Les maladroits, les trop osés, les non satisfaisants, les « à revoir » et tous ceux qui auraient sans doute dû finir à la poubelle.
Ils n’ont pas été choisis. Trop vifs, trop mous, trop bruts, trop flous.
Mais ils sont là. Fragments d’élan, chutes de vers, éclats d’essai.
Ils ne brillent pas toujours… mais parfois, ils clignent de l’âme.
Dans un champs de blé rouge-sang, j’ai levé un doute qui m’effleure : « Pourquoi la Nature associe le coquelicot à la joie ? » Mon raisonnement rougissant d’une femme au milieu des fleurs Saura le montrer sans souci et devrait vous laisser sans voix.
Si j’accumulais les papiers de mes poèmes mis bout-à-bout, Peut-être écriraient-ils l’histoire d’un gars dans sa vallée de larmes. À condition de les copier dans le bon ordre et avec goût Ou je cours le risque notoire d’en gâcher l’attrait et le charme.
Un petit sourire mutin accroché au coin de ses lèvres Laisse présager une intrigue au cours de cette tea-party. Bien sûr, n’importe quelle putain essaierait de lever son lièvre Mais celle-ci, elle investigue pour trouver le meilleur parti.
Toute nue, sous un léger voile, la femme montre son ambition Et saurait décrocher la Lune, rien ne lui paraît impossible. Déjà, elle s’accroche aux étoiles mais le but de l’exhibition Semble une astuce opportune pour braver le mâle impassible.
Entre la Vénus de Milo et la Victoire de Samothrace, Les femmes perdent souvent la tête, les bras les ailes et tout le reste, Mais elles perdent des kilos sans qu’on n’en retrouve une trace. Quant aux hommes, ce qui les embête, c’est de n’ plus avoir la main preste.
Hier, le Renard est dans les choux, aujourd’hui il est dans les roses. Son combat d’avec le corbeau risque de tourner au désastre. Depuis trop longtemps qu’il échoue à découvrir le pot-aux-roses, Il s’est pris des procès-verbaux qui lui ont coupé l’épigastre.
Or tout ce trafic de fromages qui dès lors lui passent sous le nez Lui est tant monté à la tête qu’aujourd’hui encore, il déprime. Aussi je propose en hommage, tellement il s’est surmené, De lui retirer son enquête en échange d’une forte prime.
Maintenant qu’il s’est fait un nom inséré dans la société Et qu’il chante sans le savoir comme le bourgeois gentilhomme, Sa manufacture en renom nous confectionne à satiété De bons fromages du terroir, renommés dans tous le royaume.
Hélas, un policier jaloux – un certain inspecteur Renard – Cherche à révéler au grand jour son passé de maître-chanteur. Avec une bande de loups, il lui fomente un traquenard Mais patience ! Il peut toujours se faire traiter de menteur.
Le jeu doit plaire à l’ingénue car elle en joue et en rejoue À se promener sous le voile cachant l’intime nudité Avec l’ombre qui atténue et la lumière qui déjoue La transparence de la toile à travers sa solidité.
Mais elle s’offre à la demande au soleil et au clair de lune Selon l’envie de la caresse ou le degré de pénétration Car elle compose et elle commande – c’est ce qui lui fait sa fortune – Par son corps nu d’enchanteresse à l’homme son inspiration.
Tu te sens étranger sur Terre, inadapté à notre monde ? Tu n’as simplement pas croisé celui qui fera ton portrait. Porte-toi plutôt volontaire en t’inspirant de la Joconde Et là, tu pourras pavoiser dans une ébauche d’art abstrait.
Maître Corbac, un peu déçu et mal à l’aise dans ses bottes, Cherchait en vain une réplique pour défier Maître Goupil. Ses ailes noires en pardessus avec la queue en redingote Faisait ressembler sa supplique à celle d’un clerc volubile.
Mais il ne trouva rien à dire malgré son soi-disant ramage ; Preuve que croasser dans les champs n’a qu’une portée scolastique. Alors le corbeau de prédire qu’il veillerait que son fromage N’aurait pas d’arôme alléchant mais confiné dans du plastique.
Lorsque tu vois tes convictions basculer sur ton horizon, Quand tu vois le diable à l’église plutôt que Dieu dans sa chapelle, Lorsque tu sens tes addictions t’enfermer comme une prison, Plutôt qu’une psychanalyse, fais-toi la piqûre de rappel.
