Catégorie : 2024

  • Ne tournons pas autour du pot

    Ne tournons pas autour du pot

    Il faut aller à l’essentiel, ne tournons pas autour du pot ;
    Circonvolutions trop nombreuses nuisent au sujet et au style.
    Le contenu circonstanciel qui met les nerfs à fleur de peau
    Doit sortir des voies ténébreuses de tout superflu inutile.

    Une femme nue devant sa table ? Entrons direct dans l’érotisme !
    Une plante verte dans un pot ? C’est bucolique et c’est bohème !
    Une pipe en écume véritable ? On navigue dans l’exotisme !
    Les trois ensemble, fort à propos, servent à illustrer mon poème.

    La métaphore est indirecte mais l’effet doit être immédiat
    Comme une femme nue qui entre au milieu d’une foule en transe.
    J’aime la manière directe que j’apprécie dans les médias
    Lorsque le loup sort de son antre, juste, efficace et sans outrance.

    Tableau de Carl Larsson.

  • Escapades nocturnes

    Juste au moment de succomber au sommeil longtemps recherché,
    La nuit m’ouvre son univers mais ma raison reste en arrière ;
    Sans doute a-t-elle peur de tomber de sa position haut perchée
    Dans la nuée des faits divers des rêves qui lui font barrière.

    Tant pis si la raison résiste. L’âme et le cœur iront ensemble
    Au sommet de leurs espérances et pourront voir l’autre côté.
    Tant mieux si, au réveil, persiste un passe-partout qui ressemble
    À la fin du temps d’une errance et ses voies tarabiscotées.

    Tel Orphée sortant Eurydice des enfers qui l’ont séquestrée,
    Je ne regarde pas en arrière et je vais jusqu’au bout du rêve.
    Je n’connais aucun préjudice car tout y est bien orchestré
    Et nul ne ruine ma carrière en me lançant des « marche ou crève ! »

    La vie qui me reste est trop brève pour couvrir tous les corridors
    Des vérités les plus plausibles aux quêtes inassouvissables.
    On ne meurt jamais dans un rêve mais on peut mourir quand on dort ;
    On dit que c’est la mort paisible vers un monde indéfinissable.

    Tableaux de Jeremy Lipking.

  • La mode au paradis

    La mode au paradis

    Quand irons-nous au Paradis comment donc nous vêtirons-nous ?
    Un vêtement blanc, une tunique ? Un nimbe d’or, une couronne
    Ou un costume de comédie, un uniforme choupinou
    Prévu pour un spectacle unique de danses soufis isochrones ?

    Vivre toute une éternité, toujours dans la même tenue,
    Sera sacrément monotone ; Dieu ne peut pas nous faire cela !
    J’espère que la modernité avec ses fringues saugrenues
    N’aura d’influence qui détonne envers mes rêves d’au-delà !

    Ceux qui sont pour la transparence porteront l’aube translucide
    Et ceux qui cachent quelque chose, une robe opaque convenue.
    Mais quelle qu’en soit l’apparence, si je redeviens plus lucide,
    J’aspire à la métamorphose des hommes et femmes en anges nus.

    Photo de Spencer Tunick sur https:www.theguardian.comartanddesigngallery2022sep10the-naked-ambition-of-spencer-tunick-in-pictures .

  • Camille en corrélations

    Comme de coutume, le lundi, Camille à l’Opera Mundi
    Passe son temps en conférences, avec respect et déférence,
    À parler des choses du monde, autant agréables qu’immondes…
    Bref toutes les informations qui réclament son attention.

    Quant au reste de la semaine, elle est aux relations humaines ;
    Communications personnelles et attaches professionnelles.
    Entre théorie et pratique, correspondances médiatiques…
    Bref toutes les reconnaissances acquises depuis sa naissance.

    Heureusement le samedi, viennent loisirs et comédies ;
    Ce soir on va à l’Opéra ou bien au théâtre, on verra !
    Après elle va s’encanailler, elle a le cœur à chamailler…
    Bref ce soir Camille se lâche, samedi soir, on fait relâche.

    Que fait Camille le dimanche ? Elle va danser, elle se déhanche ;
    Thé dansant, salsa et tango, danses exotiques ou fandango.
    Dans les dancings festivaliers, elle choisit son cavalier…
    Bref Camille l’intellectuelle passe aux relations sexuelles.

    Tableaux d’Igor Bondarenko.

  • La chambre noire de lumière

    La chambre noire de lumière

    De retour dans sa chambre obscure éclairée par ses souvenirs,
    Vincent projetait les images qu’il avait perçues aujourd’hui.
    De gloire, il n’en avait cure car il savait qu’à l’avenir
    Le monde lui rendrait hommage sur tout ce qu’il avait produit.

    En attendant jusqu’à sa mort, il baguenaude en solitaire,
    Semant ses graines impressionnistes dans ses champs de blés encadrés.
    Il agit comme un matamore parcourant autour de la Terre
    La nature exhibitionniste aux couleurs qu’elle a engendrées.

    Il n’est pas mort, il dort derrière ses champs de tournesols dorés ;
    Il ne dort pas, il veille encore sur les étoiles en dévotion ;
    Il est reparti en arrière dans les ruelles décorées
    Trouver le ton qui édulcore la couleur de ses émotions.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’amertume impressionnante

    L’amertume impressionnante

    Trois soleils d’or illuminaient le crépuscule impressionniste
    Car Vincent ne voyait pas trois mais quatre, cinq et six dimensions.
    Quant aux couleurs qui dominaient, elles étaient opportunistes
    Pour passer par le filtre étroit dont son cœur a la prétention.

    Prétention de voir au-delà du paysage instantané
    Et de percevoir à travers le rideau de réalité.
    Orgueil d’entendre a capella le chœur d’étoiles spontané
    Qui chante le monde à l’envers dans toute sa sensualité.

    Du corps resté sur le ponton, du cœur voguant à l’horizon,
    De l’âme au-delà de la mer, il a l’esprit de ses treize ans.
    La bouche pleine de plancton, l’œil évadé de sa prison
    Et le nez dans le vent amer, il goûte le moment présent.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Numériquement femme

    « J’en ai rêvé, Sony l’a fait » disait une publicité
    Promettant de réaliser l’un de nos rêves les plus chers.
    Mais ils étaient trop imparfaits car n’étant que duplicité
    De jouets idéalisés manquant de substance et de chair.

