Catégorie : 2024

  • Le renouveau des Pâquis

    Comme une fois n’est pas coutume, cette année, les géants de Pâques
    Nous ont célébré un printemps de couleurs inhabituelles.
    Dès le matin, un beau costume de rayons de soleil opaques
    A orné leurs crânes suintants d’une impression spirituelle.

    Vers midi, on les vit verdir d’une eau qui couvrait leurs frimousses
    Et leur donnait l’air printanier, tous recouverts de jeunes pousses.
    Ils étaient cocasses, à vrai dire, avec le visage plein de mousse
    Dans un sourire chicanier et une grosse tignasse rousse.

    Le soir tout s’est un peu fané mais le ciel a contribué
    À perpétuer le souvenir de cette Pâque un peu spéciale.
    On les vit tous se pavaner, promettant de distribuer
    La même joie dans l’avenir qu’ils firent en ce moment crucial.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les œufs prisonniers

    C’est un p’tit poussin prisonnier qui m’a fait parvenir sa lettre
    Par un vaguemestre geôlier soudoyé je ne sais comment…
    C’était un p’tit œuf saisonnier qu’hier je m’étais fais remettre
    Par ce facteur épistolier qui ne parlait que l’ottoman.

    J’ai essayé de déchiffrer le premier œuf avec Google
    Mais perse, turc ou ottoman, pour moi c’est toujours du chinois.
    Lors j’ai maudit cet empiffré qui voulait se payer ma gueule
    Lorsque je vis à ce moment que de l’œuf sortait un minois.

    « Coucou ! » piaula-t-il en français – car il connaissait cette langue –
    « Je suis un p’tit poussin perdu qui enfin savoure sa victoire ! »
    Si, de comprendre, j’ai renoncé en sortant le Piaf de sa gangue,
    J’ai prié ma plume éperdue de narrer cette étrange histoire.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Les olympiades sexuelles

    Mettre au rancard les bouquinistes et déloger les étudiants
    A fait tellement couler d’encre que l’état a dû renoncer
    À bouger les protagonistes du sexe en les expédiant
    Là où les marins jettent l’ancre sur Quais de Seine défoncés.

    L’idée semblait bonne d’ailleurs de bien délasser nos athlètes
    Pour évacuer les tensions accumulées durant l’effort
    Et récompenser les meilleurs avec quelques jolies starlettes
    Dans une chambre en demi-pension sinon complète pour les plus forts.

    On ne sait qui des députés, des ministres ou du chef d’état,
    A bien pu émettre l’idée des jeux olympiques du sexe.
    Mais vu combien sont réputés avoir pratiqué sur le tas
    Les harcèlements validés, la question peut rendre perplexe.

    Illustration d’Alan Aldridge & Andy Warhol sur https://rockthebonnie.com/2021/02/21/andy-warhol-alan-aldridge-chelsea-girls .

  • Joe Paris Parade

    « Joe Paris », notre super-héros, bouleverse nos habitudes
    En nous promettant la folie d’une ridicule olympiade.
    Mais reprenons donc à zéro le récit de cette folitude
    Depuis la rue de Tivoli, ministère des Jérémiades :

    Exit les bouquinistes aux quais, le sport remplace la culture ;
    Exit les étudiants des Cités U réquisitionnées par l’état ;
    Les véhicules sont aux taquets car le trafic se restructure
    Pour laisser passer la cohue des touristes et des Lolitas.

    Mais qui est donc ce « Joe Paris » ? Habite-t-il à l’Élysée ?
    Vit-il à l’Hotel Matignon ? Loge-t-il à l’Hôtel-de-ville ?
    Si l’on mesure le gabarit des conneries réalisées
    C’est qu’le ridicule a pignon sur rue dans ce siècle servile.

    C’est « donner du pain et des jeux » à la nouvelle société
    Qui n’a de préoccupation que ses voyages et ses loisirs.
    Tout porte à croire que l’enjeu est de fournir à satiété
    Son addiction à la nation dont le cœur commence à moisir.

    Illustration d’Ugo Gattoni sur https://www.paris.fr/pages/une-fresque-spectaculaire-en-tete-d-affiche-des-jeux-de-paris-2024-26446
    et quelques restrictions sur https://web.supervan.fr/blog/jo-2024-le-guide-complet-des-interdictions-de-circulation-a-paris-et-en-ile-de-france-en-17-cartes .

  • La sirène et son doudou

    Pour rêver au marin dodu, la sirène serre son doudou
    Pour évoquer sa queue fluette avec la nageoire caudale.
    Mais elle l’a tant distordue que le poisson tout guilledou
    Nage pas trop comme il le souhaite, on dirait même qu’il pédale.

    Quand la sirène prend son bain car elle prend son bain voyez-vous
    Comme vous-même changez d’air faute de vous changer les idées.
    Il lui manque son chérubin ; alors son doudou se dévoue
    Et vient de façon solidaire et amoureuse la dérider.

    Depuis quelques temps on observe dans les mers chaudes équatoriales
    Des poissons qui tournent en rond, en cause leurs nageoires voilées.
    La science sous toute réserve pense à la trace mémoriale
    De traumatismes qui seront un jour ou l’autre dévoilés.

    Tableaux de Piero Schirinzi sur https://poramoralarte-exposito.blogspot.com/2018/11/piero-schirinzi_18.html .

  • L’art étrange de l’ethnologie

    Dans deux ou trois millions d’années, je me serai réincarné
    Dans la nouvelle créature dominante de la nature.
    Serai-je alors dédouané de continuer à m’acharner
    À rechercher ma nourriture et nourrir ma progéniture ?

    Je recommencerai l’histoire, peindrai des fresques sur les murs,
    Réinventerai l’écriture et ses instruments scolastiques.
    Puis mes descendants, c’est notoire, trouveront un bout de fémur
    Au milieu de la sépulture de mes animaux domestiques.

    Ils en déduiront sûrement que j’étais un hominidé
    Qui ne descendait pas du singe mais des canins ou des félins.
    Ils réfléchiront mûrement, puis me classeront canidé ;
    Une espèce dont les méninges avaient un côté chevalin.

    Illustration de Moebius.

  • À nu les vacances bien méritées !

