Catégorie : Poésie du dimanche

  • L’amour qui fait rêver

    L’amour qui fait rêver

    De plus en plus souvent lorsque je veux écrire
    Un poème d’amour, un poème du soir,
    Je ferme un peu les yeux un moment pour proscrire
    Ce qui peut nuire à l’âme et à mon cœur surseoir.

    Et soudain je m’endors, je ne sais pas comment,
    Et le rêve démarre au dernier mot choisi.
    Plus rien ne me contrôle dans le nouveau roman
    Qui m’ouvre enfin ses portes d’une humble courtoisie.

    L’âme nue, le cœur pur, sans le corps limité
    Par l’esprit timoré, étriqué du terrien.
    L’amour poursuit la route en tendre intimité
    Et la main qui écrit ne se souvient de rien.

    Au réveil je relis mes écrits sans comprendre
    Comment j’ai parcouru ça dans mon rêve étrange.
    Le secret de l’amour, c’est lui laisser m’apprendre
    Ce que je n’ose pas et pourtant me dérange.

    Tableau de Francisco Lomeli Bustamante sur https:conchigliadivenere.wordpress.comtagiran-lomeli et sur https:catrina-burana.livejournal.com21809.html .

  • Perséphone & le Minotaure

    Perséphone & le Minotaure

    On dit qu’ils eurent une aventure dans le dédale des amours ;
    L’une cherchait comment sortir et l’autre comment pénétrer
    Dans le cœur de la créature en usant de charme et d’humour
    Pour la séduire et la blottir entre ses gros bras empêtrés.

    Car au milieu du labyrinthe, il avait fait sa garçonnière
    Avec une vue imprenable sur le palace de Minos.
    Les murs ont connu les étreintes du geôlier et sa prisonnière
    Et des plaintes insoutenables durant la nuit même de leurs noces.

    Qu’est donc Perséphone devenue une fois son amant occis
    Par ce fou furieux de Thésée qui fut lors déclaré vainqueur ?
    Elle a dû s’enfuir toute nue dans une totale paradoxie †
    Car elle avait sympathisé, avec son beau bourreau des cœurs.

    (Tableau de Nightlarke ;
    † La paradoxie est un concept qui met en évidence une contradiction, une opposition ou une incohérence entre deux éléments ou deux idées ; j’ai bien aimé placer ce mot ici.)

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  • Les femmes-chattes

    Pour changer des femmes-poissons, ce soir je rêve de femmes-chattes
    À longue queue qui ne remue que lorsque je les impatiente.
    Mais si je leur offre des moissons de caresses d’une douce patte,
    Elles se montrent tout émues, ronronnantes et stupéfiantes.

    Mais comment les apprivoiser et faire patte de velours ?
    Sans doute en offrant à manger quelqu’alléchantes mises en bouche.
    Et pour les faire pavoiser, ne jamais se montrer balourd
    Mais proposer à échanger quelques chatteries sous la couche.

    Mais attention aux coups de griffes et aux coups de dents acérées !
    Heureusement il y a des signes révélateurs de leurs humeurs.
    Car se conduire en escogriffe risque de se faire serrer
    Afin de subir la consigne… mais ce ne sont que des rumeurs !

    Illustrations de blowyourmindai.

  • Mes racines spirituelles

    J’aimerais raccorder mon âme à ses racines spirituelles
    Pas celles de la religion qui m’apparaissent inadaptées
    Mais celles qui donne le sésame à ma vie individuelle
    Pour se connecter aux légions métaphysiques à capter.

    Débrancher la réalité pour d’autres courants de pensées,
    Sortir de ma boîte crânienne et m’épanouir autrement.
    Ressentir ma dualité avec une force dispensée
    Par mes sources océaniennes, de feu, de terre et d’errement.

    J’entends les réponses du vent à mes questions déterminantes,
    Je perçois dans l’obscurité les portes que je dois franchir,
    Je sens les effluves adjuvants dans les tempêtes pertinentes
    Et je touche à la vérité qui demain saura m’affranchir.

    (Tableaux de Kelly McKernan sur kellymckernan.com

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  • Les trois soleils de Lucie

    Les trois soleils de Lucie

    Deux soleils bleus, un soleil d’or, voilà le trésor de Lucie
    Qu’elle transporte, qu’elle projette aux quatre horizons de la Terre.
    Lorsqu’un paysage s’endort, elle envoie avec minutie
    Les passions dont elle est sujette et leurs délices complémentaires.

    Deux soleils verts à l’heure bleue, deux soleils rouges au crépuscule ;
    Les yeux de Lucie s’endimanchent selon les nuances du temps.
    Sur bord de mer, des yeux sableux imprègnent sur la pellicule
    Des contours sur une plage blanche qui esquissent un jour débutant.

    Lucie a l’œil psychédélique qui voit ce qu’il veut sublimer,
    Qui crée de nouvelles couleurs sur de jeunes ciels cérulescents.
    Peut-être un peu machiavélique, qui irait jusqu’à élimer
    Pour éliminer ses douleurs dans des soleils opalescents.

    Gribouillage de Fabienne Barbier au téléphone.

  • Une existence bizarre

    Une existence bizarre

    Juste un soleil crevant le ciel, une lune perçant la nuit,
    Un horizon délimité et moi au milieu de tout ça.
    Et dans l’univers substantiel, ce qui me plaît, ce qui me nuit,
    Et qui fait l’équanimité d’une existence couci-couça.

    Ma vie est une chansonnette avec des refrains pour repères,
    Avec des accords harmonieux, des diminués, des augmentés.
    Et moi simple marionnette, née de ma mère et de mon père
    Et dont les fils acrimonieux m’emportent dans un bal tourmenté.

    Si la vie ne tient qu’à un fil, je m’y suis souvent accroché
    Et j’en vante la qualité car je n’ai pas su le couper.
    Il dessine ainsi mon profil vers la voie la plus rapprochée
    Du nœud de la mortalité que je suppose entourloupé.

    Tableau de Tsunemasa Takahashi.

  • Trois couleurs : matin, midi et soir

    Au matin, Madame ma Mère, était orange de stupeur
    En découvrant son rejeton aux yeux de biche effarouchée.
    Mais hélas sa laitance amère m’éveilla toutes sortes de peurs
    Envers les seins et leurs tétons qui, à ce jour, me font loucher.