    Depuis je rêve de robots, d’intelligence artificielle,
    De partenaire programmée au code du Kâmasûtra.
    Prévert disait que « c’est trop beau pour être vrai » mais grâce au ciel
    « L’amour sentira le cramé » ainsi parlait Zarathoustra. †

    Quand viendra la femme numérique, son premier geste spontané
    Sera de virer la version obsolète et la remplacer
    Par celle d’un mâle générique remplaçable et instantané
    Qu’on range à la moindre aversion pour une remarque déplacée

    † Contrairement aux 2 premières citations, je ne suis pas sûr de la 3ème mais cela m’arrangerait bien.

  • Peau de café

    À la fois chaude et envoûtante, j’aime tant l’odeur de sa peau
    Que j’en abuse dans son lit à m’en électriser les nerfs.
    Tellement rare et déroutante que j’en perds même le repos
    À trop humer à la folie son arôme extraordinaire.

    À la fois douce, sucrée, amère, j’aime tant goûter sa saveur
    Que je m’enivre de son corps jusqu’à l’overdose des sens.
    Un préliminaire éphémère suffit à briguer ses faveurs
    Qui m’accordent encore et encor un orgasme de toute puissance.

    À la fois visuelle et tactile, j’aime toucher avec les yeux
    La robe brune de sa chair et l’observer avec mes doigts.
    Protubérance rétractile et orifices délicieux
    Exauce mon vœu le plus cher de la chérir comme il se doit.

    Tableaux de Wendy Artin.

  • Quand tout va à vau-l’eau

    Quand tout va à vau-l'eau

    Marianne au pot-au-lait cassé voit tous ses espoirs renversés.
    Adieu les vaches et les cochons, adieu retraites complémentaires !
    Comment cela s’est-il passé malgré tous les rêves versés
    Dans l’assurance dont le bouchon était prédit sacramentaire ?

    Pourtant tant va la cruche à l’eau qu’il est normal qu’elle se casse !
    Faire provision de prévisions et présomption de prétentions
    Nous a entrainés à vau-l’eau jusqu’à fendre la carapace,
    Par le miroir aux illusions, d’une république sous tension.

    À défaut d’s’en laver les mains, elle pourra prendre un bain de pied ;
    D’un bain de lait, un bain de boue et toutes sortes d’analogies.
    Mais elle recommencera demain d’autres projets comme il lui sied ;
    Bon pied, bon œil, toujours debout pour jouer dans la démagogie.

    Tableau de Pablo Amorsolo.

  • Ils croiront même être sauvés !

    Ils croiront même être sauvés !

    « Il n’y aura plus jamais de guerre, plus jamais ne coulera le sang ! »
    Ont dit à la Libération les pays membres de l’OTAN.
    Pourtant depuis il n’y a guère de jours qui ne s’écoulent sans
    Conflits et exaspérations entre-z-états omnipotents.

    On crée l’ennemi invisible qu’on ne pourra jamais nommer
    Répandant des épidémies parmi les jeunes et les anciens
    Qui ont peur d’un imprévisible virus que l’on craint d’assumer
    Comme une Saint-Barthélemy où seul Dieu connaîtrait les siens.

    L’état promet de vacciner ces maladies conjoncturelles ;
    Il nous inocule un produit qui nous délivre un droit d’accès
    Mais c’est pour mieux assassiner nos propres défenses naturelles
    Et préparer dès aujourd’hui un nouvel ordre avec succès.

    Heureux qui arbore bien en vue son précieux passe sanitaire !
    Heureux qui veut sa liberté d’aller là où on le conduit !
    Heureux qui craint les imprévus de l’avenir humanitaire !
    Honnis soient ceux qui ont déserté le nouvel esclavage induit !

    Illustration de Maxime Mo.

  • La sirène polluée

    La sirène polluée

    Que les sirènes soient en voie de disparition fait dilemme ;
    On doutait de leur existence, voilà qu’il faut les protéger !
    C’est pourquoi l’on entend des voix monter des eaux à l’heure même
    Où l’on subit les conséquences de la pollution agrégée.

    La mer, devenue la poubelle des êtres humains, va se venger
    En nous recrachant sur les côtes tout ce qu’ils y ont balancé
    La fameuse sirène Arabelle va repousser les étrangers
    Qui ont commis toutes ces fautes et ne font que recommencer.

    Avec la Marine Abyssale et son armée de cachalots,
    Ils vont renvoyer les déchets et les remonter des rivières,
    Puis établir des succursales un peu partout au fil de l’eau
    Pour dégueuler par les brochets notre merde jusqu’en Bavière.

    Vendredi treize, pas de chance ! Toutes les rivières ont débordé
    À cause des pluies abondantes, même un peu trop pour la saison.
    Pour Arabelle, il y a urgence ! Toutes ses troupes vont aborder
    Chargées d’épaves incommodantes à verser devant vos maisons.

    Tableau de Waldemar von Kozak.

  • La Selkie « Peau-de-phoque »

    La Selkie « Peau-de-phoque »

    Revêtue d’une peau de phoque dont le crâne faisait son bonnet,
    Une Selkie sortit des eaux en s’accrochant même à ma barque.
    De toutes mes rencontres loufoques auxquelles j’étais abonné,
    Celle-ci entrait dans le réseau des grands succès du cirque Hipparque.

    Car je suis souvent dans la Lune et reçois beaucoup de visites
    De séductrices chimériques selon mon imagination.
    Sirènes, filles de Neptune et créatures composites
    Appartiennent à mon homérique exigence en divination.

    Ses yeux de chien-de-mer battu lui donnaient un air de guerrière
    Et son sourire trahissait sa propre envie de copiner.
    Sans m’être un instant débattu, je l’ai laissée monter derrière
    Tandis que je me hérissais de ce fantasme inopiné.

    Et comme nous sommes vendredi treize, méfiez-vous car c’est le jour
    Où elle sort pour tenter sa chance parmi les beaux marins hardis.
    Restez chez vous avec Thérèse – ou tout autre prénom de l’amour –
    Accordez-lui ses exigences et, si possible, jusqu’à mardi !

    (Tableau de Marco Gonzales ;
    Les Selkies sont des créatures mythologiques que l’on trouve dans le folklore des îles Féroé, de l’Islande, de l’Irlande et de l’Écosse.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’émancipation du petit chaperon rouge

    L’émancipation du petit chaperon rouge

    Lorsqu’elle ouvrit son chaperon, les seins surgirent turgescents
    Et son corps sous l’étoffe rêche put respirer, les fesses à l’air.
    Sans le vicieux loup fanfaron aussi lubrique qu’indécent,
    La fille plongea dans l’eau fraîche sous la bénédiction solaire.