    Pour éviter les attentats un peu partout sur la planète,
    Il nous suffirait d’embarquer comme notre maman nous a fait.
    Et par l’action des potentats qui rendraient le tourisme net
    De tout vêtement démarqué et du moindre petit effet.

    Première classe sans chemise, deuxième classe sans pantalon ;
    Plus besoin de contrôle poussé, à peine juste un doigt dans le cul.
    On pourra faire une remise à ceux qui n’ont ni mamelon,
    Ni poireau à peine émoussé s’ils n’en étaient pas convaincus.

    Dans le froid de nos métropoles, chacun s’habille chaudement ;
    Pendant ce temps aux antipodes, on court tout nu, y’a pas d’outrage.
    Ici, on montre un bout d’épaule, on entend des ronchonnements ;
    Là-bas, vive la nouvelle mode : Bodypainting et tatouage !

    Attendons-nous aux changements dont l’évolution est issue ;
    Une vague de naturisme va surgir avec frénésie,
    Proposer des appartements et résidences « sans tissu »
    Et indexer le voyeurisme comme condamnable hérésie.

    Illustrations de Peter de Seve sur https://tanjand.livejournal.com/108193.html#comments .

  • De mes rêves à ma réalité

    Je cauchemarde rarement mais rêve d’anges bien souvent ;
    Anges sans aile ni auréole mais aux attributs féminins.
    Aux cauchemars, les parements d’anges déchus mais émouvants
    Sont portés sur la gaudriole et vaudevilles léonins.

    Or lorsque je suis réveillé, je les soupçonne de s’accoupler ;
    Relations plurisexuelles dont je sens me percer les cornes.
    Traîtres, mes rêves émerveillés, fourbes cauchemars, s’il vous plaît,
    Mes obsessions complexuelles brisent mon cœur et puis l’écornent !

    J’ai rêvé d’un ménage à trois, mes songes tournent à l’obsession
    Et, que je les maîtrise ou pas, la nuit je retourne au charbon.
    Finalement très à l’étroit, mes fantasmes ont pris possession
    De tout mon être, mea culpa, et je vis mes rêves pour de bon.

    Tableau de Boris Vallejo sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2016/07/18/boris-vallejo-julie-bell/ .

  • L’amour, source de vie

    Passés les premiers crève-cœurs des premières neiges d’hiver,
    Qu’il est bon de se rapprocher de l’amour sauvage central !
    Il suffit de joindre deux cœurs selon les lois de l’univers
    Pour voir la chaleur s’accrocher aux deux âmes et leur corps astral.

    L’amour hiberne pour longtemps et c’est sa moindre qualité ;
    Il faut le temps de coucounner, de s’aimer et puis d’enfanter.
    Après c’est déjà le printemps ; l’heure est à la natalité
    Et, après avoir pouponné, viendra celle de déchanter.

    Déchanter, car c’est un humain et l’humain n’a pas de mémoire ;
    Alors les parents en automne sont peu à peu déboussolés.
    Les conseils donnés au gamin passent au travers de l’écumoire
    De l’ado qui se pelotonne dans son coin, l’air inconsolé.

    L’hiver enterre les grands-parents, les jeunes deviennent parents
    De mêmes sexes, ou différents, ou ni foufoune, ni zigounette.
    Quant aux enfants, c’est transparent, on est en plein flou apparent
    Entre tous les belligérants qui nous pourrissent la planète.

    Illustrations de JRSlattum sur https://www.deviantart.com/jrslattum/gallery/all .

  • Madame de Castelnaudary

    J’ai connu Madame du Barry – qu’on appelait aussi Comtesse –
    Quand elle, sans tambour ni trompette, a dû fuir la révolution.
    Cachée à Castelnaudary chez une sévère – mais juste – hôtesse
    Affublée d’une salopette comme dernière solution.

    La du Barry n’était pas sotte mais, travailleuse de surcroît,
    Elle éleva quelques cochons pour rentrer dans son personnage.
    D’ails, de poireaux en échalotes, au cours de mon chemin de croix,
    J’ai, du prestige berrichon, fait mon propre pèlerinage.

    Désormais je venais de loin pour son célèbre cassoulet,
    Terrines, pâtés du Berry et petits plats attentionnés.
    Dieu et le Diable me sont témoins que je m’y suis souvent saoulé
    D’un appétit fort aguerri et de papilles passionnées.

    Tableau de Daniel Merriam.

  • Rose-Mariana, le dernier souvenir qui me reste

    Une autre fois, j’ai reconnu Rose-Mariana presque nue
    Qui poussait son petit vélo comme si tout allait à vau-l’eau.
    Me paraissant désappointée, je m’suis permis de l’accointer
    Pour lui proposer mes services sans en encourir ses sévices.

    Elle ne portait plus son chapeau, n’avait presque rien sur la peau,
    Excepté un gilet sans manches enroulé autour de ses hanches.
    Elle prétendait avoir crevé et ne pouvait plus manœuvrer
    Or j’ai bien vu que sa bécane lui faisait le coup de la panne.

    Évidemment je l’ai suivie et ma léthargie s’ensuivit ;
    Comme la toute première fois, j’étais hypnotisé, ma foi.
    Je me rappelle sa silhouette poussant ainsi sa bicyclette,
    Mes yeux posés sur son bassin qui se déhanchait à dessein.

    Plus tard, regagnant mes pénates, j’ai pris une feuille blanche et mate
    Avec mes crayons de couleur pour y coucher dans la douleur
    La dernière image qui me reste de cette aventure un peu preste
    Qui me met, sens dessus-dessous, mes derniers souvenirs dissous.

    La photo, je ne sais pas mais le tableau est d’Igor Shulman.

  • Manette versus joysticks

    Si l’homme a une grosse manette, la femme a deux petits joysticks
    Qui lui occupent les deux mains là où l’homme n’en utilise qu’une.
    Cela explique sur la planète qu’au jeu de l’amour orgastique,
    Il est encore long le chemin pour satisfaire chacun chacune.

    En parlant du jeu de l’amour, y a-t-il vainqueur ou con vaincu ?
    Est-ce que les préliminaires sont moins cotés que les fantasmes ?
    Quand je veux faire un peu d’humour, je parle à l’arrêt de mon cul
    Qui aussitôt, en missionnaire, repart vers un nouvel orgasme.