    À Midi, Madame mon épouse, était écarlate de désir
    Pour offrir sa terre fertile à mon envie germinatrice.
    J’ai dû cultiver sa pelouse et son jardin de mon plaisir
    Qu’elle savait rendre érectile par ses ardeurs fornicatrices.

    Le soir, Mademoiselle ma fille, était spontanément violette ;
    Elle était le soleil couchant qui crée des rêves les plus bénins
    Aux songes merveilleux qui vacillent entre l’enfance à la volette
    Et l’adolescence débouchant sur mon éternel féminin.

    Tableaux de Nadia Waheed sur http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18 .

  • La vie tranquille

    Entre hétéros, on vit tranquille malgré nos sexes compatibles
    Qui nous ont séparés en deux selon une pruderie immonde ;
    Vestiaire garçon, vestiaire fille, démarcation irréductible,
    Mais un parcours moins hasardeux pour mettre des enfants au monde.

    Entre hétéros, tout est mystère au moment de l’adolescence ;
    On joue avec nos instruments – le con sert tôt en sol mineur.
    On se découvre, on sait se taire pour souvent se voir en l’absence
    Des parents qui jugent crûment qu’on est de trop jeunes butineurs.

    Entre hétéros, les habitudes plaisent à Monsieur moins à Madame
    Qui pour changer de la routine cherchera d’autres aventures ;
    Monsieur trompera sa lassitude avec échecs et jeux de dames
    Car pour les amours clandestines, chacun ménage sa monture.

    Illustrations de Fanny Blanc sur http:www.fannyblanc.comindex.phpdessinsla-vie-tranquille .

  • L’ADN désassemblée

    L’ADN désassemblée

    En déroulant notre ADN, on ne sait pas trop quoi trouver
    À part les plans de confection de la plupart des protéines,
    Ainsi que la plupart des gènes aux caractères éprouvés
    Qui dirigent la conception de chaque héros, chaque héroïne.

    Si je désassemblais le mien, j’y retrouverais la nature
    De tous mes ancêtres communs depuis tout le règne animal.
    Du singe mésopotamien portant la même signature
    Qu’un loup, qu’un âne ou qu’un ours brun dans ce brin infinitésimal.

    Le futur n’étant pas écrit mais indiscernable à l’avance,
    Que ce démontage ne fasse que dérouler la nuit des temps !
    J’espère que mon dernier cri mettra mon code en connivence
    En espérant qu’il satisfasse un analyste plus compétent.

    Mon code infinitésimal contiendrait-il toute la vie
    Comme ces nombres irrationnels qui renferment l’univers entier ?
    Chaque plante et chaque animal pourraient lors s’estimer ravis
    Du défi générationnel dont la Nature est en chantier.

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  • Cette Divine Nasse d’Âmes

    Cette Divine Nasse d’Âmes

    Les dieux ou les extra-terrestres – appelez-les comme vous voulez –
    Ont pris leur temps pour nous créer autant d’images que d’illusions.
    Certaines peintures rupestres montrent comment s’est déroulée
    La vie qui nous est agréée pour évoluer en cohésion.

    Depuis la Divine Nasse d’Âmes, sort une nouvelle entité
    Soufflée dans un nouveau fœtus auquel elle devra s’assortir ;
    Soit un beau mâle ou une dame, selon un plan commandité
    Qui devra faire preuve d’astuce pour réussir à s’en sortir.

    Après la mort, on récupère le fil de l’âme impressionnée
    Que l’on remet numéroté dans la Divine Nasse d’Âmes
    Laquelle d’après ces repères l’aura alors sélectionnée
    Pour recommencer à trotter parmi les milliards de quidams.

    Soit l’expérience réussit, soit elle échoue et on la jette ;
    Il paraît qu’il s’en est produit des instances incommensurables.
    C’est pourquoi avec minutie préservons notre âme sujette
    À obtenir le sauf-conduit vers un destin inespérable.

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  • La vie, la mort et tout le reste…

    La vie, la mort et tout le reste, ça fait beaucoup pour un seul homme ;
    Pour une femme, c’est différent, ça fait de la conversation.
    Cela dit, ce serait plus digeste si les deux sexes en binôme
    Se partageaient au demeurant sans faire de tergiversation.

    La mort serait une femme noire, obscure, chaude, impénétrable ;
    Le corps resterait masculin car il s’agit de ma personne ;
    Le cœur, féminin c’est notoire, battrait pour des causes admirables ;
    L’esprit serait bien plus malin s’il n’était une fille-garçonne.

    Tout devient plus simple à présent pour avant et après la vie :
    Avant, c’est une jolie prêtresse qui m’offrait le sens de l’humour ;
    Puis à partir de mes treize ans, les femmes m’ont l’âme ravie ;
    Enfin ma dernière maîtresse m’emportera mourir d’amour.

    Tableaux de Nadia Waheed sur http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18http:nadiawaheed.com2023627n4cfe7dcab2d8w5o31e72aeooz7c18 .

  • La fille de Noé

    Non, ce n’est pas Arsinoé, Parsiphaé ou Salomé
    Mais bien la fille de Noé dont on connaît la renommée.
    Mais on ne sait rien de son nom – sans doute une erreur de genèse –
    Qui aurait eu peur du renom de celle qui en prenait à son aise.

    À son aise avec les mélanges, métissages et hybridation
    Au point que papa se dérange pour avoir une explication :
    « Ces chienpanzés, ces lapintades, ces serpaons et femmes-poissons,
    Il est temps que ces incartades cessent et toutes ces contrefaçons ! »

    Ainsi parla le patriarche contre la folie de sa fille
    Qui a failli créer dans l’arche des chimères de pacotille.
    Toutefois elle put, sereine, relâcher quelques spécimens
    Notamment une jolie sirène qu’elle aurait nommée Célimène.

    Tableaux de Patricia Traub.

  • L’automne pudique

    L’automne pudique

    Cette année, l’automne pudique se montrera plutôt timide
    Derrière des voiles de pluies et des grands rideaux de brouillard.
    Sortez vos plus chaudes tuniques contre les matinées humides
    Et ouvrez grand vos parapluies sous les nuages vasouillards.

    Promenez-vous donc dans mes bois et observez Mère-Nature ;
    Bien sûr, elle se montre nue mais un voile prude sur les fesses.
    Les feuilles se cachent dans les sous-bois ; la rouille, pas assez mature,
    Semble être mise en retenue derrière la brume qui s’affaisse.

