le besoin de nouveaux maîtres dans le doute.

    Un jour un chien s’est rebellé, un autre chien a aboyé,
    Un vent de révolte a soufflé dans les chenils du monde entier.
    Truffes et derrières entremélés de reniflements plaidoyés
    Vous ont, humains, époustouflés afin que vous vous repentiez.

    Tableaux de GiveMeMood sur https:www.redbubble.compeopleGiveMeMoodexplore?page=1&sortOrder=recent .

  • La force de l’ordre

    La force de l’ordre

    Force immuable reste à la loi qui pare l’agressivité
    Des bêtes fauves affamées qui luttent pour rester en vie.
    Et le héros de bon aloi laisse son impulsivité
    Faire des gestes malfamés mais tolérés à mon avis.

    Mais vis-à-vis des prédateurs bien plus dangereux qu’un lion,
    La force de l’ordre défend le prédateur de ses victimes.
    Évidemment le spectateur qui voit la foule des trublions
    Manifester pour leurs enfants, les considère illégitimes.

    La force a du mal à comprendre que le lion a du mérite
    À vivre dans une réserve pour éviter qu’il n’en ressorte.
    La force devrait sans doute apprendre que la grandeur dont elle hérite
    Vient de l’État qui se préserve le bon droit dont il s’ réconforte.

    Illustration de Lorenzo Mattotti.

  • L’Escadrille du Mauvais Temps

    L’Escadrille du Mauvais Temps

    Les chemtrails, en réalité, sont produits par des avions
    Pilotés dans tous les pays par « l’Escadrille du Mauvais Temps »
    Mère Nature est alitée – depuis longtemps nous le savions –
    La Terre en est tout ébahie et le Soleil incompétent.

    Mais que s’est-il passé là-haut qui expliquerait cette anarchie ?
    Saint-Médard a-t-il renversé l’ordre des saisons établies ?
    Qui donc a semé le chaos et bousculé la hiérarchie ?
    Éole a-t-il tergiversé avec Zeus sur son établi ?

    Mais il faut bien que le tourisme devienne plus proliférant
    Et qu’on arrose les moutons qui viendront chercher le soleil
    Où ils feront du naturisme, les pieds dans l’eau, indifférents
    D’être conduits par des gloutons avides de blé et d’oseille.

    S’il pleut du lundi au dimanche, c’est que l’état a besoin d’eau
    Mise en bouteilles pour la revendre aux pays chauds. Quel subterfuge !
    Ceux qui se retroussent les manches dans ce business Eldorado
    Disent en se caressant le ventre : « Macache, après moi le déluge ! »

    Tableau de Hannah Silivonchyk.

  • Les jambes de la sirène

    Les jambes de la sirène
    Tous les avis sont partagés quant aux jambes de la sirène ;
    Andersen, au prix de sa voix, se la métamorphose ingambe ;
    Le cinéma la fait nager d’une queue conforme et sereine
    Qui, dès qu’elle emprunte la voie terrestre, elle se transforme en jambes.

    Sans doute les deux ont raison ce qui éclaire notre lanterne.
    Si les sirènes sont parmi nous ; certaines d’entre elles sont muettes ;
    Si d’autres restent à la maison, dans leur baignoire, elles se prosternent
    Tout en se méfiant des minous qui s’en pourlèchent la luette.

    Je n’en ai rencontré aucune, ni de muette ni de mutante ;
    Évidemment loin de la mer, le contact est plus hasardeux.
    Afin de combler mes lacunes, si l’une de vous est partante,
    Venez chez moi, chère chimère, j’ai l’eau courante et parle pour deux.

    Tableau de Hannah Silivonchyk.

  • Bernadette l’ermite

    Combien Bernadette s’ennuie toute seulette dans sa conque !
    Hélas les marins sont partis sans qu’elle ait su les retenir.
    Bien tristement quand vient la nuit, elle n’a toujours pas vu quiconque
    Lui donnerait de la répartie et qui pourrait lui convenir.