    Sculpture de Qi Sheng Luo sur https://www.li-an.fr/zolies-images/sculpture-hyperrealiste-geek-qi-sheng-luo/ .

  • Rose-Mariana, je ne sais plus ce qui se passe

    Rose-Mariana joue double jeu, montre ses seins, cache ses yeux,
    Porte un triple collier d’épines serti d’une rose-aubépine.
    Elle est farouche et tout le monde la juge vulgaire et immonde
    Comme une sorcière un peu louche, mi sournoise, mi sainte-nitouche.

    On m’a averti : « Prenez garde ! Derrière son voile, elle vous regarde
    Et si vous croisez son regard, n’aurez droit à aucun égard !
    Si elle enlève son chapeau, c’est pour vous changer en crapaud
    Et si elle vous parle, courez donc sinon vous serez moribond ! »

    Évidemment un coup de vent, un jour que je passais devant,
    A fait s’envoler son chapeau, j’avais les nerfs à fleur de peau.
    Je l’ai rattrapé et tendu à l’ingénue, bien entendu,
    Qui, n’étant pas embarrassée, s’en est sitôt débarrassé.

    Elle me dit : « Je ne suis pas sage ! » Je réponds : « Je suis de passage ! »
    Elle me prie de l’accompagner en me remettant son panier…
    Après je ne me souviens plus si je lui ai plu ou bien déplu
    Mais je suis tombé en quenouille sans pour autant être grenouille.

    Tableaux d’Ina lukauskaite.

  • Le ticket gagnant

    Quand je pense à la fin du monde, il me faudra trouver le port
    Et un navire qui appareille pour le voyage dans l’au-delà.
    À la toute dernière seconde, j’aurai un titre de transport
    Trouvé sans doute dans l’oreille d’un chat en habit de gala.

    Parmi tous les billets d’accès au vaisseau interplanétaire
    Qui nous transportera ailleurs, il y a un billet gagnant
    Dont le prix sera surtaxé par les conventions monétaires
    Qui désigneront le convoyeur en chef et son rôle assignant.

    Personne ne le connaîtra, ce sera l’homme sans visage
    Ou la bonne femme anonyme qui dirigera en secret.
    Donc nul ne se compromettra dans un complot qu’on envisage
    À chaque fois que s’envenime la bonne entente consacrée.

    Si c’est un homme est-ce que sa femme tiendra sa langue suffisamment ?
    Si c’est une femme, c’est kif-kif pour la confidentialité…
    La solution, sans être infâme, serait de nommer savamment
    Un asexué sur notre esquif mais… bonjour la jovialité !

    (Collages Handiedan sur https://handiedan.com/digital-art.html .)

  • Le billet rose

    La question du sexe taraude quand on arrive au paradis :
    Quel sera notre partenaire durant toute une éternité ?
    Les petites vierges faraudes resteront-elles comme on l’a dit ?
    Une réponse bien débonnaire serait d’une opportunité.

    Bonne nouvelle pour les élus ! Toutes les vierges sont des hommes
    Car nous appartiendrons au sexe féminin, tous sans exception.
    Les anges promus au salut n’ayant, eux, aucun chromosome,
    Nous feront l’amour sans complexe sans besoin de contraception.

    Pour les femmes et les invertis, pas de changement au programme
    Mais pour les hommes quelle déception ! Personne ne l’avait prévu.
    N’avoir pas été avertis nous fait réaliser le drame
    Pressenti dès la conception du monde avec cette bévue.

    On nous donnera des billets roses en échange de nos services…
    Mais bon ! Après tout pourquoi pas… on ne sait jamais avec Dieu.
    Allez ! Quittez cet air morose ! Sans doute y aura-t-il un vice
    Et passer de vie à trépas sera plus miséricordieux !

    (Collage Handiedan sur https://handiedan.com/digital-art.html .)

  • Les billets d’or

    Comme c’est bientôt la fin du monde, il va falloir appareiller
    Pour n’importe où, on trouvera bien quelque chose dans l’espace ;
    Partout où l’homme vagabonde et où la femme saura veiller
    À sa famille qu’elle couvera et aimera quoi qu’il se passe.

    Évidemment c’est limité. Les places sont chères à gagner
    Et même très cher pour les riches et quant aux pauvres, on va trouver…
    Un stratagème bien imité voire un concours accompagné
    D’un grand jeu où l’on perd et triche, télévisé et approuvé.

    Supposons que nous sommes partis et que tout le monde est casé.
    Comme Noé, le patriarche, on groupera dans les cabines
    Des couples et, en contrepartie, les genres tri- et monophasés,
    Puis chacun vivra dans son arche à se regarder la trombine.

    (Collages Handiedan sur https://handiedan.com/digital-art.html .)

  • Les billets verts

    Au Paradis comment payer les soixante-douze vierges promises
    Et l’assurance-vie éternelle sera-t-elle prise en charge ou non ?
    Ces deux questions non étayées dans les écritures commises
    Sont importantes et solennelles car rien n’avancera sinon.

    Bien sûr, l’économie divine est l’une des voies insondables
    Que Dieu se réserve souvent quand c’est trop compliqué pour nous.
    Mais cela dit, je le devine, les vierges étant invendables,
    Elles seront parquées au couvent, les anges leur servant de nounous.

    Si la règle au Monopoly est de plumer ses adversaires,
    Je me demande quel objectif sera visé au Paradis !
    Bien malhonnête pour être poli paraît cet Éden de faussaire…
    Je penche pour un vol collectif (un viol ?) et nous n’aurons pas un radis !

    (Collages Handiedan sur https://handiedan.com/digital-art.html .)

  • Le nerf de la guerre

    Il est bon d’envoyer les jeunes au front protéger la patrie
    Tandis qu’à midi on déjeune parmi les gens de sa fratrie.
    Il est bon de faire confiance à notre grand chef des armées
    Qui traite avec insignifiance ceux qui voudraient nous alarmer.

    Il est bon d’huer l’ennemi qu’on nous livre dans les médias
    Car il ferait ami-ami avec le diable dans l’immédiat.
    Il est bon d’aller rabaisser les insoumis, les complotistes
    Qui veulent nous faire transgresser notre position égoïste.