    Lorsqu’on pense qu’il va pleuvoir, où sont passées les hirondelles
    Qui devaient chasser – quels insectes ! – sur l’eau dormante des marais ?
    Tout n’est que fin de recevoir car l’automne – peu sûre d’elle –
    Affiche un moral qui affecte tout ce qui devrait démarrer.

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  • Le dernier train en gare Saint-Charles

    Image galerie

    Pour mon tout dernier train de rêve, je prendrai le Paradis-Express !
    Avec ses chimères loufoques et ses sirènes imaginaires.
    Après une recherche brève, bien qu’il n’y ait vraiment rien qui presse,
    Je prendrai un air équivoque sur la route extraordinaire.

    Le dernier train qu’a pris Noé, je m’en souviens parce que sa fille
    Menait les animaux par couple dans les wagons à gros rivets.
    Elle avait mis des canoës à disposition des familles
    Au cas où des règles plus souples le permettraient à l’arrivée.

    Le dernier voyage aux enfers était tout sauf un convoi triste ;
    Les filles s’habillaient léger et riaient avec les garçons.
    Ils n’avaient pas l’air de s’en faire, entre autres détails rigoristes,
    Sous la chaleur, pour galéjer, des contrôleurs en caleçon !

    La dernière fois, c’était avant que l’an deux mille nous accable ;
    Les tickets étaient en papier que l’on achetait au guichet.
    Les trains de nuits partaient bravant les distances incommensurables ;
    Au matin, on s’posait bon pied bon œil vers le but aguiché.

    Sérigraphie de Jean-Claude Forest.

  • Expressions corporelles

    Finalement le tatouage, c’est de le dire avec la peau ;
    Avouer ses appartenances, avouer ses plus noirs desseins.
    Mais lorsque la peau prend de l’âge et se ride comme un crapaud,
    Le tatoo change de nuance ; on ne comprend plus le dessin.

    Quand tout le corps est tatoué, faire l’amour prend plus de temps
    Car les caresses suivent les lignes en maintes lectures ultérieures.
    On se surprend à s’avouer, car on n’est plus un débutant,
    Que l’on préfère celles qui soulignent et confirment un beau postérieur.

    Lorsqu’un espace est laissé libre, syndrome de la page blanche,
    C’est qu’on cherche encore et encore un épisode de la vie
    Qui stabilise son équilibre ou rebondit en avalanche
    Et racontera sur le corps ses expériences inassouvies.

    Tableaux de Charlie Terrell.

  • L’élixir d’extase

    Ah, que j’aimerais distiller le goût de l’amour en extase
    Et augmenter à chaque fois son degré d’alcool érotique !
    Auprès les hommes en instiller le moût juste avant l’épectase
    Et pour les femmes quand leurs voix deviennent des plus hystériques.

    Sur une échelle de un à dix des degrés les plus stupéfiants,
    Ma liqueur d’amour titrerait sans doute à onze et même douze.
    Un autre des meilleurs indices serait d’être lubrifiant
    Une fois qu’on l’infiltrerait au beau milieu d’une partouze.

    Je mettrais l’élixir d’amour disponible à toutes les bourses
    Et, qui plus est, obligatoire pour éviter la débandade.
    Et quand j’y pense avec humour, si je remontais à la source,
    Je suis sûr que Dieu, c’est notoire, a dû s’en prendre une rasade.

    Je n’exige ni le prix Nobel, ni aucune autre récompense,
    Ni d’être un nouvel antéchrist à l’extatique quintessence.
    Faites-en un éco-label et durable afin qu’il compense,
    D’une révolution intégriste, le péché de la connaissance

    Tableaux de Ivana Besevic sur https:www.kaifineart.comivanabesevic .

  • La quatrième Parque

    La quatrième Parque

    Celle qui file l’existence de toute notre planisphère
    Serait la quatrième Parque omise dans la mythologie
    Qui ne dit pas que sa substance est répandue dans l’atmosphère
    Qui retombe et puis se remarque sauf en météorologie.

    Car son fil rouge se déroule par l’eau de pluie qui tombe à verse,
    Qui fait déborder les ruisseaux et les rivières souterraines,
    Entraîne les pierres qui roulent dans les rigoles de traverse
    Qui abreuvent les arbrisseaux et la nature souveraine.

    Et cette année, c’est justement l’occasion extraordinaire
    Où la quatrième du nom par toutes ses eaux nous inonde.
    Et tous ces grands événements ne sont que les préliminaires
    D’une apocalypse canon qui va sonner la fin du monde.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • La transmutation – 2

    La transmutation - 2

    Une fois transformé en femme, je regardai ces demeurés :
    Sainte-Pierrette – car c’était elle – accompagnée du Saint-Esprit.
    Au début je pensais infâme qu’un ange puisse me leurrer
    Mais quand je vis la clientèle du Paradis, j’ai tout compris.

    « – Seulement des femmes au Paradis ? Pourquoi ce réajustement ?
    – Tu es seulement en transit avant de retourner sur Terre !
    – Je n’en ferai pas une maladie mais pourquoi en femme justement ?
    – Ainsi pas le moindre parasite et rien que des célibataires ! »

    Toujours aussi impénétrables, les voies du Seigneur-Tout-Puissant !
    C’est vrai que pour porter la robe blanche une femme, c’est bien plus seyant !
    Ainsi je rejoignis les anges qui trouvaient cela jouissant
    Que je sois une femme probe… plutôt qu’un homme malveillant †.

    (Tableau de Thomas Bérard ;
    † j’ai bien précisé qu’il s’agissait d’un rêve idiot.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Les trois Parque de mes nuits

    La nuit quand l’âme se connecte au réseau des dieux angéliques,
    Je demande aux opératrices de retransmettre mon appel
    À mes ancêtres qui se délectent des aventures machiavéliques
    De la planète génératrice des coups de gueules et de scalpels.

    Souvent la nuit ce sont les Parques qui s’occupent des coups de fils
    Après avoir tissé, coupé, raccommodé, noué, tranché
    Le filin qui mène ma barque vers sa destinée qui défile
    Quand je ne dois pas écoper le trop plein d’eau à étancher.