    Nourrie de petits pots de beurre, d’une peau laiteuse à souhait,
    Elle goûta d’être nymphe blanche, grande sans-culotte des forêts.
    Charles Perrault, vieux regimbeur, l’aurait dès lors désavouée
    De peur que l’ingénue ne déclenche d’autres envies à déflorer.

    On ne parle pas dans les contes de ce qu’on porte sous les robes ;
    Cendrillon, Peau d’âne et bien d’autres ne portaient nul sous-vêtement.
    Quant à Blanche-Neige, on raconte que la probité se dérobe,
    Quand les nains dans son lit se vautrent avec prestes halètements.

    Illustration de Frank Frazetta sur https:markboyddesign.weebly.comblogartist-alley-frazetta .

  • Le goût du baiser

    Le goût du baiser

    Baiser sucré, acidulé ? Une mise en bouche pour commencer.
    Baiser salé, congratulé ? Une tentative romancée.
    Baiser âpre, amer, langoureux ? Pour plus de sensibilité.
    Baiser umami savoureux ? Pour plus de possibilités.

    À chaque goût, sa tentation, son appétit et son fantasme
    Jusqu’à montrer l’ostentation d’aller plus loin vers son orgasme
    À chaque saveur, son désir de tout donner pour recevoir
    Et s’abandonner au plaisir du fruit d’amour à concevoir.

    Baiser ailleurs que sur la bouche… manque beaucoup de retenue,
    Baiser plus profond dans la bouche… pour ensuite se mette nu.
    Baisers continus sur la couche… pour un plaisir plus soutenu
    Et les deux sexes qui se touchent… jusqu’à l’orgasme parvenus.

    Tableau de Jana Brike sur https:www.kaifineart.comjanabrike .

  • Le coup passa si près que le chapeau tomba

    Le coup passa si près que le chapeau tomba

    Armé du salut détonant, rapide, presque instantané,
    Le héros-chevalier-sans-peur envoie son bonjour valdinguer.
    Désarmé d’un tir étonnant, ce contrecoup momentané
    Frappe le rival de stupeur aux salutations distinguées.

    C’est ainsi que parle la poudre et que l’honneur part en fumée
    Au nom de la force de l’ordre ou de l’amour ou de l’argent.
    Mais selon qu’il faudra recoudre le malheureux ou l’inhumer,
    La vie donne du fil à retordre par ses conflits décourageants.

    Si dure est la loi de l’ouest qui permet de porter une arme
    Mais elle met à égalité le salueur et le salué.
    Si la répartie est funeste, heureusement, il y a le charme
    De l’imprévue fatalité qui reste, certes, à évaluer.

    Illustration de Jean Giraud et le titre est de Victor Hugo ici https:www.poesie-francaise.frvictor-hugopoeme-apres-la-bataille.php .

  • La soif narcissique

    La soif narcissique

    Si, lorsque à même la rivière, tu désires étancher ta soif,
    En te penchant à la surface, tu y découvriras ton double ;
    Mouille tes lèvres de fraîcheur et abreuve-toi de baisers.
    En savourant combien l’eau t’aime, toi-même alors tu t’aimeras.

    Tu peux aussi t’imaginer aimer ton ego inversé,
    Lui, ni concave ni convexe mais juste inversé par le sexe.
    L’âme-sœur enfin retrouvée qui te donne l’eau de la vie
    Et qui coule alors dans ton corps comme une semence d’amour.

    Alice à travers le miroir a dû sentir pareillement
    Un frisson quand son âme-çon l’a pénétrée d’une onde brève.
    Je sais, j’en ai plein mes tiroirs de tous ces émerveillements
    Que j’aime mettre à l’hameçon de ma canne-à-pêche aux beaux rêves.

    Tableau de Jana Brike.

  • Prie comme l’oiseau – 2

    Prie comme l’oiseau - 2

    Dans le plus profond dénuement quand je crois avoir tout perdu,
    Lorsque je me retrouve nu.e et que je suis au fond du gouffre,
    Alors j’écoute ingénument la petite voix éperdue
    Dans ma mémoire revenue et qui crie autant que je souffre.

    Comme un petit oiseau chétif, un compagnon imaginaire
    Mais doté de réalité ne faisant pas partie de moi.
    Mon esprit tout d’abord rétif ne voit rien d’extraordinaire,
    Et croit à l’éventualité de mes délires en plein émoi.

    Mais très bientôt RÉVÉLATION ! Me voici entouré.e des anges,
    Vêtu.e d’habits resplendissants et transporté vers les sommets
    Où je subis l’élévation dans un puits d’ascension orange.
    Ainsi je monte en grandissant, ivre d’extase consommée.

    Après cette transformation, je reprends apparence humaine
    Mais j’ai changé de dimension et suis délivré de mes chaînes
    Pour une nouvelle conformation dont cet étrange phénomène
    M’a initié en prévention d’une fin du monde prochaine.

    Tableau de Rodrigo Luff sur http:www.signatureillustration.orgillustration-blog201312rodrigo-luff .

  • Prie comme l’oiseau – 1

    Quand l’âme remonte du cœur et vient se percher sur le corps,
    Elle, comme un oiseau sur la branche, renoue avec son élément ;
    Ce milieu qui d’un air moqueur gonfle ses ailes en accord
    Avec la confiance franche envers soi délibérément.

    Laisse alors monter ta prière et s’envoler à tire d’aile
    En criant dans le firmament ta requête envers l’Invisible.
    Tu sentiras un vent arrière porter au loin l’âme fidèle
    Qui se ressource éminemment dans sa nature indivisible.

    Le vent apporte ses trous d’air, des turbulences et des tempêtes
    L’esprit connait ses vagues-à-l’âme et ne peut s’accrocher à rien.
    Une prière solidaire pourtant sans tambour ni trompette
    Saura réanimer la flamme du cœur noble et épicurien.

    Il y a un truc, évidemment, comme les ailes du papillon
    Thaïlandais qui occasionne des cyclones chez les québécois.
    Une prière incidemment portée tout bas au pavillon
    De l’Univers alors fusionne avec… en fait, je ne sais quoi…

    Tableau de Rodrigo Luff sur http:www.signatureillustration.orgillustration-blog201312rodrigo-luff .

  • Rêve en jaune

    Rêve en jaune

    L’habit ne fait pas la moniale surtout si celle-ci est novice
    Car une fois la bure ôtée, la nonne alors redevient femme.
    Cette doctrine cérémoniale me sacrerait de tous les vices
    Et, s’il faut, j’irais pleuroter auprès de Dieu ce qui m’affame.