    Il est bon de nourrir son roi avec l’argent de nos impôts
    Même s’il en fait payer l’octroi au risque d’y laisser sa peau.
    Il est bon de tonitruer tout ce qu’on nous a rabâché
    Et s’il faut d’aller se ruer aux rayons des supermarchés.

    Et si demain il y a la guerre, ce sera du chacun pour soi ;
    On l’a déjà vécu naguère, on le vivra quoiqu’il en soit
    Car la vie est une bataille où l’on mange ou l’on est mangé
    Pour autant que, vaille que vaille, soient tués tous les étrangers.

    Illustration de Yuliy Ganf sur https://www.lambiek.net/artists/g/ganf_yuliy.htm .

  • Il est content, le mouton !

    Il est content de voyager et savourer sa liberté ;
    Il est heureux de dépenser l’argent gagné au jour le jour ;
    Il est fier d’être avantagé sans se sentir déconcerté
    De voir sa vie référencée par l’état sur tout son parcours.

    Il est ravi d’être au courant de ce qui s’ passe sur sa planète ;
    Il se réjouit d’avoir élu un président sévère mais juste.
    Il se distrait en parcourant les réseaux de son intranet
    Et tant pis si cela pollue son environnement vétuste.

    Il est joyeux quand la télé lui fait avaler des couleuvres ;
    Heureusement il a le sport, les jeux sur tout autant de chaînes.
    Il est radieux de s’atteler à cotiser aux bonnes œuvres
    Et profiter dans les transports de son smartphone qui l’enchaîne.

    Il est confiant dans le système qui le protège des tempêtes
    Et de la misère qui règne dans d’inextricables nations.
    D’ailleurs pour briser l’anathème, il ira voir là où ça pète
    Lors des vacances qui s’astreignent d’y apporter la compassion.

    Bref, il est enchanté le mouton et va lui-même à l’abattoir
    Quand on lui dit de se piquer contre les mauvaises pensées
    Qui lui font dire qu’on le tond et qu’il n’a d’autre échappatoire
    Que d’accepter sans critiquer d’être bien mal récompensé.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Des jouets pour la sirène

    Comme un garçon dont les jouets grandissent avec le temps qui passe,
    La sirène devient exigeante en matière de godemichet.
    Si l’hippocampe est dévoué à lui flatter la carapace,
    Elle devient plus intransigeante quant à la taille du crochet.

    La pieuvre et ses huit tentacules arrive en tête du palmarès
    Fors l’étoile de mer qui dispose de cinq organes bien bandants.
    N’ayant pas peur du ridicule, parfois elle-même se caresse
    Tantôt lors du temps d’une pause ou plus, à son corps défendant.

    Puis vient toute une collection de coquillages bien nacrés
    Et de méduses urticantes qui lui chatouillent le clitoris
    Qui gonfle avec délectation sous les écailles échancrées
    Par les délices fornicantes qu’aurait fantasmées Osiris.

    Tableau de Sara Vastiares.

  • Un jouet pour la sirène

    La petite sirène méridionale	ne chérira jamais l’ours blanc
    Mais l’hippocampe des mers australes à la queue en tire-bouchon.
    La sirène septentrionale en utilise un ressemblant
    D’une manière théâtrale à un phoque à califourchon.

    Bien que les phoques n’aient pas de jambes, ils ont la nageoire caudale
    Qui donne aux petites sirènes un air de malice entendu.
    Il faut voir ces filles ingambes crier de toutes leurs amygdales
    Leur p’tit’ chansonnette sereine lorsque leur queue est bien tendue.

    Mais revenons à l’hippocampe également aphrodisiaque
    Dont la souplesse de l’appendice remporte la palme des sex-toys
    Car lorsque les marins décampent leurs engouements paradisiaques,
    Il faut bien qu’elles se dégourdissent de leurs petits poulains playboy.

    Illustration de Mila Marquis sur https://www.facebook.com/milamarquisillustration .

  • Flûte !

    Les temps sont durs pour les satyres, genre faunes et notamment Pan
    Qui doit jouer à la sauvette pour glaner sa maigre pitance.
    Les bonnes femmes qui l’attirent, par son emprise s’émancipant,
    L’ont astreint à faire la navette à Pôle Emploi pour pénitence.

    Lundi, corvée de balayage ; mardi, nettoyage des rues ;
    Mercredi les gardes d’enfants ; jeudi, les maisons de vieillesse ;
    Vendredi, jour de mareyage, il stocke et sale la morue
    Et le week-end, de l’olifan, il joue pour quêter quelques pièces.

    C’est cher payé quelques abus mais politiquement correct ;
    D’ailleurs il est logé, nourri, pas blanchi mais on le dépanne
    De l’amicale des barbus et des cornus par fonds directs
    Qui sont versés par les houris nostalgiques et nymphomanes.

    Illustration de Peter de Seve sur https://tanjand.livejournal.com/108193.html#comments .

  • Frontières illimitées

    La terre et l’eau, l’air et le feu, ne se rejoignent qu’à l’infini
    Et je pourrais marcher, voguer, voler toute une éternité
    Sans pouvoir exaucer le vœu d’atteindre ce point défini
    Comme frontière cataloguée d’inaccessible extrémité.

    Et maintenant si je projette sur les peuples en opposition
    Ce même point hypothétique qui est l’amour de son prochain,
    J’ai bien peur que tous ne rejettent l’impossible proposition
    De vivre une paix utopique ou seulement vivre en bon voisin.

    Les trois religions principales s’affrontent depuis la nuit des temps
    Alors qu’elles ont le même dieu, paradoxalement c’est trop fort !
    À moins que l’homme archétypal ne soit simplement compétent
    Que pour rendre l’univers odieux… comme triviale métaphore.

    Sans doute les hommes naissent-ils égaux en droit puis se débrouillent
    Tant bien que mal les uns les autres quitte à s’égarer en chemin.
    Que ne serais-je projectile, idée de Dieu, divine embrouille,
    Un faux prophète, un drôle d’apôtre appartenant au genre humain !