    Allo ! Ne coupez pas, allo… Ça y est ! Plus de tonalité !
    Encore une conversation coupée sans le moindre remord.
    Les Parque font des méli-mélo qui donnent des pénalités
    Par maintes tergiversations entre les vivants et les morts.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • La transmutation – 1

    Encore un rêve vraiment débile, suite à ces élucubrations
    Que je parcours à la radio et que j’entends dans le journal ;
    Je me suis retrouvé immobile en train de faire mes ablutions
    Tout habillé comme un idiot pour un baptême nocturnal.

    Je sais que c’était un baptême car un ange m’a tendu la main
    Et m’a invité à le suivre et vivre une nouvelle vie.
    Ne voyant aucun chrysanthème, j’optai pour prendre le chemin
    Dans lequel je pourrais poursuivre mon existence et son suivi.

    Et je fus transmuté en femme avec tout son équipement.
    « Hé là ! Je ne suis pas d’accord ! » m’écriai-je inopinément.
    « Pourquoi ? Trouves-tu cela infâme ? » me répondit-il vivement ;
    « Non, finalement, mais c’est mon corps qui me trouble opportunément ! »

    Tableaux de Thomas Bérard.

  • Baiser rosé à Paris

    Baiser rosé à Paris

    Baiser volé, baiser rosé, cueilli là à même tes lèvres
    Une nuit où je voyageais en projetant mon égrégore.
    Baiser hardi, baiser osé, audacieusement avec fièvre
    Goûté tandis que je nageais pour que mon âme se revigore.

    J’ai longtemps pris cette habitude de suivre les routes du cœur ;
    Parcourir la carte du tendre à bord d’un véhicule astral.
    Hors du temps et sa platitude, hors de l’espace alambiqueur
    Qui m’empêchent de voir et entendre un coup de foudre magistral.

    C’est sur ce balcon parisien que j’ai trouvé mon âme-sœur
    Qui, attirée par ma présence, a ouvert la porte-fenêtre,
    Cherchant un prince vénusien qui lui apporte quelques douceurs
    Comme un baiser de complaisance porteur d’une aventure à naître.

    Tableau de Marco Barberio.

  • Ma semaine etc.

    Ma semaine etc.

    Lundi, je m’envole ;
    Mardi, je survole ;
    Mercredi, je prends l’autocar.
    Jeudi, l’escalier ;
    Vendredi, faut rallier
    Samedi à minuit moins l’quart.

    Lundi, recommence ;
    Mardi, ça avance ;
    Mercredi, on me tire l’oreille.
    Jeudi, j’en ai marre ;
    Vendredi, je me marre ;
    Samedi, c’est toujours pareil.

    Lundi, c’est la chute ;
    Mardi, la rechute ;
    Mercredi, sept mois en enfer.
    Jeudi, ça remonte ;
    Vendredi, je surmonte ;
    Samedi, une santé de fer.

    Lundi, c’est l’éveil ;
    Mardi, je m’réveille ;
    Mercredi, j’ouvre le couvercle.
    Jeudi, en avance ;
    Vendredi, quelle chance ;
    Samedi, j’ai quitté le cercle.

    Lundi, par bravade ;
    Mardi, je m’évade ;
    Mercredi, vers d’autres pays ;
    Jeudi, les montagnes ;
    Vendredi, je bats la campagne ;
    Samedi, je suis ébahi.

    Lundi, c’est dimanche ;
    Mardi, c’est dimanche ;
    Mercredi, c’est toujours dimanche.
    Jeudi, c’est dimanche ;
    Vendredi c’est dimanche ;
    Samedi, c’est toujours dimanche.

    Illustration d’Olga Siemaszko.

  • Coiffures lumineuses

    Les créateurs pourraient aller ailleurs, sans tambour ni trompette,
    Se rhabiller quand sonne l’heure des vrais changements de saison.
    Car on s’sait qui s’est installé, tranquille aux commandes des tempêtes,
    Pour relâcher autant de leurres dans la nature sans raison.

    La nuit tous les cheveux sont gris que les songes mettent en couleurs
    Avec des fleurs d’intensité variable selon les rêves.
    Parfois si le temps s’est aigri, ils laissent place aux cauchemars
    Avec des peurs d’immensité fort heureusement assez brève.

    Vers minuit sous la pleine Lune, les racines se développent
    Créant une miscellanée de flammèche et mèches emmêlées.
    Et si la nuit est opportune, de petits reflets interlopes
    En feux follets instantanés brilleront d’un ciel constellé.

    Déesse sage, Dame Minerve, reste maîtresse de nos tresses,
    En aval des queues de cheval et en amont des beaux chignons.
    Que le cuir chevelu s’innerve, les cheveux soient moins en détresse
    Et que le culte minerval nous fasse paraître plus mignons.

    Tableaux de Hayk Shalunts.

  • Coiffures de saison

    L’hiver est doux comme un printemps qui retient encore ses flocons,
    Les perce-neiges ne savent plus s’il faut percer ou s’ignorer
    Et les coiffures en font autant en retombant sur les balcons
    Des poitrines qui ont tant plu que les saints les ont honorés.

    Le printemps cuit comme un été qui rôtit sous la canicule,
    Les coquelicots hésitent encore à s’ouvrir ou se refermer
    Et les coiffures viennent téter l’humidité qui s’accumule
    Entre les replis sur le corps gorgés de sueur renfermée.

    L’été pluvieux comme un automne qui se mélange les couleurs,
    Les feuilles se tâtent pour tomber ou pour rester sous les feuillages
    Et les coiffures monotones frisent sous l’effet d’enrouleurs
    Tout autour des mèches bombées par cet humide maquillage.

    L’automne est froid comme un hiver qui s’annonce un peu trop précoce,
    Les champignons sous leurs bonnets de nuit ensemble se regardent,
    Cheveux, chignons les plus divers, tresses et nattes se cabossent
    Et les coiffeurs sont abonnés à une mode d’avant-garde.

    Tableaux de Hayk Shalunts.

  • Le songe d’une nuit d’automne

    Le songe d’une nuit d’automne

    Cette année, l’automne est perplexe ; l’été n’a même pas résisté.
    D’habitude il revendiquait son été indien dévolu.
    Il s’en est allé sans complexe, sans même essayer d’insister
    Ni faire un geste qui indiquait que son temps était révolu.

    L’automne ayant toute la nuit, elle prépare le terrain.
    Elle rêve, songe et imagine comment rattraper le marasme
    Car elle a vu ce qui l’ennuie : L’été qui était son parrain
    S’est même montré misogyne envers Gaïa avec sarcasme.