J’attendais l’aube au carrefour sous les feux rouges de la nuit, Guettant les premières lueurs sur les limites du comté. L’orange m’annonce le jour qui va me tirer de l’ennui Et quand le vert sonnera l’heure, éclora mon jour de bon thé.
Voici le feu qui fait bouillir la brume humide des forêts Que l’ardent soleil ébouillante en haut des cimes dentelées. C’est le moment de recueillir quelques-uns des rayons dorés À plonger dans l’eau frétillante avec un nuage de lait.
Abritées sous un parapluie d’arc-en-ciel, d’eau et de lumière, Trois sirènes métamorphosées par une envie qui les affame. Comment le miracle est produit ? Une vieille légende des chaumières Dit que lorsqu’elles sont arrosées, le poisson se transforme en femme.
Quand ses halètements se voilent et se transforment en cris puissants, Son amant, le vent, la caresse à lui en faire perdre la boule. L’oiselle sans plume et à poil se balance en se réjouissant De ces courants d’air qui l’agressent et lui donnent la chair de poule.
Dans mon petit phare-nid-antre, je crie mes « Hip hip hip hourra ! » Tant il semble une tour d’ivoire bien défendue et isolée. Et j’y prolonge le farniente autant que faire se pourra. Que voulez-vous ? C’est mon histoire, mon tombeau et mon mausolée.
Jusqu’à ce que je me réveille de cette hypnotique torpeur Qui me fait entendre des voix qui me parlent de l’intérieur. Voici qu’un poisson m’émerveille, qu’un coup de vent chasse mes peurs, Le brouillard dégage la voie et je retourne à l’extérieur.
Sur la patinoire glacée à la fraise et à la pistache, Tous les spectateurs condensés étaient ébahis dans l’étable De voir la grâce que déplaçaient les patins de la grosse vache Et les pis à lait qu’ont dansé les figures les plus délectables.
Ce n’est pas l’homme qui tend l’oreille, plutôt l’oreille qui tend l’homme Et ce sens, le plus archaïque, nous prévient de toute incidence. Ainsi lorsque nos appareils émettent une sonnerie fantôme, C’est l’adaptation prosaïque de la moderne dépendance.
Par-dessus l’épaule velue, pelotonné dans sa fourrure, J’ai lu toutes les aventures des vieilles bandes dessinées. Quand plus tard je les ai relues c’était avec la déchirure D’avoir délaissé la monture que m’accordait mon vieux minet.
Un maquillage en trompe-l’œil fera-t-il fuir, fera-t-il peur ? Attirera-t-il les regards, fera-t-il tomber sous le charme ? Mathématiquement le seuil entre la grâce et la stupeur Est proportionnel à l’écart entre les rires et les larmes.
J’aime m’inventer des histoires sapides d’absurde impossible Comme Napoléon et Joséphine planant en canot sur la mer. Entre défaites et victoires, il se prélasse, l’air impassible, Elle, nue, tandis qu’il peaufine son prochain combat aux chimères.
À l’heure des premiers brouillards à la rencontre du soleil Les bateaux louvoient les eaux d’encre entre les ombres et la lumière. Alors j’admire ces gaillards debout sur le soir en sommeil Qui rentrent au port pour jeter l’ancre dans un spectacle de première.
Elle est venue la fleur aux dents pour me proposer l’aventure, Animée d’une faim d’amour sans doute éprise de boisson. Mais on n’est jamais trop prudent. Quand j’ai dégrafé sa ceinture J’ai bien vu sous un nouveau jour que tout finit en queue de poisson.
On voit souvent dans les maisons des signes qui ne trompent pas ; Un chat qui lit comme un potache et des rats de bibliothèques. Et comme il n’y eut pas de raison que moi-même je n’y coupas, J’en ai des spirales aux moustaches et la queue en crosse d’archevêque.
La femme descendrait de l’arbre porteur du fruit de connaissance Tandis que l’homme viendrait du singe selon à quel dogme on s’attache. Tout ça me laisse un peu de marbre car, depuis toutes ces naissances, On se creuse toujours les méninges pour la répartition des tâches.