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Carpe diem et temps de chien

    À ceux qui sont pauvres de biens mais sont riches du temps qui passe,
    Qu’il est bon de vivre au présent sans s’inquiéter de l’avenir
    Et profiter au quotidien du confort de son propre espace
    Sans oublier l’omniprésent privilège de s’en souvenir !

    C’est pourquoi ma prochaine vie, je veux m’ réincarner en chat
    Qui se plaira à voir passer les chiens dehors par la fenêtre.
    J’attends donc de Dieu le devis pour vivre une vie de pacha
    Et je suis prêt à trépasser si j’ai l’occasion de renaître.

    À ceux qui sont riches de biens mais pauvres du temps de loisirs,
    Qu’il est dur par les mauvais temps de travailler à prospecter
    Pour gagner son pain quotidien sans toutefois pouvoir choisir
    Comment échapper pour autant à l’argent qu’il faut collecter !

    C’est pourquoi ma prochaine vie, je veux relire le contrat
    Et changer deux ou trois options pour habiter dans le seizième.
    Je ne saurais être ravi qu’à condition que mon mantra
    Me permette enfin l’adoption d’un mode de vie « carpe diem ».

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La grenouille qui se voulait encore plus grosse

    Il y a eu des antécédents comme ceux décrits par La Fontaine ;
    Une grenouille désirant devenir aussi grosse qu’un bœuf.
    Bien qu’elle crevât de l’excédent tout en courant la prétentaine,
    La tradition va s’étirant jusqu’à nos jours au gui l’an neuf.

    Nouvelle année, nouveau modèle, est désignée une championne
    Qui va tenter d’améliorer le score de ses précédentes.
    Et, comme de coutume fidèle à cette règle tatillonne,
    Elle a opté pour majorer une taille encore plus confondante.

    Tant et si bien qu’elle crève l’écran sur les réseaux et les médias
    Et qu’on ne parle plus que d’elle dans les bistrots et les chaumières.
    Tout cela l’a montée à cran ; elle brûle surtout dans l’immédiat
    Les deux mêmes bouts de la chandelle tout en agitant sa lumière.

    Illustrations d’Algorithmic Reality.

  • Tout ce que l’homme n’atteindra jamais

    Si la vitesse de la lumière impose sa limite à l’atome,
    Au niveau des rapports humains, une telle barrière se dresse.
    Ainsi la femme coutumière d’être inaccessible à son homme
    Se révèle après examen conforme aux lois de la tendresse.

    Pauvre petit explorateur, tu auras beau évoluer,
    Échapper à mon attraction pour jouer dans la cour solaire,
    Tu resteras réprobateur en refusant d’évaluer
    L’impact de l’émancipation de ta compagne au cœur stellaire !

    Illustration de Nicky Barkla sur https://www.deviantart.com/nickybarkla .

  • L’aile ou la cuisse ?

    Dans les maisons spécialisées dans la consommation de chair,
    On satisfaisait les gourmets en fonction de leurs appétits.
    Les produits commercialisés devaient convenir pour pas cher
    Et porter les hommes au sommet pour les sortir de l’apathie.

    J’imagine le chef proposer son beau gibier chassé la veille,
    Son arrivage de premier choix et, pourquoi pas, son plat du jour…
    L’aile ou la cuisse, il faut oser et quand on aime, on s’émerveille ;
    La chair la plus tendre qui soit est celle qui complaira toujours.

    Les Ziegfeld Follies sur https://lecomptoirdetitam.wordpress.com/2009/09/12/ziegfeld-folies .

  • La fleur inoubliable

    Lorsqu’elle retire sa robe,	son corps devient efflorescence,
    Corne d’abondance de charmes et d’ineffable vénusté.
    Tandis que mes jambes se dérobent, mes sens sont en effervescence,
    Mon cœur pousse son cri d’alarme, l’esprit s’éteint, tarabusté.

    Sans doute le baptême du puceau comme une deuxième naissance
    Avant le baptême de feu quand mon cœur brûlera d’amour.
    Tandis que frappent ses sursauts qui cognent à pleine puissance,
    Je prie Vénus de tous mes vœux de l’aimer jusqu’au petit jour.

    Lorsqu’elle m’a pris dans la main ma clef, glissée dans sa serrure,
    Me soufflant le mode d’emploi pour en déverrouiller l’extase,
    J’ai vu s’entrouvrir le chemin qui plonge au fond de sa fourrure,
    Qui rétrécit, puis se déploie vers une bombe d’épectase. †

    † Fait de mourir lors de l’orgasme.

    (Tableau de Jana Brike sur http://www.janabrike.com .)

  • Les amours mythiques

    Quand la sirène et le triton s’envoient en l’air, comment dit-on ?
    Une partie de queue dans l’eau ? Faire la bête à deux nageoires ?
    Nous sommes puceaux, de vrais thons, nous les terriens qui évitons
    De parler de nos libidos ni comment s’est peuplée l’histoire.

    À ce propos, comment Pégase fut-il conçu par ses parents ?
    Une femme prise par un centaure ? Sur la terre ferme ou dans les airs ?
    En mythologie, ça dégaze et les désirs sont transparents
    Entre les dieux procréators qui, nos femelles, fertilisèrent.

    (Tableaux de Boris Vallejo sur https://aphrodisiacart01.wordpress.com/2016/07/18/boris-vallejo-julie-bell/ .)

  • À la Voix Lactée


    Notre galaxie maternelle garde un œil toujours attentif
    Dont la pupille en entonnoir se développe à l’infini.
    Aussi petite que charnelle, soumise à cet œil préventif,
    L’âme attirée par son trou noir semble vivre en catimini.

    Mais la Voix Lactée m’a parlé et m’a révélé son secret :
    Ce que j’observe est l’intérieur de l’œil qui reçoit la lumière.
    Et commencèrent les pourparlers entre moi-même et le sacré
    Depuis ma rétine inférieure jusqu’à la vérité première.

    La vérité n’est absolue que si j’accepte l’impossible
    Et abandonne mes repères pour la dimension supérieure.
    La question ainsi résolue, je pourrai voir tous les possibles
    À travers l’œil d’un Dieu-le-père mais dans une vie ultérieure.