    Je rêve d’une sœur en jaune et moi, l’adorateur en mauve,
    Je prierais en complémentaire pour amalgamer nos couleurs.
    Elle serait mon amazone tandis que moi, sa bête fauve,
    J’aurais le rôle sacramentaire de l’adorateur roucouleur.

    Nous referions les évangiles à l’image d’un dieu d’amour ;
    Nous réécririons les épîtres de Paulette, Jeannette et Pierrette.
    Les actions seraient plus agiles avec la grâce de l’humour
    Et seule aurait droit au chapitre Sainte-Madeleine des amourettes.

    Tableau de Julie Bell.

  • Fantasmes chez la coiffeuse

    Fantasmes chez la coiffeuse

    Ah, si les coiffeuses étaient nues sous leurs pudiques tabliers,
    J’irais plus souvent admirer dans les miroirs leurs jolies fesses !
    Un tout petit plaisir ténu mais maintes fois multiplié
    À l’infini dont frémirait mon obsession, je le confesse.

    Ah, si des shampooineuses à poil sous un minuscule plastron
    Me massaient le cuir chevelu devant les glaces face à face,
    Alors, le cœur dans les étoiles, je rêverais d’être leur patron
    Bien que de moins en moins velu pour que cela me satisfasse.

    Ah, si les artistes au séchoir sous la douce moiteur du casque
    Pratiquaient des gestes émouvants avec beaucoup de répondant
    Et après avoir laissé choir leurs blouses sur leur corps fantasques,
    Je reviendrais bien plus souvent mais serais chauve cependant.

    Tableau d’Angela Dzherih sur http:eve-adam.over-blog.com-49 .

  • Miss Météo, la vierge sage

    Miss Météo, la vierge sage

    Elle a pris son parapluie rouge… Miss Météo deviendrait sage ?
    Sans doute a-t-elle assez pleuré hiver, printemps et tout l’été ?
    Lorsque, à ce point, les choses bougent, c’est sans doute un mauvais présage
    Qui annonce, faut pas se leurrer, des catastrophes répétées.

    Ou alors, soyons optimiste, si Miss Météo se découvre
    Profitons-en pour admirer ses jolies jambes et la flatter.
    Ou encore, soyons pessimistes, si nous voyons qu’elle se recouvre
    Hommes et femmes, vous frémirez quand sa colère va éclater.

    Je propose que le Président l’invite un jour à l’Élysée
    Et la nomme au gouvernement ministre du temps adéquat,
    Avec permis de résident permanent et fidélisé.
    Le temps n’sera pas plus clément mais au moins on saura pourquoi.

    Tableaux de Paul Kelley.

  • Chaude lapine et Fauve Loup – 2

    Quel avenir après l’amour que toutes traditions séparent ?
    On ne peut plus rentrer chez soi car rien ne sera comme avant !
    Les belles familles en désamour face au mal que rien ne répare
    N’auront jamais, quoi qu’il en soit, de regard comme auparavant.

    Même les étoiles dans le ciel ne donnent de bonne réponse ;
    L’astrologie et la voyance n’offrent que de vaines objections.
    Le libre arbitre reste essentiel ; soit on choisit, soit on renonce,
    Mais il faut bâtir sa confiance et suivre ses propres projections.

    On ne voit pas toujours le lien qui unit à jamais deux cœurs ;
    Cette cinquième dimension qui replie l’espace et le temps.
    La force de cet hyperlien, au-delà de toute rancœur,
    Résiste à toutes les tensions par son pouvoir omnipotent.

    Illustration de Chiara Bautista sur https:beautifulbizarre.net20140623chiara-bautista-love-sings-paper-interview .

  • Miss Météo, la vierge folle

    Ce dernier hiver, déjà folle ; au printemps sa folie fleurit,
    Cet été, c’est du gros délire… J’appréhende à peine l’automne…
    Miss Météo, je crois, raffole de tempêtes et de temps pourris
    Et je suis d’accord pour l’élire Manneken-Pis. Ça vous étonne ?

    Sans cesse entre deux mauvais temps, jamais Miss Météo n’oublie
    D’ouvrir son parapluie en grand et le refermer s’il fait beau.
    Mais si le ciel paraît végétant c’est qu’elle est un peu affaiblie
    Ou bien qu’elle a, détail flagrant, les deux pieds dans le même sabot.

    Combien de temps va donc régner Miss Météo, la vierge folle ?
    C’est à notre planète de répondre mais vu comment on l’a traitée,
    On va devoir se résigner à voir son cul qui batifole
    Sur les nuages en train de pondre la prochaine averse apprêtée.

    Tableaux de Paul Kelley.

  • Chaude lapine et Fauve Loup – 1

    Loup affamé n’a pas d’oreille sauf s’il est en manque d’amour ;
    Chaude Lapine n’a de raison que pour attirer son vainqueur.
    Rencontre à nulle autre pareille n’aurait jamais manqué d’humour
    Si un coup sans comparaison n’avait foudroyé leurs deux cœurs.

    À première vue, Chaude Lapine devrait bien sûr craindre le loup
    Mais un air de « Belle et la Bête » planait sous le ciel étoilé.
    Comme une rose sans épine d’une Juliette aux pieds jaloux,
    Elle s’est élancée à tue-tête vers son Roméo dévoilé.

    La bête fauve était avide de nourrir sa concupiscence ;
    Chaude Lapine était féconde et, d’une lascive caracole,
    S’offrît à lui, tout impavide devant sa farouche puissance
    Et vit passer en une seconde sa descendance cunicole.

    Illustrations de Chiara Bautista sur https:beautifulbizarre.net20140623chiara-bautista-love-sings-paper-interview .

  • Du haut de son perchoir

    Du haut de son perchoir

    Du haut de son perchoir, le marionnettiste
    Agite ses pantins et tire les ficelles.
    Jamais on n’entend choir de propos complotiste
    Ni même de potin car le taulier excelle.

    Il feinte sur la gauche, puis il rassemble à droite,
    Remet la balle au centre et botte enfin en touche.
    Tout ça n’est qu’une ébauche, une combine adroite
    Qui trompe et déconcentre le peuple d’escarmouches.

    Petits et grands enfants applaudissent en cœur
    Et rient des facéties entre tous les partis.
    L’état est triomphant, il sort toujours vainqueur
    Le Sénat apprécie sans faire de répartie.

    Arrive le gendarme armé de son bâton,
    Qui frappe les casseurs et les manifestants
    Qui sonnent alors l’alarme et s’enfuient à tâtons
    Sous le cri jacasseur d’un public exultant.

    Illustration d’Arsen Janikyan.