    En ce qui concerne les troupes, pluies et tempêtes sont au top
    Mais le Soleil très affaibli et la Lune en monochromie.
    Il va falloir faire des groupes pour conserver au biotope
    Ce qui était préétabli mais qui lui semble compromis.

    Tableau d’Armelle Colombier sur https:www.artmajeur.comarmellecolombierfr?view=grid&epik=dj0yJnU9NXlURWVjLTlDNWpqNDVUY3J5RFRVUjVQWHRoX09keFgmcD0wJm49Zk5mdklMRHBnYzZvZzdpeVIwLVhVdyZ0PUFBQUFBR2JqNzQ4 .

  • La passation de pouvoir

    La passation de pouvoir

    Bien que personne ne l’ait élue, l’automne va prendre le pouvoir ;
    L’été dissout son ministère de la chaleur pour une année.
    Quand tu seras partie, salue le printemps qu’on n’a pas su voir
    Et dont l’effet reste un mystère dont il ne s’est pas pavané !

    Pour le costume de fonction, pas de changement à prévoir ;
    Si l’été s’habillait de gris, l’automne suit la tradition.
    Lorsque se fera la jonction, sans doute qu’on verra pleuvoir
    Tous ceux qui regrettent, aigris, cette saison de transition.

    De transition car c’est un fait, l’été était un imposteur ;
    Une saison parachutée par des dieux fourbes et méchants.
    La décision a pris effet dès qu’on a mis au composteur
    Les semences crapahutées qui se sont pourries dans les champs.

    Tableau de Daria Endresen sur https:scene360.comart102404daria-endresen .

  • L’esprit en escalier

    Toute la vie que l’œil perçoit descend l’escalier des mémoires
    Et en remontent des problèmes non résolus dans chaque rêve.
    L’ennui auquel le cœur sursoit et qu’il enferme dans ses armoires
    Revient la nuit dans l’âme blême qui s’y replongera sans trêve.

    La tour de la moelle épinière s’apparente à la vis sans fin
    Qui pousse les coups de pieds reçus vers l’esprit qui tarde à apprendre.
    Les maux dans cette pépinière progresseront jusqu’aux confins
    Tant que je n’aurai le dessus sur ce qui est dur à comprendre.

    Quand je montais chez mon psychiatre l’escalier en colimaçon,
    J’avais cette vue imprimée d’un développement encenseur.
    Malgré mes obstacles opiniâtres qui finissent en queue de poisson,
    Je laisse mon cœur s’exprimer en utilisant l’ascenseur.

    Photos de Sergio Feldmann.

  • Réécrivons l’histoire

    Les soviétiques nous ont montré comment réécrire l’histoire,
    Comment effacer d’un cliché un personnage indésirable.
    Dans les romans sont démontrées les mêmes idées rédhibitoires
    Envers la mémoire affichée dans les ouvrages vulnérables.

    Après les années quatre-vingt-dix, ils sont nés avec internet
    Et n’ont pas besoin qu’on les aide avec notre vieux vingtième siècle.
    D’une étude plus approfondie sur les échos de la planète,
    Il ressort que la Génération Z n’obéit qu’aux nouvelles règles.

    On a révisé les programmes scolaires ainsi que les niveaux ;
    On change les valeurs morales pour des valeurs économiques.
    La vie devient un psychodrame mais comme on formate les cerveaux,
    L’ancienne humanité orale tombe dans le puits technologique.

    Collages de Toon Joosen sur www.theinspirationgrid.comamusing-collages-by-toon-joosen .

  • La chambre noire de lumière

    La chambre noire de lumière

    De retour dans sa chambre obscure éclairée par ses souvenirs,
    Vincent projetait les images qu’il avait perçues aujourd’hui.
    De gloire, il n’en avait cure car il savait qu’à l’avenir
    Le monde lui rendrait hommage sur tout ce qu’il avait produit.

    En attendant jusqu’à sa mort, il baguenaude en solitaire,
    Semant ses graines impressionnistes dans ses champs de blés encadrés.
    Il agit comme un matamore parcourant autour de la Terre
    La nature exhibitionniste aux couleurs qu’elle a engendrées.

    Il n’est pas mort, il dort derrière ses champs de tournesols dorés ;
    Il ne dort pas, il veille encore sur les étoiles en dévotion ;
    Il est reparti en arrière dans les ruelles décorées
    Trouver le ton qui édulcore la couleur de ses émotions.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • L’amertume impressionnante

    L’amertume impressionnante

    Trois soleils d’or illuminaient le crépuscule impressionniste
    Car Vincent ne voyait pas trois mais quatre, cinq et six dimensions.
    Quant aux couleurs qui dominaient, elles étaient opportunistes
    Pour passer par le filtre étroit dont son cœur a la prétention.

    Prétention de voir au-delà du paysage instantané
    Et de percevoir à travers le rideau de réalité.
    Orgueil d’entendre a capella le chœur d’étoiles spontané
    Qui chante le monde à l’envers dans toute sa sensualité.

    Du corps resté sur le ponton, du cœur voguant à l’horizon,
    De l’âme au-delà de la mer, il a l’esprit de ses treize ans.
    La bouche pleine de plancton, l’œil évadé de sa prison
    Et le nez dans le vent amer, il goûte le moment présent.

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Numériquement femme

    « J’en ai rêvé, Sony l’a fait » disait une publicité
    Promettant de réaliser l’un de nos rêves les plus chers.
    Mais ils étaient trop imparfaits car n’étant que duplicité
    De jouets idéalisés manquant de substance et de chair.

    Depuis je rêve de robots, d’intelligence artificielle,
    De partenaire programmée au code du Kâmasûtra.
    Prévert disait que « c’est trop beau pour être vrai » mais grâce au ciel
    « L’amour sentira le cramé » ainsi parlait Zarathoustra. †

    Quand viendra la femme numérique, son premier geste spontané
    Sera de virer la version obsolète et la remplacer
    Par celle d’un mâle générique remplaçable et instantané
    Qu’on range à la moindre aversion pour une remarque déplacée

    † Contrairement aux 2 premières citations, je ne suis pas sûr de la 3ème mais cela m’arrangerait bien.

  • Peau de café

    À la fois chaude et envoûtante, j’aime tant l’odeur de sa peau
    Que j’en abuse dans son lit à m’en électriser les nerfs.
    Tellement rare et déroutante que j’en perds même le repos
    À trop humer à la folie son arôme extraordinaire.