    Tableaux de Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • À l’enfant des étoiles

    Enfant, tu chériras la mère de tous les mondes habités
    Qui t’a conçu, qui t’a aimé, qui t’a nourri, valorisé.
    Enfant, de ta vie éphémère, tes acquis seront débités
    Dans tous les comptes essaimés que tu auras trésorisés.

    Un jour tu feras le grand saut, un jour tu tomberas de haut,
    Tu rencontreras des épreuves qui devront te faire avancer.
    Un jour tu briseras le sceau qui révélera tes idéaux
    Avec l’assurance de preuves irréfutables et annoncées.

    Alors tu iras en confiance emporté aux petits bonheurs
    Que tu trouveras en chemin comme des témoins silencieux.
    Tu laisseras l’insignifiance des biens matériels sans honneurs
    Car celui qui te tient la main, c’est toi-même, supercoquentieux.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • De la Voie Lactée

    Au commencement de la vie, il y eut une grande lumière
    Qui se condensa dans le sein d’un Dieu-Univers maternel
    Qui à ce stade en fut ravie et se plut à faire la première
    Constellation dont le dessein fut de devenir éternel.

    Mais l’éternité est mortelle selon les lois de la physique
    Alors la vie inventa l’âme pour se soustraire à la science.
    Mais l’âme pour être immortelle se devait de naître amnésique
    Afin de retrouver la flamme de son immuable conscience.

    Ainsi l’âme naît de l’amour, ce grand pouvoir de l’existence
    Dont tous les cœurs font un festin dans une allégresse divine.
    Y arriverons-nous un jour à franchir cette résistance
    À accepter notre destin pour revenir aux origines ?

    Tableaux de Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • De l’enfant des étoiles

    Le fœtus comme un cosmonaute, dans son placenta en scaphandre,
    Écouterait battre le cœur des étoiles qui l’ont créé.
    Une musique sans fausse note des anges prêts à le défendre,
    Qui le soignent comme un vainqueur du jeu de la vie agréé.

    Plus tard il scrutera le ciel, verra partout des coïncidences,
    Des formes de vie répétées, des arbres de vie récurrents.
    Il recherchera l’essentiel parmi toutes les incidences
    En sachant les interpréter voire même en s’y aventurant.

    Un jour c’est l’illumination ; il saisit un rai de lumière
    Et y découvre la signature de ses passages successifs.
    Il passe à l’élimination de toutes ses craintes premières
    En revêtant sa vraie nature d’éternel enfant progressif.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Marianne aime les menteurs

    Marianne aime les bonimenteurs et les menteurs de toutes sortes
    Dont le pédoncule s’apparente à Cyrano de Bergerac.
    Et plus il ment aux détenteurs de portefeuilles qu’il exhorte
    À investir et plus sa rente le fait bander comme matraque.

    En va-et-vient tantôt à droite, à gauche et réciproquement,
    Marianne jouit des mensonges surtout lorsqu’ils deviennent énormes.
    D’une façon assez adroite, elle écoute équivoquement,
    Notamment lorsque se prolonge chaque dépassement des normes.

    À force d’être ainsi baisée par tant de mensonges éhontés,
    Je me demande comment sera le successeur de l’étalon ?
    Soit elle sera apaisée pour plusieurs mandats affrontés,
    Soit ce sera un scélérat qui lui f’ra tourner les talons…
    ( variante: Soit ce sera la queue d’un rat, premier sinistre, dans les salons ).

    (Tableau de Ben Newman sur https://www.pictoa.com/albums/amazing-erotic-art-of-ben-newman-389504.html .)

  • Marianne en vacances

    Avec son ami polonais ou ukrainien… Qu’est-ce que j’en sais ?
    Marianne au bord de la Mer Noire se prélasse et prend son panard.
    Elle l’appelle son p’tit cochonnet, je crois qu’ils seraient fiancés…
    Quoiqu’il en soit, dans sa baignoire, pas besoin de petit canard.

    Si sur les plages naturistes, vous voyiez leurs corps allongés,
    Vous ne sauriez les reconnaître tant ils échappent à leurs légendes :
    Lui et son sexe miniaturiste, présomptueux et mensonger ;
    Elle et l’enfant promis à naître de leurs parties entre les jambes.

    Je ne sais pas qui baise l’autre… ou sont-ils à égalité ?
    Par contre il faudrait être aveugle car c’est nous qui payons plein pot.
    En attendant, tous deux se vautrent dans la pure illégalité
    Tout en laissant au petit peuple le soin de payer ses impôts.

    Tableau de Ryszard Kaja sur https://polishpostergallery.com/gallery/?q=Kaja_Ryszard .

  • Les sirènes noires

    Certaines sirènes aux queues noires auraient été entraperçues
    Entre les eaux claires des tropiques du Capricorne et du Cancer.
    Comme il faut le voir pour le croire, un budget a été perçu
    Auprès des banques philanthropiques pour allouer des émissaires.

    Ainsi plusieurs observateurs ont recueilli toutes les preuves
    Qui en démontrent l’existence au grand dam de l’Évolution.
    Certains clichés révélateurs parmi les meilleures épreuves
    Ont signalé la consistance des noires circonvolutions.

    Charles Darwin a négligé la branche des femmes-poissons ;
    Aussi il paraît difficile de classer les sirènes noires.
    Malgré les avis mitigés, les chercheurs ont fait la moisson
    De documents assez faciles à prouver toute cette histoire.

    1ère image : photo de Roberto Manetta sur https://www.artphotolimited.com/galerie-photo/roberto-manetta censurée par Facebook à sa parution ;
    2ème image : Tableau de Rowena.

  • Les sirènes amazones

    Si minuscules qu’elles échappent aux photographes d’hippocampes
    Qui oublient de noter la selle et les étriers du coursier.
    En effet, elles rient sous cape lorsqu’elles aperçoivent que décampent
    Ceux qui ne voient pas qu’elles excellent par l’équitation initiées.

    Ce sont les sirènes amazones moins connues que leurs homologues
    Mais qui rivalisent d’audace dans la chasse aux poissons divins
    Car elles enrichissent la faune marine de faits analogues
    À ce que nos nemrods fadasses se racontent en buvant leur vin.

    Tableaux de Sue Halstenberg et de Nadine Pau.