Un peu étonné, je l’avoue, par la fille au bouquet de fleurs, Roses plantées dans les cheveux, l’air guilleret, l’air ingénu. Quand elle me donna rendez-vous chez elle – elle habitait Honfleur – Je répondis « ce que je veux va vous paraître saugrenu ! »
« Je voudrais écrire un poème en vous habillant de mes vers Sur la peau nue de votre corps avec l’amour qui en émerge. » Elle me répondit « je vous aime, vous et vos goûts un peu pervers, Mais permettez-moi tout d’abord de vous offrir ma page vierge. »
Sur son corps nu, juxtaposé, le trou du cœur de son ombrelle Filtrait le baiser de soleil pour un tatouage d’amour. Mais quelle audace fallait oser d’utiliser la fenestrelle Pour graver l’empreinte vermeil qui la parait d’un bel atour !
Une drôle d’idée assurément de peindre un clin d’œil au soleil Sous un plafond tout arboré d’une pinède en trompe-l’œil. Il semble le simple agrément qui accompagne le réveil Du dormeur aux rêves dorés à qui le jour fait bon accueil.
Elle paresse au pissenlit le temps d’une grasse matinée Puis, elle baptisera son lit d’un souffle vif et mutiné. Durant la saison des moissons, elle vivra se pourléchant D’un peu de rosée comme boisson et des blés d’or glanés aux champs.
Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue.
Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.
Gros daim des bois, grand cerf des monts et tous les autres cervidés, Arborez vos cornes ramifiées de vos plus étranges symptômes ! Faites place aux petits démons, les sylvidés, les corvidés, Pour le concert planifié des chants sacrés d’oiseaux fantômes.
Tableau de Barrett Biggers sur www.boredpanda.comstudio-ghibli-inspired-fan-art-paintings-oil-watercolor .
La lance, acérée comme un croc dont l’homme-loup a hérité, Rapide comme l’aigle blanc vole en suivant le sens du vent. La proie, sacrifiée sans accroc, cuira le repas mérité Dans le creuset d’un feu tremblant pour nourrir l’enfant survivant.
Tableau de Barrett Biggers sur www.boredpanda.comstudio-ghibli-inspired-fan-art-paintings-oil-watercolor .
J’arrive dans ma chambre nue, juste éclairée d’un luminaire, Que je me hâte d’embellir d’un roman de littérature ; Tout un univers saugrenu sort de ma source imaginaire Dont des fantasmes et des délires que la moralité rature.
Tableau de Lena sur www.boredpanda.comstudio-ghibli-inspired-fan-art-paintings-oil-watercolor .
N’ayez pas peur, ce n’est que moi, quand je demande à l’Univers De faire évoluer mon âme quel qu’en soit le prix à payer. Ce loup qui vous met en émoi, sorti des brumes de l’hiver, Ne représente que la flamme de l’épreuve du feu monnayée.
Tableau de Ross Tran sur www.boredpanda.comstudio-ghibli-inspired-fan-art-paintings-oil-watercolor .
Enfant, j’ai bien connu la peur qui me paralysait l’esprit ; J’avais l’impression de mourir et disparaître dans le néant. Jusqu’à ce qu’un jour la stupeur d’un accroc – sans doute prescrit – Me permette de découvrir de ne plus craindre les géants.
Alors, j’ai affronté la peur qui m’a outrepassé le corps Et j’ai senti dans tous mes os la souffrance d’être vivant. Après, sorti de ma torpeur, j’ai réalisé mon record ; Moi, le plus faible des roseaux, avait plié devant le vent.
« Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi. » Litanie contre la peur « Dune » de Franck Herbert.
Tableau de Vincent Belbari sur www.boredpanda.comstudio-ghibli-inspired-fan-art-paintings-oil-watercolor .
À la fois infinitésimal par rapport au grand Univers Et sur la frontière attestée avec l’infiniment petit. Ne suis-je donc qu’un animal qui meurt et nourrira les vers Ou l’enfant d’un dieu contesté par une démonopathie ?