    À la fois douce, sucrée, amère, j’aime tant goûter sa saveur
    Que je m’enivre de son corps jusqu’à l’overdose des sens.
    Un préliminaire éphémère suffit à briguer ses faveurs
    Qui m’accordent encore et encor un orgasme de toute puissance.

    À la fois visuelle et tactile, j’aime toucher avec les yeux
    La robe brune de sa chair et l’observer avec mes doigts.
    Protubérance rétractile et orifices délicieux
    Exauce mon vœu le plus cher de la chérir comme il se doit.

    Tableaux de Wendy Artin.

  • Miss Météo, la vierge sage

    Miss Météo, la vierge sage

    Elle a pris son parapluie rouge… Miss Météo deviendrait sage ?
    Sans doute a-t-elle assez pleuré hiver, printemps et tout l’été ?
    Lorsque, à ce point, les choses bougent, c’est sans doute un mauvais présage
    Qui annonce, faut pas se leurrer, des catastrophes répétées.

    Ou alors, soyons optimiste, si Miss Météo se découvre
    Profitons-en pour admirer ses jolies jambes et la flatter.
    Ou encore, soyons pessimistes, si nous voyons qu’elle se recouvre
    Hommes et femmes, vous frémirez quand sa colère va éclater.

    Je propose que le Président l’invite un jour à l’Élysée
    Et la nomme au gouvernement ministre du temps adéquat,
    Avec permis de résident permanent et fidélisé.
    Le temps n’sera pas plus clément mais au moins on saura pourquoi.

    Tableaux de Paul Kelley.

  • Chaude lapine et Fauve Loup – 2

    Quel avenir après l’amour que toutes traditions séparent ?
    On ne peut plus rentrer chez soi car rien ne sera comme avant !
    Les belles familles en désamour face au mal que rien ne répare
    N’auront jamais, quoi qu’il en soit, de regard comme auparavant.

    Même les étoiles dans le ciel ne donnent de bonne réponse ;
    L’astrologie et la voyance n’offrent que de vaines objections.
    Le libre arbitre reste essentiel ; soit on choisit, soit on renonce,
    Mais il faut bâtir sa confiance et suivre ses propres projections.

    On ne voit pas toujours le lien qui unit à jamais deux cœurs ;
    Cette cinquième dimension qui replie l’espace et le temps.
    La force de cet hyperlien, au-delà de toute rancœur,
    Résiste à toutes les tensions par son pouvoir omnipotent.

    Illustration de Chiara Bautista sur https:beautifulbizarre.net20140623chiara-bautista-love-sings-paper-interview .

  • Miss Météo, la vierge folle

    Ce dernier hiver, déjà folle ; au printemps sa folie fleurit,
    Cet été, c’est du gros délire… J’appréhende à peine l’automne…
    Miss Météo, je crois, raffole de tempêtes et de temps pourris
    Et je suis d’accord pour l’élire Manneken-Pis. Ça vous étonne ?

    Sans cesse entre deux mauvais temps, jamais Miss Météo n’oublie
    D’ouvrir son parapluie en grand et le refermer s’il fait beau.
    Mais si le ciel paraît végétant c’est qu’elle est un peu affaiblie
    Ou bien qu’elle a, détail flagrant, les deux pieds dans le même sabot.

    Combien de temps va donc régner Miss Météo, la vierge folle ?
    C’est à notre planète de répondre mais vu comment on l’a traitée,
    On va devoir se résigner à voir son cul qui batifole
    Sur les nuages en train de pondre la prochaine averse apprêtée.

    Tableaux de Paul Kelley.

  • Chaude lapine et Fauve Loup – 1

    Loup affamé n’a pas d’oreille sauf s’il est en manque d’amour ;
    Chaude Lapine n’a de raison que pour attirer son vainqueur.
    Rencontre à nulle autre pareille n’aurait jamais manqué d’humour
    Si un coup sans comparaison n’avait foudroyé leurs deux cœurs.

    À première vue, Chaude Lapine devrait bien sûr craindre le loup
    Mais un air de « Belle et la Bête » planait sous le ciel étoilé.
    Comme une rose sans épine d’une Juliette aux pieds jaloux,
    Elle s’est élancée à tue-tête vers son Roméo dévoilé.

    La bête fauve était avide de nourrir sa concupiscence ;
    Chaude Lapine était féconde et, d’une lascive caracole,
    S’offrît à lui, tout impavide devant sa farouche puissance
    Et vit passer en une seconde sa descendance cunicole.

    Illustrations de Chiara Bautista sur https:beautifulbizarre.net20140623chiara-bautista-love-sings-paper-interview .

  • Dimanche soir

    Dimanche soir

    Qui a inventé la semaine de sept jours à répétition ?
    Les sept jours de la création ? Les sept planètes du système ?
    Par quel étrange phénomène a-t-on fait cette partition,
    Sans doute à l’appréciation des anges ou démons post-mortem… ?

    Si hier dimanche était stressant, aujourd’hui il n’est qu’échéance ;
    Si hier je maudissais lundi, aujourd’hui n’est plus opprimant.
    Rien n’était aussi oppressant que l’uniforme doléance
    De cette damnée parodie de Sisyphe à son châtiment.

    Dimanche soir, tout est fini ou plutôt Saturne se suspend,
    Juste le temps de l’émotion qui a dominé sa semaine.
    Un interlude presque infini pour un apéro décrispant
    Où j’en oublie la dévotion à cette tradition humaine.

    Mais comme j’aspire à me battre dans ce fichu monde complexe,
    Alors le dimanche je trinque à l’amour et à l’amitié.
    Je laisse le soin d’en débattre à mon auditoire perplexe
    Qui, pour peu que je l’en convainque, trinque avec moi à satiété.

    Tableau d’Andreas Grutza.

  • Dimanche matin

    Dimanche matin

    Lorsque le dimanche matin commence au petit-déjeuner
    Par des tableaux d’exposition issus de ma muse en couleur,
    Je sais, sans perdre mon latin et sans trop m’être surmené,
    Qu’elle est à ma disposition pour nous évader sans douleur.

    Je vois dans son chapeau fleuri des révélations sur l’histoire
    Et, dans son regard azuré, des aventures valorisables.
    Dans son corsage, la diablerie qui tire de façon notoire
    Ma folle envie de m’assurer que son cœur est inépuisable.