  • Femme ikéale

    Dans le labyrinthe IKEA, ce jour-là m’étant égaré,
    J’ai cheminé maintes journées dans ses dédales, comme il se doit.
    J’avoue être resté béat devant les couloirs bigarrés
    Et, pour tenir, j’ai enfourné quelques délices suédois.

    C’est en arrivant au sous-sol, après quarante jours d’errance,
    Que j’atteignis le rayon « femmes » de races pures ou bien métisses.
    J’ai pris leur modèle KÖNSOL, celui en rose de garance,
    Et sorti du carton la dame dont j’ai parcouru la notice.

    « Commencez par monter les cuisses » … encore faut-il que je le puisse ;
    « Attachez le tronc au bassin « … faut-il en comprendre le dessin ;
    « Reliez les bras et les mains » … pas si facile pour un humain ;
    « Enfin connectez-y la tête » … c’est un véritable casse-tête !

    Une fois la femme assemblée, son système se paramètre,
    Puis les dernières mises à jour faites, elle vous demande votre adresse.
    Une fois donnée, il m’a semblé qu’elle venait de trouver son maître
    Mais au contraire, ce fut ma fête puisqu’elle devint lors ma maîtresse.

    Illustration de Yintion J-Jiang Geping sur https://www.artstation.com/artwork/WKyybD .

  • Filles aux belles saisons

    Lorsque les filles sont au printemps, j’admire alors ces jeunes pousses
    Qui empourprent les jolies bouches et qui rougissent sur les joues,
    Qui s’épanouissent à plein temps dans des couleurs toujours si douces
    Et qui s’allongent sur ma couche pour m’en faire goûter leur bijou.

    Lorsque les filles sont en fleurs, je ne sais plus où regarder,
    Compter le nombre de boutons à déflorer des aubépines,
    Du bout de mes doigts qui affleurent chaque primevère à farder,
    Et promener l’œil trop glouton sur les fruits mûrs et sans épine.

    Lorsque les filles sont en automne après les vendanges tardives,
    J’ai grand plaisir à recueillir les feuilles mortes dans mon herbier
    Sur lequel je me pelotonne par les parfums qui récidivent
    Dans mes rêves afin d’accueillir la branche tendre de l’aubier.

    Tableau de Tetyana Erhart.

  • Nés de la mer et de l’air

    Puisque je suis né de la mer et que j’ai grandi au grand air,
    L’eau serait le sang de ma mère qui sustente et nourrit la Terre.
    La Terre, jusqu’à présent prospère, m’a tout donné en abondance
    Par le feu du Soleil, mon père, qui veille sur sa descendance.

    Maintenant que j’ai renié les quatre éléments initiaux,
    La Terre, le feu, l’air et l’eau pour le modèle standard quantique,
    Que j’ai remisé au grenier tous mes acquis interraciaux,
    Quel est dans ce méli-mélo la prochaine étape authentique ?

    Sans doute survivre au chaos qui s’accumule sur ma route,
    Ranimer toutes les mémoires de ceux qui m’ont donné la vie,
    Puis réparer tous les cahots qui me mettent encore en déroute
    Et arrêter mes idées noires qui tournent et tournent à l’envi.

    Tableau de Vladimir Golub.

  • Nés de la terre et du feu

    Rien ne se perd, rien ne se crée et rien n’existe sur la Terre
    Qui ne soit né et de sa mère et du lien ininterrompu
    De cette dimension sacrée, source de vie alimentaire,
    Collier d’existences éphémères qui ne sera jamais rompu.

    Jamais rompu ? Je vous l’accorde, rien ne le garantit vraiment.
    Est-ce que le feu s’éteindra à la fin de l’éternité ?
    L’espace tirera-t-il la corde du temps sans casser son gréement ?
    Est-ce qu’un jour l’âme détiendra la connaissance illimitée ?

    Sans doute le feu de la foi, dont l’amour nourrit notre cœur,
    Représente l’espoir nécessaire instinctif à tout être humain
    Et aux animaux toutefois, même si c’est à contrecœur
    Que je les mange, soyons sincère, tout en poursuivant mon chemin.

    Tableau de Vladimir Golub.

  • Des larmes de sang

    La liberté pour les oiseaux leur ouvre toutes les frontières
    Et autorise une vue d’ensemble sur nos différentes nations.
    Ils ont inventé les réseaux avant les voies autoroutières
    De notre internet qui ressemble à une pâle imitation.

    À la demande du président Mao Zedong, les paysans
    Exterminèrent les moineaux déclarés espèces nuisibles.
    Le déséquilibre évident écologique et défrisant
    Provoqua chez ces paranos une famine imprévisible. †

    Ainsi si nous continuons à limiter la migration,
    À bouleverser la nature et massacrer les animaux,
    Ensemble nous nous condamnons à une grande dénigration
    De notre destinée future et ses désastres maximaux.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_des_quatre_nuisibles

    (Tableau d’Audra Auclair.)

  • Le Soleil, la Lune, l’Étoile, la Femme, etc.

    Parfois j’imagine la bible écrite par un agnostique
    Qui dès la première ligne butte sur cet « au commencement Dieu… »
    Bien sûr, il se trompe de cible car aussitôt il diagnostique
    Qu’avec un tel thème qui débute, tout le reste sera fastidieux !

    Déjà « au commencement Dieu ! »…, il commence à s’interroger
    Sur la raison existentielle de commencer à créer Dieu !
    Mais c’est trop tard pour dire adieu et pas moyen d’y déroger
    À moins d’une idée démentielle qui ne fasse pas trop dispendieux.

    Heureusement – trait de génie ! – Dieu nous éclaire la lanterne
    Avec le Soleil et la Lune, les étoiles et les luminaires.
    Puis vient la création bénie d’Adam, puis Ève qui le consterne
    Avec sa rage inopportune d’être la seule décisionnaire…

    Lucifer ou l’ange déchu n’est que « roupie de sansonnet »
    Car à peine le premier chapitre, c’est déjà du n’importe quoi.
    Enfin bref, tout n’est pas fichu et l’athée pourra claironner
    Que celui qui croit n’est qu’un pitre lié à un credo adéquat.

    Tableau de Karel Thole.