  • Marianne et ses prétendants

    Marianne et ses prétendants

    Depuis trop de jours d’affilée, Marianne dans son lit douillet
    S’ennuie et ça la déconcerte de n’avoir toujours rien à faire.
    Les prétendants ont défilé comme pour le quatorze juillet
    Devant son antichambre ouverte à qui saurait la satisfaire.

    Sans doute son charme n’est plus car tous ensemble ont décliné
    Le poste de premier ministre malgré l’honneur hypothétique.
    Même les femmes auraient déplu ; aucune ne s’est inclinée
    De peur qu’on ne leur administre un cunnilingus politique.

    Elle a pensé à une annonce dans un journal d’économie :
    « Jeune république chercherait compagnon pour un court séjour
    Mais à condition qu’il renonce à sa famille et ses amis. »
    Depuis Marianne observerait les périodiques chaque jour…

    Un jeune homme septuagénaire a répondu à son appel ;
    Il a peut-être des cheveux blancs mais des idées neuves, il paraît…
    Si son allure débonnaire semble séduire toutes les chapelles,
    Nous verrons bien, sans faux-semblants, au pire, ce qu’il va préparer…

    Tableau de Raymond Agostini sur https:www.artmajeur.comraymond-agostini .

  • La sirène en vacances

    La sirène en vacances

    Que faire de son hippocampe quand la sirène part en vacances ?
    L’attacher sans appréhension à un corail est impensable !
    Oui mais… selon si elle campe, il n’y aura pas de conséquence
    Mais si elle opte pour une pension, l’animal est-il dispensable ?

    Heureusement dans nos alpages, on aime tous ces compagnons
    Aériens, terrestres, aquatiques sans faire de contestation.
    Nous avons un aréopage d’hôteliers ni rudes ni grognons
    Qui se montrent plutôt lunatiques quant aux hippocampes en question.

    Évidemment pour l’eau de mer, il faudra demander aux vaches
    De leur prêter leurs pains de sels et leur céder quelques mangeoires.
    J’en appelle à toutes les chimères qui aiment voyager sans relâche
    À choisir la Suisse qui recèle tant de lacs comme pataugeoires.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Quand la sirène s’endort

    Quand la sirène s’endort

    As-tu vu comment la sirène s’endort dans son milieu aqueux ?
    Sa nageoire roule dans son dos comme un petit coussin douillet ;
    Les bras en position sereine autour du fuseau de sa queue ;
    Ses cheveux formant un bandeau pour éviter de pendouiller.

    Mais lorsqu’elle tourne en spirale, profondément elle sommeille
    Et son corps s’en va dériver au gré des courants abyssaux.
    Puis, de manière générale, quelques fidèles poissons veillent
    À ce qui pourrait arriver lors des sommeils paradoxaux.

    Après juste trois petits tours, elle se réveille en bâillant,
    Étire ses bras engourdis et déroule sa queue déployée.
    Puis elle cherche aux alentours de quoi manger, le cœur vaillant,
    Un joli marin dégourdi qu’elle saura apitoyer.

    Tableau de Lelia sur https:www.deviantart.comleliagallery .

  • Valentine au bain

    Valentine au bain

    Quand Valentine plonge nue dans l’eau noire du bain de minuit,
    Elle rit comme si la fraîcheur lui paraissait indispensable
    D’autant que la belle ingénue, perverse de jour comme de nuit,
    Mime le geste du pêcheur cherchant la moule dans le sable.

    Mais que Valentine est jolie lorsqu’elle est ainsi transformée
    Par l’eau de la claire fontaine aussi noire que ses envies !
    Malgré le miroir malpoli qui renvoie son corps déformé
    Et qui nous masque l’incertaine câlinerie qui la ravit.

    Valentine reviendra vite, au cours de la semaine prochaine
    Car elle a pris goût au plaisir de se baigner nue dans l’eau fraiche.
    À minuit afin qu’elle évite d’être surprise sous le chêne
    En train d’éveiller les désirs d’un importun plutôt revêche.

    Tableau de Prisque sur https:www.artmajeur.comprisque .

  • Le choix de la reine

    Le choix de la reine

    Si j’étais Roi, choisir ma Reine ne me demanderait pas d’effort ;
    J’organiserais un tournoi d’échecs entre les prétendantes.
    Celles qui jouent de façon sereine ne me seront d’aucun renfort
    Sauf celle qui, par son jeu, sournois se montrerait condescendante.

    Cette sournoise qui cache son jeu, même si son but est malveillant,
    Possède les qualités requises pour gouverner à mes côtés.
    Condescendante, je le veux envers les flatteurs attrayants
    Qui ont la nature requise pour mégoter et ragoter.

    Trop bien ? Parfaite ? Ça m’est égal puisqu’après tout je suis le Roi !
    Trop bien, trop pleine de tendresse… Ailleurs elle pourrait cavaler !
    La parfaite serait un régal mais après le choix reste étroit
    Car ni suivante et ni maîtresse ne pourraient jamais l’égaler.

    Tableau d’Olga Glumcher.

  • La fuite

    La fuite

    La photo est floue, désolé mais Adam et Ève couraient
    Tellement vite que je n’ai pas réussi à faire mieux.
    Mais lorsqu’ils se sont isolés j’ai su que jamais ne pourrais
    En prendre une autre dans les genêts où ils se cachaient des curieux.

    Tant pis ! Faudra vous contenter de la seule preuve que j’ai
    De la divine création telle que la décrit la genèse.
    Mais ça suffit pour intenter un procès dont j’ai le projet
    Envers cette expropriation d’un Dieu qui en prend trop à son aise.

    Et le péché originel n’est qu’un piège machiavélique ;
    La connaissance avait été déjà insufflée par l’esprit.
    Aussi il serait criminel que les écrits évangéliques
    Les chassent de leur propriété comme de vulgaires malappris.

    Tableau de Nina Childress sur https:ninachildress.com .

  • La fin du monde

    Au bout de la Patagonie sur la route de la fin du monde,
    Les fées ont la tête inversée mais leurs reflets sont à l’endroit.
    Mais au contraire en Laponie, l’autre côté de la mappemonde,
    Vous en seriez bouleversés hélas je n’en ai pas le droit.

    Car elles sont nues et impudiques et me censurent si je les montre,
    Puis me bannissent des réseaux et suppriment l’effet que j’escompte.
    Aussitôt l’instant fatidique où je publie notre rencontre,
    L’image ne fait pas de vieux os et les fées me règlent mon compte.