    J’ai porté sa coupe à mes lèvres et j’ai sitôt connu l’ivresse
    Qui ouvre les portes de l’âme vers les amours universelles.
    Je l’ai embrassée avec fièvre et avons couru d’allégresse
    Vers des cieux où nous survolâmes l’extase qui nous ensorcelle.

    Une vieille chanson dans ma tête me dit qu’il ne faut pas s’en faire
    Et profiter des bons moments pour évacuer sa rancœur.
    Et ce « Carpe Diem », je le tète au sein qui sait me satisfaire :
    Celui de ma muse me sommant de rire et jouir de bon cœur.

    (Tableau de Jeramondo Djeriandi et la dernière strophe est inspirée de la chanson de Maurice Chevalier :
    « Dans la vie faut pas s’en faire. Moi je ne m’en fais pas. Toutes ces petites misères seront passagères, tout ça s’arrangera ! Je n’ai pas un caractère à me faire du tracas. Croyez-moi sur Terre ; faut jamais s’en faire. Moi je ne m’en fais pas ! ».)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Que ne suis-je elficologue !

    Ah, Que ne suis-je elficologue initié à faire connaissance
    Avec le peuple des forêts, farfadets, fées, lutins et elfes !
    Ah, que ne suis-je psychologue pour pénétrer avec aisance
    Dans les fissures phosphorées des murs de l’oracle de Delphes !

    J’interrogerais la Pythie, grande prêtresse d’Apollon,
    Et je consacrerais ma vie à transcrire ses prédictions.
    Grands cerfs, élans et wapiti, parlant par les vents d’aquilon,
    M’insuffleraient l’âme ravie de leurs saintes bénédictions.

    J’ai alors entendu ma muse rire aux éclats effrontément
    Et se montrer à découvert en me lançant abruptement :
    « Est-ce que tu crois que je m’amuse à te souffler profondément
    Ce que tu écris dans tes vers si ce n’est cela justement ? »

    Illustrations de Voltairis sur https:voltairis.artstation.com .

  • D’où viens-je, où vais-je et pourquoi faire ?

    J’ai de la peine à remonter les souvenirs les plus diaphanes
    De ma mémoire translucide dans le brouillard de mes pensées.
    L’effort trahit ma volonté et mon action devient profane
    Car si mon regard est lucide, je n’en suis pas récompensé.

    Hélas la fonction primitive de mon langage formaté
    N’existe ni dans mon cerveau mais dans les gènes enracinés.
    Toutes réflexions intuitives auxquelles je suis acclimaté.e
    Se perdent dans un écheveau de théories hallucinées.

    Finalement à quoi ça sert de partir à contre-courant
    Tandis que vivre au fil de l’eau devient un voyage agréable ?
    Sans doute une mort nécessaire vers mes objectifs concourants
    Me délivrera à vau-l’eau ces vérités impénétrables.

    Illustrations de Kim Roselier sur https:www.kimroselier.comJalouse-x-Marc-Jacobs .

  • Le cœur en balance

    Le cœur en balance

    Lorsque ton cœur est en balance comme un pendule qui oscille,
    Ne laisse pas agir le temps comme conseiller de ta vie.
    Sans doute en d’autres circonstances il peut se révéler docile
    Mais en amour c’est important de ne pas quêter son avis.

    Boire ou conduire, il faut choisir entre déboires et désirs
    Or essayer les deux chemins que font les deux cartes du tendre
    Permet de goûter à loisir et comparer tous les plaisirs
    Mais gare aux traquenards humains qui tôt ou tard se font attendre.

    L’instinct, la raison et le cœur se font ensemble du corps-à-corps
    Et lorsque le train se présente on peut hésiter à le prendre.
    Un coup d’audace sera vainqueur de ce dilemme en désaccord ;
    Seule une petite voix séduisante connait la voie à entreprendre.

    Le seul problème que je connais pour entendre la petite voix
    C’est qu’elle ne retentit alors qu’en cas d’une extrême souffrance.
    C’est bonnet blanc et blanc bonnet, le paradoxe dans le choix ;
    Le bonheur n’est pas indolore jusqu’à l’ultime délivrance.

    Tableau de Michael Whelan sur https:www.michaelwhelan.com .

  • Aux jumelles Coquelicot

    Dans la famille Coquelicot, mes filles de joie préférées
    Ne sont pas celle que vous croyez mais deux jolies fées délurées
    D’esprit vif, elles viennent illico fleurir nos champs et proférer
    Un bel été à s’octroyer au rouge sang peinturluré.

    Rouge sang car il faut le dire, la fécondité des jumelles
    Est telle que la Terre entière rougit d’un air concupiscent.
    Et la Nature est en délire de les voir brandir leurs mamelles
    Pour aller nourrir sans frontières nos talus d’un lait rougissant.

    Les filles de joie nous disent adieu, l’été est bientôt terminé ;
    Demain, les sœurs colchiques iront colorer de mauve nos prés.
    Quand s’abaissera l’astre radieux dans un ciel indéterminé,
    Tous ensemble nous remercierons nos si jolies fleurs empourprées.

    Illustration de Rococo Revivalis.

  • Le pendule du cœur

    À la recherche de l’amour ? Mettez votre cœur en pendule
    Et regarder-le osciller, observez bien le mouvement ;
    S’il reste neutre comme un poids lourd ou qu’un va-et-vient se module,
    L’instant est inapproprié pour obtenir un dénouement.

    Mais s’il commence à balancer en petit cercles qui s’agrandissent,
    Il trace alors une spirale qui va délivrer sa surprise.
    Lors il est temps de se lancer afin que les sens d’attendrissent
    Dans la direction sidérale juste au moment du lâcher prise.

    Après il suffirait d’attendre le prince charmant désigné
    Mais cela peut prendre du temps et pour le cœur, c’est dévastant.
    L’entrée de la carte du tendre a le temps de se résigner
    Si jamais l’amour débutant ne se réveille pas à temps.

    Tableaux de Michael Whelan sur https:www.michaelwhelan.com .

  • Des sœurs Coquelicot

    Les quatre sœurs Coquelicot accusent un retard cette année ;
    Hiver pourri, printemps pourri et été tardif plaident coupables.
    Même les pays tropicaux dénoncent des saisons surannées
    Et des pluies qui ont trop nourri les sols d’un mode irrattrapable.