  • Super-féline entre félines

    Super-femelle aux yeux de chatte et de la race des félines,
    Il est une femme qui vous dévore le corps, le cœur et la raison.
    Cette prédatrice délicate, autant charmeuse que câline,
    Reste une source énergivore aux fantasmes sans comparaison.

    Dotée d’un appétit de loup, doublé de la force d’un lion,
    La puissance d’une tigresse, les oreilles et la peau du lynx,
    Après l’amour, pas de jaloux, le cœur sanglant du trublion
    Est descendu par cette ogresse directement par le larynx.

    Si vous trouvez sa chair pulpeuse, ses lèvres goûteuses à souhait,
    Ses seins dodus et savoureux et ses fesses appétissantes,
    C’est là l’erreur la plus dupeuse à laquelle le corps s’est voué
    À, par son amour langoureux, devenir manne nourrissante.

    (Tableau de Karl Bang sur http://franz1236532.blogspot.com/2014/11/karl-bang-karl-bang-painting.html .)

  • Les flammes pourfendeuses

    Lorsque l’image reste muette, sans me parler entre les lignes,
    J’envoie mes piques pour creuser et l’explorer en profondeur.
    Alors ma muse se fait fluette pour esquiver les plus malignes
    De mes requêtes empesées d’émissaires les plus pourfendeurs.

    Selon la partie de son corps que l’une de mes flammes embroche,
    J’en ressens toute la teneur qui au petit bonheur m’échoit.
    Alors apparaît le décor qui s’éclaircit à mon approche
    Et je me fais l’entrepreneur d’une intrigue de premier choix.

    Lorsque je transperce sa cuisse, l’amour attise mes ardeurs
    De tout son parfum érotique qui sera toujours bienvenu.
    Mais afin que le lecteur puisse être entraîné dans le quart d’heure,
    J’ajoute la touche exotique d’une vahiné aux seins nus.

    Illustration de Sam Hogg sur https://www.artstation.com/artwork/wJEyVL .

  • Au cœur des étoiles – 2

    Un jour je quitterai ce corps qui retournera à la terre ;
    Ma vie sera délimitée un peu comme un très long métrage.
    Existerait-il un raccord dont jouirait un dieu légataire
    Avec des droits illimités concernant son propre arbitrage ?

    J’imagine une gardienne d’âmes qui collectionne chaque vie
    Dont elle capte la substance une fois son contrat échu.
    Une très grande et jolie dame qui assurerait le suivi
    Et l’entretien des existences fors le tri des anges déchus.

    Mon ADN étiquetée comme un code-barre complexe
    Scanné dans le sein de ma mère, sans doute déjà enregistré,
    Indique ma rétiveté lorsque je me montre perplexe
    Ainsi que mes pensées amères afin de les administrer.

    Va-t-elle tirer le meilleur de moi-même pour le conserver
    Et développer ses tanins pour l’affiner encore une fois ?
    Me voici reparti ailleurs comme cobaye à observer
    Dans un nouveau corps féminin pour tester encore ma foi !

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Au cœur des étoiles – 1

    Étrangement le feu du ciel, l’air et la terre
    Ont occasionné l’eau qui a donné naissance
    À la vie sur la Terre, d’abord élémentaire,
    Qui a évolué en toute connaissance.

    Les formes naturelles du monde minéral
    Se retrouvent empreintes au monde végétal
    Qui nourrit l’animal par l’apport céréal
    Qui sustente l’humain par son lien génital.

    Et la femme à son tour un jour devient enceinte
    Et l’univers recrée en son sein son histoire.
    Mille milliards d’étoiles dans la cellule sainte
    Se fondent dans le cœur de l’enfant transitoire.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Du cœur des étoiles – 2

    Je peux comprendre que mes atomes sont forgés au cœur des étoiles ;
    Je peux comprendre que ma vie est entretissée d’énergies ;
    Quant à comprendre les fantômes des défunts qui mettent les voiles,
    J’ai peine à saisir la survie des faisceaux d’âmes en synergie.

    « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! » dit Lavoisier.
    Tout serait cycles sur la Terre et révolutions dans l’espace.
    Si tout se produit en secret est-ce pour que vous vous pavoisiez
    À croire en un dieu salutaire pour expliquer ce qui se passe ?

    Que les atomes savent-ils de leur destin moléculaire ?
    Que les cellules savent-elles de leur destination finale ?
    Sans doute suis-je versatile et mes réflexions spéculaires
    Issues d’idées accidentelles qui cherchent l’âme originale.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Du cœur des étoiles – 1

    Étrangement il est un monde où la lumière fait frontière ;
    On y vit dans l’immatériel, on y meurt afin de renaître.
    Là-bas les dieux tissent des ondes de prototypes de matière
    Pour un destin caractériel où nous allons nous reconnaître :

    Aussitôt atteint les confins, naît la substance dans un éclair
    Qui fabrique étoiles et planètes dont quelques-unes seront fécondes
    Et réitèreront sans fin à l’aide du feu et de l’air
    Mêlés à la terre jeunette la proto-mère rubiconde.

    Quelques millions d’années encore pour sculpter les formes de vie
    Après de multiples expériences dans une biosphère amène
    Où se creusent au pied des accores d’une mer fertile et ravie
    Des enfants dont la variance procréera la nature humaine.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https://arts.center/uk/OlegShupliak .

  • Les sénateurs

    Dieu a créé les sénateurs pour on ne sait quelle raison ;
    Sans doute mettre à la retraite les vieux ministres à propension.
    Sans se montrer blasphémateurs à tenter la comparaison,
    Ils ont peur que ne soit soustraite cette faveur de leur pension.

    Pas d’Ehpad pas plus que d’hospice pour tous nos anciens dirigeants
    Mais les bras tendus de Morphée à la chambre des sénateurs
    Où, dès franchi le frontispice du grand palais Luxembourgeant,
    Ils gagneront comme trophée un grand sommeil réparateur.

    Dormez, mourrez, mais par pitié, cessez de jouer des manettes
    Comme si après le « Game Over », il y avait des parties gratuites
    Et que vous vous précipitiez vers cette nécropole pas nette
    Même si vous vous croyez sauveurs de cette institution fortuite !

    Tableau de Thomas Hans.