    Elle a transmis mille messages par poissons-postiers voyageurs
    Chargés d’adresser ses dépêches à quelque nouvelle amitié.
    Mais le quotidien ramassage n’a eu aucun effet majeur
    Sans doute en raison de la pêche inopinée des chalutiers.

    Un jour Bernadette, centenaire, regrettera d’avoir mangé
    Le prince charmant envoyé la sauver de sa solitude.
    Neptune, ce Dieu débonnaire, s’était avec lui arrangé
    Et avait su l’apitoyer comme il en avait l’habitude.

    Mais Bernadette est trop gourmande et après l’amour consommé
    A croqué son marin tout cru et tout est parti en quenouille.
    Malgré la divine réprimande et son repentir consumé,
    Elle s’est entichée – qui l’eut cru – d’un serpent et d’une grenouille.

    Illustrations de Quentin Grébant.

  • Lecture intime

    Lecture intime

    J’aime lire les parties intimes des histoires où se met à nu
    L’esprit pervers de l’héroïne qui joue à son corps défendant.
    J’adore ces moments ultimes où se fait baiser l’ingénue
    Qui finira sous l’égoïne de l’amant, bourreau cependant.

    Malheureusement il faut le dire, ce qui pimente le roman
    C’est le méchant évidemment à qui se prêtent nos fantasmes.
    L’état peut tout nous interdire mais quand on lit, c’est le moment
    Ou l’immoral s’en va damant le pion aux mœurs avec sarcasme.

    Dans les livres, les femmes sont nues de corps, d’esprit, d’âme et de cœur ;
    Si dans la vie elles sont complexes, dans les contes elles sont transparentes.
    Avec un rythme soutenu qui laisse à la fin le vainqueur
    Et sa partenaire perplexes d’une candeur désespérante.

    Tableau d’Albert Marquet.

  • L’ascension des vierges

    Comme une fois n’est pas coutume, jeudi verra son ascension
    De jeunes vierges encore pucelles directement au paradis.
    Avec moins que rien de costume puisqu’elles vont prendre pension
    À l’hôtel où l’on dépucelle les houris pour pas un radis.

    Car les saints sont en pénurie depuis qu’une minorité
    Pique les vierges à la douzaine et font ainsi grimper les prix.
    Aussi, sortez des écuries les pouliches sans maturité
    Durant une petite quinzaine de jours pour plaire au Saint-Esprit !

    Tableaux de Harry Holland sur https:kissforfarewell.tumblr.compost38991380154showslow-flying-nudes-paintings-by-harry .

  • Aventure en jaune sur fond azur

    Aventure en jaune sur fond azur

    L’histoire commence sans parole avec un rayon de citron
    Issu de l’aurore qui perce les ténèbres lapis-lazuli.
    Nicole, Charlotte ou Carole – plus tard, nous la reconnaîtrons –
    Vient prendre un bain où se dispersent quelques effluves de patchouli.

    Comme elle sait que je l’observe tous les matins de mon balcon
    Tentant en vain de reconnaître laquelle est celle des trois sœurs
    Dont la beauté vient de conserve avec une voix de falcon
    Chanter l’aubade à sa fenêtre pour me charmer de sa douceur.

    Hélas notre aventure en jaune qui se répète chaque jour
    Ne m’a pas permis de comprendre et c’est là ma faute commise.
    Alors je salue l’amazone qui chante avec tant de bravoure
    Mais dont je n’ai pas dû apprendre l’identité qui m’est promise.

    J’ai reçu des lunettes bleues, postées de la maison d’en face,
    Et je les porte ce matin au moment de la sérénade.
    Et je découvre – sacré bleu ! Que Cupidon me satisfasse ! –
    Ce n’est aucune des trois catins… mais leur mère qui fait sa parade.

    Tableau de Fabien Clesse.

  • Entrechattes

    La chatte, femelle animale, feint de jouer avec sa proie
    Par des assauts préliminaires en serrant sa queue dans ses griffes.
    Sans doute est-ce l’organe mâle, frétillant comme une lamproie,
    Dont le réflexe originaire date du premier escogriffe.