    Les coquelicots en juillet et les fraises des bois en août ?
    Les quatre sœurs sont-elles folles ou complètement déréglées ?
    Si quelqu’ange pouvait appuyer sur un bouton alors sans doute
    Verrions-nous les fleurs dont raffolent nos vaches qu’on entend meugler.

    Mais cette année, c’est Saint-Médard à qui les sœurs ont confié
    L’arrosage prédéterminé à inonder tout ce qui bouge.
    Il faudrait renvoyer dare-dare cet ange à l’esprit liquéfié
    Déterminé à nous miner nos champs des belles vagues rouges.

    Puisqu’un vilain temps a violé les quatre sœurs désespérées,
    Dieu n’a pas besoin de prière pour jeter l’opprobre en pâture.
    Il est temps de patafioler tous ces touristes invétérés
    Et leurs avions de misère pour reconquérir la Nature !

    Illustrations de Rococo Revivalis.

  • Rencontre instantanée

    Rencontre instantanée

    Vous connaissez certainement les images subliminales
    Qui n’apparaissent qu’une fraction de microseconde à vos yeux
    Qui ne voient pas l’évènement ; cependant seule l’encéphale
    A enregistré son action dans son subconscient fallacieux.

    Le marchand de rêves a glissé dans les miens la femme parfaite
    Que je connais sans l’avoir vue mais dont ma conscience résonne.
    Entre mes lobes, elle a plissé sa photographie stupéfaite
    Comme un origami prévu pour que mon âme l’arraisonne.

    Lorsque je rencontre une femme dont la silhouette coïncide
    Avec le modèle caché dans les replis de mon cortex,
    Mon cœur subit un choc infâme, un coup de foudre extralucide,
    Auquel il cherche à s’attacher comme attiré par un vortex.

    Tableau de Fabien Clesse.

  • Ras la queue !

    Ras la queue !

    « Ras la queue ! » se dit la souris attrapée illico presto
    Par Mistigri, le chat gaillard qui la guettait sur le lino.
    « Dieu, quelle existence pourrie que devoir servir de resto
    À tous ces matous rondouillards pour leurs besoins intestinaux !

    Sauf que le chat est difficile, joueur et plein de cruauté
    Et ne tue que pour s’amuser ; c’est le plus fort, c’est le pacha.
    Notre vie serait moins facile au sein de la communauté
    Si les souris désabusées trouvaient comment tuer le chat.

    Pot de terre contre pot de fer, tel est le lot de la souris
    Qui, elle, n’a pas de religion pour devoir accepter son sort.
    Les humains, c’est une autre affaire ; la règle du jeu est pourrie
    Si les femmes-souris sont légion, les hommes-chats sont toujours plus forts.

    Illustration d’Ota Janecek.

  • L’ensemencement

    Du chariot, il y a longtemps, un ange a fait verser le lait
    De la Voie Lactée qui bouillait sans surveillance évidemment.
    Et Dieu, qui n’était pas content, a dû corriger sans délai
    Ce désastre qui barbouillait la Terre vierge incidemment.

    Prenant la Lune comme éponge, il a enlevé le plus gros ;
    La tache étant indélébile, il s’est mis à improviser.
    Enfin, avec un gros mensonge dans les documents intégraux,
    Et des paraphrases volubiles, il a tout désynchroniser.

    La coupe est pleine, il faut le dire ! Et depuis le Graal s’est vidé
    De la vérité tout entière et toute son interprétation.
    Mais de peur de me faire maudire par Dieu, je vais donc éviter
    D’en dire plus sur la manière dont s’est passée la création.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https:arts.centerukOlegShupliak .

  • Le puits de lumière

    Il existe un puits de lumière ouvert sur l’espace infini
    Mais le voir me pose un problème car il faudrait alors trois yeux.
    Les dimensions, de la première à la troisième définies,
    Mettent en évidence un dilemme : l’accès à la porte des cieux.

    La quatrième dimension est en effet indispensable
    Pour percevoir le grand secret de l’univers et ses coulisses.
    Un troisième œil en extension aurait été affranchissable
    Pour connaître le sens sacré de Dieu et ses anges complices.

    La métaphore ésotérique qui, au-delà des yeux physiques,
    Donne la connaissance de soi, permettrait symboliquement
    De voir les substances éthériques, invisibles et métaphysiques
    Et remettrait à jour la foi en Dieu scientifiquement.

    Tableaux d’Oleg Shupliak sur https:arts.centerukOlegShupliak .

  • Danse comme un oiseau

    Un petit couple de danseurs vient fréquemment sur mon balcon
    Pour danser mille pirouettes sur la piste de ma rambarde.
    Leurs petits muscles extenseurs s’élancent en mouvements abscons
    Et de multiples girouettes de galipettes furibardes.

    Ils n’ont d’autre public que moi mais ils sont tellement timides
    Qu’à la moindre démonstration de mon intérêt, ils se sauvent.
    Ils s’apprivoisent au fil des mois ; bientôt à la saison humide
    J’aurai une argumentation à les protéger des pluies fauves.

    En attendant, leurs bonnets rouges reviennent toujours matin et soir
    Pour se produire sur la terrasse ou dans un ballet aquatique.
    Silence ! Que personne ne bouge ! Allez doucement vous asseoir
    Les voici d’une humeur vorace dans leurs menuets drolatiques.

    Tableau de Lorenzo Mattotti.

  • Quand il y a du rire dans l’air

    Quand il y a du rire dans l’air

    Quand il y a quelque chose dans l’air, je suis la première à l’entendre
    Lorsque l’atmosphère prête à rire ou plutôt à se lamenter.
    Quant à me plaire ou me déplaire, ne sachant pas à quoi m’attendre
    Mieux vaut à l’imprévu sourire que subir sans parlementer.

    S’il y a de la rumba dans l’air, j’en ai les jambes qui l’attestent
    Et s’il y a de l’eau dans le gaz, j’en ai les oreilles qui sifflent.
    S’il y a de l’émeute populaire, j’en ai le bras qui manifeste
    Et s’il y a du blues dans le jazz, j’ai la java qui m’écornifle.

    Sans doute un jour, ces particules qui virevoltent à mots couverts,
    – Petits angelots sans parole, petits démons sur leurs séants –
    Accepteront que j’articule parmi leurs rangs mes Reflets Vers
    Qui suivront le cours des rigoles pour retourner à l’océan.

    Tableau de Jeramondo Djeriandi.