    C’est bête mais cela m’a contraint à repartir en Terre de feu
    Là où je peux les admirer sans l’effet vitupératif.
    Mais si le lecteur boute-en-train retourne ce cliché fâcheux
    Son esprit sera chaviré en l’observant en négatif.

    Tableau de Paul Delvaux renversé et miroir redressé

  • Reflet vers et pot-aux-roses

    Reflet vers et pot-aux-roses

    Comme vous devriez le savoir, on ne peut observer les fées
    Sauf leur image renversée par le miroir ou un cours d’eau.
    J’ai donc cherché à percevoir, afin d’en connaître l’effet,
    Cette idée qui m’a traversé l’esprit ; je vous en fait cadeau.

    C’est pourquoi je fais des reflets des vers, des proses aux bleus de l’âme
    Afin d’y trouver à l’envers l’une d’elles que je pourrais surprendre.
    Bien sûr, elles sont camouflées entre les lignes que je clame
    Et les sous-entendus pervers que vous ne pouvez pas comprendre.

    Celle-ci est née d’une idée qui est sortie du labyrinthe
    De mon oreille interne gauche et qui s’est frayée un passage
    Pour surgir d’un pas décidé vers l’autre oreille sans contrainte
    Afin d’en décrire une ébauche dissimulée dans ce message.

    Illustration de Béatrice Tillier.

  • Le voyage imaginaire

    Le voyage imaginaire

    C’était pendant une coupure – une coupure de courant –
    Ma maison étant aphasique, j’étais parti en promenade
    Lorsque soudain, d’une onde pure tel un nuage concourant
    À suivre la pataphysique, je partis à la cantonade.

    La gravitation suspendue, je m’élevai dans l’atmosphère
    Poussée par un souffle de vent par-dessus vallées et montagnes.
    « Qu’il est doux d’être ainsi pendue et survoler la biosphère
    Dans l’aube d’un soleil levant et les oiseaux qui m’accompagnent ! »

    Curieusement j’étais la seule trompant les lois de la physique ;
    Sans doute mon abonnement était arrivé à son terme…
    Pour une raison gauche et veule, un fonctionnaire assez basique
    M’avait coupé tout bonnement mon droit à fouler le sol ferme.

    Je reçus une circulaire – ne me demandez pas comment –
    M’annonçant des désagréments pour ceux qui étaient dans la Lune
    Et comme j’étais titulaire de la distraction par moments
    Je levai ma robe en gréement comme une voile de fortune.

    Tableau de Michael Whelan.

  • Le cygne noir

    Le cygne noir

    Encore un rêve où je suis nue mais sans une foule gens
    Autour de moi pour ricaner et me couvrir de ridicule.
    Non ; cette fois j’étais parvenue au bord d’un lac aux eaux d’argent
    Rien d’autre pour me chicaner fors un oiseau qui gesticule.

    Lui, le vilain petit canard, orphelin de sa vraie famille,
    Avait longtemps cherché sa mère jusqu’à ce qu’il tombe amoureux
    Ce jour-là allant goguenard parmi les joncs et les ramilles
    Trouvant sa chérie victimaire sous un ciel rose et langoureux.

    Moi, j’étais là dans les roseaux, endormie, nue, couchée dans l’herbe
    Frappée de stupeur en plein rêve et réveillée sur la pelouse.
    C’était vraiment un drôle d’oiseau qui, d’une petite voix acerbe,
    Me demanda, là sur la grève, d’accepter d’être son épouse.

    Outrepassant l’absurdité, j’acceptai sa proposition ;
    Nous nous unîmes à la mairie pour que la loi nous reconnaisse.
    Nul ne blâma ma nudité, personne ne fit d’opposition
    Et je rejoignis mon mari, amusée d’être sa cygnesse.

    Tableau de Kristin Kwan sur https:beautifulbizarre.net20221026beautiful-bizarre-curated-exhibition-halcyon-days-modern-eden-gallery .

  • Retour au cocon

    Retour au cocon

    Comment saurais-je d’où viens-je, où vais-je quand je plonge dans le sommeil ?
    Dans un endroit inaccessible dans ma tête ou bien dans l’espace ?
    Un autre univers où je siège, autre Terre d’un autre Soleil,
    Un autre moi-même expansible qui veille sur ce qui se passe.

    Plus je m’enfonce en somnolence et plus je rentre dans mon cocon
    Et plus l’intérieur se dilate vers différentes dimensions.
    J’y revois avec indolence mes souvenirs les plus abscons
    Que cet autre moi me translate afin que nous recommencions.

    Que nous recommencions encore dans le réel et dans les limbes
    Par une méthode alchimique qui doit en extraire notre âme ;
    Cette eau-de-vie qui édulcore un esprit ardent qui regimbe
    D’un lointain éden animique où autrefois nous séjournâmes.

    Tableau de Herman Smorenburg sur https:circle-arts.cominterview-herman-smorenburg .

  • Dimanche soir

    Dimanche soir

    Qui a inventé la semaine de sept jours à répétition ?
    Les sept jours de la création ? Les sept planètes du système ?
    Par quel étrange phénomène a-t-on fait cette partition,
    Sans doute à l’appréciation des anges ou démons post-mortem… ?

    Si hier dimanche était stressant, aujourd’hui il n’est qu’échéance ;
    Si hier je maudissais lundi, aujourd’hui n’est plus opprimant.
    Rien n’était aussi oppressant que l’uniforme doléance
    De cette damnée parodie de Sisyphe à son châtiment.

    Dimanche soir, tout est fini ou plutôt Saturne se suspend,
    Juste le temps de l’émotion qui a dominé sa semaine.
    Un interlude presque infini pour un apéro décrispant
    Où j’en oublie la dévotion à cette tradition humaine.

    Mais comme j’aspire à me battre dans ce fichu monde complexe,
    Alors le dimanche je trinque à l’amour et à l’amitié.
    Je laisse le soin d’en débattre à mon auditoire perplexe
    Qui, pour peu que je l’en convainque, trinque avec moi à satiété.

    Tableau d’Andreas Grutza.

  • Dimanche matin

    Dimanche matin

    Lorsque le dimanche matin commence au petit-déjeuner
    Par des tableaux d’exposition issus de ma muse en couleur,
    Je sais, sans perdre mon latin et sans trop m’être surmené,
    Qu’elle est à ma disposition pour nous évader sans douleur.

    Je vois dans son chapeau fleuri des révélations sur l’histoire
    Et, dans son regard azuré, des aventures valorisables.
    Dans son corsage, la diablerie qui tire de façon notoire
    Ma folle envie de m’assurer que son cœur est inépuisable.