    Toujours est-il qu’elle l’attrape et la manœuvre en va-et-vient
    Comme un jouet qu’elle vient ficher dans sa mâchoire irrémissible.
    Pris au piège dans la chausse-trappe, la queue s’échappe et puis revient
    Comme un vulgaire godemichet d’une addiction irrésistible.

    Tableaux de Fabien Clesse.

  • Madame Seguin

    Madame Seguin

    Madame Seguin joue de malchance et de malheur avec ses chèvres
    Dont un libre arbitre jaloux leur fait grignoter le licou
    Pour aller avec nonchalance gambader avec tant de fièvre
    Qu’elles en oublient la peur du loup qui les trouve parfaites à son goût.

    Monsieur Seguin, vieux solitaire, vit en ermite dans la montagne
    D’un peu de pêche et de cueillette mais surtout de zoophilie.
    Pour ses besoins alimentaires et son appétence de compagnes,
    Il court, guilleret guillerette, avec chevrettes dans son lit.

    Madame Seguin se désespère de ne jamais avoir d’enfant ;
    Malgré ses tenues attirantes, son mari préfère ses bêtes.
    Alors elle cherche un autre père plus membré et plus triomphant
    Qui donnera à sa soupirante des marmots braillant à tue-tête.

    Tableau de John Tarahteeff sur https:www.artsy.netartistjohn-tarahteeff .

  • Jouer avec la nourriture

    Enfant, j’étais très inventif quoiqu’en douta mon géniteur
    Qui ne voyait dans mes projets qu’inepties et billevesées.
    Sans doute un désir intensif de mettre un tigre dans le moteur
    Que mon enfance a prorogé dans ma vie d’adulte avisé.

    La pâtisserie fut le tremplin de mes plus grandes découvertes ;
    Le chocolat m’offrait les pierres et le sucre donnait le ciment.
    J’y ai consacré à temps plein une carrière grande ouverte
    Qui met de l’art dans la soupière et du talent dans les piments.

    Je n’y connaissais rien en femmes mais j’approfondissais leurs bouches
    En appareillant un bateau de friandises vers Cythère.
    J’écartais les produits infâmes industriels plus ou moins louches
    Pour, cerise sur le gâteau, du bio cultivé sur mes terres.

    Car aujourd’hui dans ma cuisine, je joue avec mes ingrédients ;
    Mes légumes forment un train de rêve ; mes aromates, le carburant.
    Et j’y transporte ma voisine avec un vin l’expédiant
    Vers ma salle-à-manger sans trêve encore mieux qu’au restaurant.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Shiva rose des vents

    Shiva, rose des vents, sur la crête des vagues
    Oriente navires et oiseaux migrateurs ;
    Huit bras objectivants, aux doigts ornés de bagues,
    Afin que ne chavirent nefs et navigateurs.

    Shiva, à tour de bras tels huit vilebrequins
    Règle la circulation et les flux de tempêtes
    Où un marin sombra qu’elle sauva des requins
    Par gesticulations de coudées centripètes.

    Quand Shiva fait l’amour au cœur des océans,
    Ses ébats sont tornades, ouragans et tornades.
    Shiva en désamour ouvre un gouffre béant
    Et, nichée dans le fond, pleure à la cantonade.

    Tableau de William Mortensen.

  • Le Grand Chaperon Rouge

    Charles Perrault voulut écrire la suite du Petit Chaperon
    Avec une fille plus pubère et un loup bien plus authentique.
    Sitôt les enfants le proscrire malgré le rôle du bûcheron
    Car il ressemblait à Cerbère surgi d’un enfer psychotique.

    Parmi les adultes, en revanche, on apprécia l’animal
    Ainsi que la fille rebelle, sexy, pulpeuse et dévoyée.
    Il paraît même que le dimanche, dans les bois on voit tous ces mâles
    Courir à poil après la belle, hurlant à gorge déployée.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.