En tout cas, le toucan, myope comme une taupe Parla toute la nuit à des bananes mûres. Et malgré le boucan des oiseaux nyctalopes, Il n’eut aucun ennui à dire dans un murmure :
« Ah mes jolies toucanes, que vous me semblez belles, L’odeur de votre arôme et vos petites mouches ! Venez dans ma cabane, ne soyez pas rebelles, Mon grand bec papillonne à vous tendre sa bouche ! »
Tandis que Shakes, ce bon docteur déshabillait les jolies femmes Pour le meilleur et pour le pire dans le secret du cabinet, L’abominable Mister Peare, arpentait les estaminets Pour se cacher de l’inspecteur qui surveillait ces lieux infâmes.
Il est des gens, je vous le jure, qui portent tout sur la figure. Toutes leurs histoires embarquées, sur leur front ridé, sont marquées. Un chagrin d’amour les rudoie et laisse aux yeux des pattes-d’oie. Seul, un poète pince-sans-rire leur tord la bouche d’un sourire.
Comme je vivais à l’écart du centre urbain que je déplore, J’ai convié tous les fêtards pour une collation légère. À l’instant muguet moins le quart, passé l’heure de la passiflore, Personne n’était en retard exceptée ma belle horlogère.
Tout comme les petits ruisseaux qui se rassemblent en rivières, Les puissants ont besoin de sots pour leurs carrières financières. Soulevez le bord des pyramides, vous y verrez tous ceux qui croient Que vivre une vie insipide représente leur chemin de croix.
Sur la toile bleue de mes rêves, elle vient tisser tous les soirs Quelques étoiles de bonheur tressées avec mes espérances. Parfois ma toile craque et crève et crée un trou de désespoir Dont elle me raccommode l’humeur par un bouton de délivrance.
Flagrant délit de lits de fleurs, la main dans le sac du semeur, J’aime le paysan naïf qui fait de l’art sans le savoir. Lui, il sait transformer les pleurs de toute une vie de labeur En champs de blé, champs de maïs, sans la nature décevoir.
Nimbée d’une aura de lumière des premiers rayons de l’aurore Sur un rêve de virginité qui se réveille au nouveau jour. Couleurs à travers sa crinière comme une gerbe de blé d’or, Honorent sa féminité comme une couronne d’amour.
Lis ta bible ! Lis le Coran, Veda, Tantras et les Sûtras ! Crains pour ta vie, crains pour ta mort, soumets-toi à nos traditions ! Moi, j’ai été déshonorant envers Dieu et Zarathustra ; J’ai pris, à raison ou à tort, la voie de la contradiction.
La faune s’adapte à la flore et l’ensemble aux quatre éléments Qui peignent les plus beaux rivages et sculptent les crêtes de schiste. Quant aux roches multicolores, les gazelles et leurs parements, Elles nous invitent au vernissage d’une Terre paysagiste.
Pendant le tonnerre qui gronde, Madame, fertile sous sa robe, Arrose de petites larmes son petit jardinet privé Jolie, mignonne, plutôt gironde, malgré Monsieur qui se dérobe, Entretient son jardin de charme lorsqu’elle se sent démotivée.
Les voilà pris dans ses filets de son lancinant somnifère Car la flûtiste vient d’entamer l’entrée de la « Flûte enchantée » Qui met l’auditoire enfilé dans les notes qui prolifèrent. Et le public de réclamer sa rémission désenchantée.
Tantôt Madame la Renarde consolera le honteux corbeau Qui s’est fait flouer par son comparse, Maître Renard, l’amant volage. Tandis que le coquin traînarde avec une gazelle-au-corps-beau, Nos pauvres dindons de la farce s’apaisent d’un batifolage.
Tableau de Christian Schloe sur http:pussycatdreams.centerblog.netrub-10-art-surrealiste-de-christian-schloe–6.html .
Méditer en Terre Sacrée, demande un arbre décoré D’un peu de guirlandes aux cœurs d’or et quelques étoiles au firmament. Le buste nu, la peau nacrée d’un peu de rosée des forêts, On fait silence puis, on s’endort et on contemple le moment.
Cet oiseau-là, je le connais, il est tombé à sein nommé Directement dans la pâture de Mademoiselle Nature. Tendrement, sans cérémonie, elle lui a apprêté son nid Dans une touffe aux environs, tassée au creux de son giron.
Le père de la reine Margot, nommé le roi des escargots, S’apprête à sortir sa mascotte et enfiler ses grandes bottes Car le temps se met à la pluie et le roi met sa panoplie À la vitesse d’un soupir tranquillement sans s’assoupir.