    J’ai porté sa coupe à mes lèvres et j’ai sitôt connu l’ivresse
    Qui ouvre les portes de l’âme vers les amours universelles.
    Je l’ai embrassée avec fièvre et avons couru d’allégresse
    Vers des cieux où nous survolâmes l’extase qui nous ensorcelle.

    Une vieille chanson dans ma tête me dit qu’il ne faut pas s’en faire
    Et profiter des bons moments pour évacuer sa rancœur.
    Et ce « Carpe Diem », je le tète au sein qui sait me satisfaire :
    Celui de ma muse me sommant de rire et jouir de bon cœur.

    (Tableau de Jeramondo Djeriandi et la dernière strophe est inspirée de la chanson de Maurice Chevalier :
    « Dans la vie faut pas s’en faire. Moi je ne m’en fais pas. Toutes ces petites misères seront passagères, tout ça s’arrangera ! Je n’ai pas un caractère à me faire du tracas. Croyez-moi sur Terre ; faut jamais s’en faire. Moi je ne m’en fais pas ! ».)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Que ne suis-je elficologue !

    Ah, Que ne suis-je elficologue initié à faire connaissance
    Avec le peuple des forêts, farfadets, fées, lutins et elfes !
    Ah, que ne suis-je psychologue pour pénétrer avec aisance
    Dans les fissures phosphorées des murs de l’oracle de Delphes !

    J’interrogerais la Pythie, grande prêtresse d’Apollon,
    Et je consacrerais ma vie à transcrire ses prédictions.
    Grands cerfs, élans et wapiti, parlant par les vents d’aquilon,
    M’insuffleraient l’âme ravie de leurs saintes bénédictions.

    J’ai alors entendu ma muse rire aux éclats effrontément
    Et se montrer à découvert en me lançant abruptement :
    « Est-ce que tu crois que je m’amuse à te souffler profondément
    Ce que tu écris dans tes vers si ce n’est cela justement ? »

    Illustrations de Voltairis sur https:voltairis.artstation.com .

  • D’où viens-je, où vais-je et pourquoi faire ?

    J’ai de la peine à remonter les souvenirs les plus diaphanes
    De ma mémoire translucide dans le brouillard de mes pensées.
    L’effort trahit ma volonté et mon action devient profane
    Car si mon regard est lucide, je n’en suis pas récompensé.

    Hélas la fonction primitive de mon langage formaté
    N’existe ni dans mon cerveau mais dans les gènes enracinés.
    Toutes réflexions intuitives auxquelles je suis acclimaté.e
    Se perdent dans un écheveau de théories hallucinées.

    Finalement à quoi ça sert de partir à contre-courant
    Tandis que vivre au fil de l’eau devient un voyage agréable ?
    Sans doute une mort nécessaire vers mes objectifs concourants
    Me délivrera à vau-l’eau ces vérités impénétrables.

    Illustrations de Kim Roselier sur https:www.kimroselier.comJalouse-x-Marc-Jacobs .

  • Bientôt l’automne peut-être

    Bientôt l’automne peut-être

    Viendra l’automne ou viendra pas ? Car cette année on ne sait pas.
    L’été n’a vraiment commencé qu’à partir de la mi juillet.
    Quant au quinze août, l’épiscopat xxx un mauvais pas
    En laissant Marie offensée sommée d’aller se rhabiller…

    En effet, pour monter au ciel, elle voulait se mettre en maillot
    Et s’est vite fait vilipender par des cathos intolérants.
    Les vêtements, c’est essentiel et les habits sacerdotaux
    Mouillés auraient tous fait bander ceux-là qui allaient proférant.

    Mais passons sur cette anecdote qui est conforme à l’hirondelle
    Et qui ne fait pas le printemps, ni l’automne par conséquent.
    Quant au principal antidote pour soigner ce temps infidèle
    Serait de stopper l’éreintant essor du flouze subséquent.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • Adieu août, bonjour septembre

    Adieu août, bonjour septembre

    L’août est passé mais la cigale n’ayant pu chanter tout l’été,
    Se trouve encore plus dépourvue lorsque l’automne s’installa.
    Pas plus à Montmartre ou Pigalle de concert de variétés
    Que de bal musette imprévu, de festival ou de gala.

    Sitôt qu’un rayon de soleil pointe son nez à l’horizon,
    La cigale descend de son arbre pour striduler à la sauvette.
    Aussitôt un grand vent balaye les rues en signe de trahison
    Et les passants restent de marbre aux inaudibles chansonnettes.

    Voilà, l’échéance est passée, l’huissier des fourmis compassé ;
    Tout est embarqué et saisi, la cigale tremblante est transie ;
    En prison, elle vocifère, à ses pieds on lui met six fers ;
    La fourmi n’est qu’une usurière et la cigale roturière.

    Illustration de June Leeloo sur https:havengallery.comportfoliojune-leeloo-imaginarium .

  • Marianne sens dessus-dessous

    Marianne sens dessus-dessous

    Non pas sans dessus ni dessous bien qu’elle soit née sans-culotte
    Mais Marianne reconnaît chez elle un plus profond désordre.
    C’est donc bien sens dessus-dessous que la République pilote
    Le pays qui s’abandonnait sous les coups des forces de l’ordre.

    À trop exposer sa peau lisse aux gaz et aux balles aveuglantes,
    Les organes contestataires auraient besoin de garde-fous.
    Malheureusement la police qui nous apparaît si cinglante
    Est aux ordres des ministères, eux-mêmes soumis à un fou.

    Marianne a les jambes cassées, bras en écharpe, un doigt en moins ;
    Elle a aussi perdu un œil qu’elle dissimule sous un bandeau.
    Son crâne a été fracassé sous les yeux de plusieurs témoins
    Dont on a regretté le deuil, du coup Marianne a bon dos.

    Tableau de Handiedan.

  • Tu veux ou tu veux pas ?

    Tu veux ou tu veux pas ?

    Refrain :
    Tu veux ou tu veux pas ? Tu veux, c’est bien, si tu veux pas, tant pis !
    Si tu veux pas, j’en ferai pas une maladie
    Oui, mais voilà, réponds-moi non ou bien oui ;
    C’est comme ci ou comme ça ou tu veux ou tu veux pas !

    L’avis des autres c’est démagogique
    C’est comme ma politique.
    Y a du mauvais et du bon !
    L’avis de la France démocratique
    Se heurte à l’aristocratique
    Véto Valois & Bourbons !

    au refrain

    L’avis de la droite est pragmatique
    Mais la gauche est sarcastique
    Et le centre sans opinion !
    L’avis des extrêmes fanatiques
    Est toujours automatique
    Pour prêcher la rébellion !

    au refrain
    Ma vie serait gérontocratique
    Si ma Brigitte fantomatique
    Abaissait son caleçon !
    Ma vie serait moins névropathique
    Si les gilets jaunes pathétiques
    Se montraient gentils garçons !

    au refrain

    Ma vie, c’est beau c’est technocratique ;
    Mes ministres la compliquent
    Même à tort ou à raison !
    Ma vie, serait plus phallocratique
    Si les suffragettes domestiques
    Demeuraient à la maison !

    au refrain

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La sirène vous salue bien – 2

    La sirène vous salue bien - 2

    Quand la sirène vous dit adieu, quelque chose n’a pas marché ;
    Elle ne vous trouve pas à son goût, trop vieux, trop mou ou trop coriace.
    Mais vous pouvez remercier Dieu de vous avoir juste mâché
    Et rejeté avec dégoût avant que ses dents ne vous souillassent.

    Quand la sirène fait sa bégueule, on y perd beaucoup en caresses
    Mais le fait de le raconter vaut mieux que d’y être resté.
    Ne faites pas la fine gueule si vous n’êtes pas au palmarès ;
    L’épreuve est dure à surmonter mais la vie en est infestée.

    Il m’est arrivé une fois qu’une sirène me rabroue
    De notre aventure interlope aux préliminaires salivants.
    J’en reste ravi toutefois car j’en suis sorti peu ou prou
    Débarrassé d’une salope, cœur brisé mais toujours vivant.

    Tableau de Katerina Strokach.

  • La sirène vous salue bien – 1

    La sirène vous salue bien - 1

    Quand la sirène vous salue, elle ne passe pas inaperçue ;
    En effet, le cœur sur la main, elle vous en transmet sa chaleur.
    Mais pour cela, il aurait fallu que vous valdinguiez par-dessus
    La passerelle à mi-chemin du bateau pour votre malheur.

    Admettons que ce soit le cas ; vous vous noyez et – patatras –
    Voici qu’une jolie sirène vous dit bonjour à sa façon.
    Eh bien, soyez heureux mon gars car elle vous reconnaîtra
    Et vous donnera, d’un port de reine, la gratitude des poissons.

    Si vous avez un jour ouvert une fausse boîte à sardines
    Contenant cinq ou six sirènes et vous êtes montré homme probe,
    Vous serez à jamais couvert par l’assurance, non anodine,
    Consentie sur toutes carènes qui naviguent tout autour du globe.

    Illustration de Camilla Ceccatelli sur https:www.facebook.comCamillaCeccatelliIllustrazioni .

  • La civilisation Pastèque

    La civilisation Pastèque

    Mes chromosomes amérindiens ont réveillé mon subconscient
    Cette nuit en me révélant mes origines guatémaltèques.
    Notamment le syndrome indien du songe induit et préconscient
    Des souvenirs me rappelant ma vie dans les villes pastèques.

    J’habitais une ville ouverte creusée dans un melon géant
    Qu’un héros avait rapporté du royaume des dieux anciens,
    Cernée d’une muraille verte, garnie de jardins bienséants
    Dont les fruits étaient exportés par des bateaux costariciens.

    Puis sont venus conquistadors et conquérants de toutes espèces
    Qui ont bu nos vins de renom, violé nos femmes et nos pastèques,
    Accumulé tout un tas d’or volé au nom de la papesse
    Et ont écorché notre nom en nous appelant les Aztèques.

    Tableau d’Anzhelika Iagodina.

  • Le vélo de Penrose

    Le vélo de Penrose

    Dévalant l’escalier d’Escher avec le cycle de Penrose
    Dans les limites du réel au pays de l’absurdité,
    J’ai osé mon vœu le plus cher : redécouvrir le pot-aux-roses
    Qui se cachait dans les ruelles pavées de l’intrépidité.

    Avec l’audace et l’assurance de mon vélo aux roues carrées,
    Tous les mystères de l’illogique s’ouvrent à mon effarement
    Qui m’aurait pressé d’ignorance afin de mieux contrecarrer
    Ma soif d’instants psychologiques, tel ce moment d’égarement.

    J’aime échapper à la logique de la bêtise monotone
    Qui entrave toute tentative pour en soulever le couvercle.
    Par l’art épistémologique, j’expérimente et je tâtonne
    Vers la science imaginative de la quadrature du cercle.

    Tableau de Mister Ham.

  • L’instant fraîcheur

    L’instant fraîcheur

    Carpe diem, l’instant fraîcheur, c’est le bien être maintenant ;
    La chaleur coupée d’une brise, le soleil juste après l’averse ;
    Le flotteur rouge du pêcheur qui annonce un coup imminent ;
    L’imprévisible belle surprise de deux filles nues qui conversent.

    L’instant fraîcheur pour les deux filles, nager nues dans l’impunité ;
    Sentir le soleil sur la peau ou goûter l’ombre des arbustes ;
    Aucun regard qui les fusille sur l’impudique nudité ;
    Un daiquiri bien à propos ce soir au bar de la flibuste.

    L’instant fraîcheur, c’est le présent vers un futur inattendu
    Apprécier chaque seconde de l’opportunité de vivre ;
    Sentir son être omniprésent sans le moindre malentendu ;
    Goûter son âme vagabonde et jouir plutôt que survivre.

    Tableau de Jean Gabriel Domergue.

  • Le rêve fantasmagorique

    Le rêve fantasmagorique

    Une fois encore, ma nuit blanche s’est colorée d’imaginaire
    Et mon lit devint la fourrure d’un tigre azur rayé d’orange
    Qui a causé une avalanche d’étoiles bleues préliminaires
    À l’ouverture de la serrure du portail de mes rêves étranges.

    Une fois la porte franchie, je suis la femelle et le mâle ;
    Je suis le tigre qui protège et la rêveuse qui s’abandonne
    Du réel, nous sommes affranchis et notre nature animale
    Nous fait sentir un florilège de fragrances de belladones.

    Enivrés d’hallucinogènes sans inhibition ni douleur,
    Nous voyageons empoisonnés vers une mort avantageuse
    Dans un paradis indigène où l’on respire les couleurs
    Qui absorbées et vont foisonner avec nos illusions songeuses.

    Mais le paradis comme la mort connaît une fin génératrice
    Et au réveil j’ai dans le cœur le tigre qui sommeille encore
    Mais qui pareil au matamore sera l’âme révélatrice
    Qui fera de moi le vainqueur sa jamais regrets m’édulcorent.

    Illustration d’Em Niwa.