Catégorie : Reflets Vers inédits

Les maladroits, les trop osés, les non satisfaisants, les « à revoir » et tous ceux qui auraient sans doute dû finir à la poubelle.
Ils n’ont pas été choisis. Trop vifs, trop mous, trop bruts, trop flous.
Mais ils sont là. Fragments d’élan, chutes de vers, éclats d’essai.
Ils ne brillent pas toujours… mais parfois, ils clignent de l’âme.

  • Picasso

    Picasso

    Picasso n’était pas soigneux et rangeait n’importe comment
    Les instruments de sa palette et vivait à couteaux tirés
    Avec des rivaux besogneux qui changeaient le grossissement
    De l’optique de ses lunettes faussant les images étirées.

    Tableau de Suckertom.

  • La dissolution de la mémoire

    La dissolution de la mémoire

    Un événement enfoui revient souvent à la surface
    Malgré les couches de souvenirs qui se tassent dans ma mémoire.
    Moi-même, perdu dans le fouillis astronomique du temps qui passe,
    Je pensais ne plus détenir la clef égarée de l’armoire.

    Mais voilà que du fond de l’œil, voici que du creux de l’oreille,
    Remonte la réminiscence d’une situation ridicule.
    Souvent, elle blesse mon orgueil d’une insolence sans pareille ;
    Je souhaiterais, de mon enfance, en effacer la pellicule.

    Tableau d’Emma Black.

  • Le dépressionnisme

    Le dépressionnisme

    Expressionnisme
    Mouvement artistique caractérisé par l’intensité de l’expression des sentiments ou de certains aspects de la réalité, par opposition au respect d’un code formel.

    Impressionnisme
    Mouvement pictural axé sur l’expression des impressions suscitées par la lumière et les objets.

    Surréalisme
    Mouvement artistique qui prônait l’importance de l’imaginaire, de l’association des idées, de l’automatisme.

    Dépressionnisme
    Lorsque j’entends l’explication de ces mouvements artistiques,
    Je me sens plus proche du cancre que de ce docte perfectionnisme.
    Alors, fi des complications et ces folles caractéristiques !
    Moi, le poète, je jette l’encre dans le trou du dépressionnisme.

    Tableau de Van Gogh par Adam Lister.

  • Artistiques métamorphoses

    Artistiques métamorphoses

    Les hommes naissent dans les choux, les femmes naissent dans les roses,
    Les anges naissent des étoiles et les poèmes naissent du cœur.
    Les rêves dans le sable échouent, des émotions naissent les pleurs ;
    Tous ces chefs d’œuvre, nés d’une toile, sont d’artistiques métamorphoses.

    Photo de Flora Borsi.

  • Les gens – 1

    Insignifiants ou ridicules, déguenillés ou bien sapés,
    Souriants ou tristes à pleurer, le teint clair ou bien basané,
    Les jeunes gens qui gesticulent, les gaillards, les handicapés,
    Poussés ou à peine effleurés, tous les jours de toute l’année.

    Je les observe de ma fenêtre, je les dévisage en terrasse,
    Je les aime ou je les déteste, je les admire ou je m’en moque.
    Ces gens, je dois le reconnaître, ont quelque chose qui m’embarrasse ;
    C’est d’afficher, je vous l’atteste, toutes leurs pensées équivoques.

    Images trouvées sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si les auteurs de ces images reconnaissent leurs travaux, je serai heureux d’en mentionner les noms avec respect.

  • Le pont de la connaissance

    Le pont de la connaissance

    Toute l’évolution de l’homme accomplit son apprentissage
    Par le pont de la connaissance qui lui fait franchir les obstacles.
    Ainsi l’humain, dans son génome, a cumulé tous les passages
    Qui se révèlent, à la naissance, prêts à répéter le miracle.

    Photo du Pont de Rakotzbrücke en Allemagne par Josh Perrett.

  • La course aux nuages

    La course aux nuages

    Quand je chevauchais les nuages au temps de mes rêves d’enfant,
    J’allais plus vite que l’orage et plus brillamment que la foudre.
    J’adorais ce plaisir suave qui rendait mon cœur triomphant
    Lorsque je montrais mon courage ainsi que l’envie d’en découdre.

    Tableau de Vanessa Rivera.

  • Montmartre

    Montmartre

    Autrefois, les plus de vingt ans racontaient leur vie de bohème
    Sous des mansardes monotones, des anars, des intellectuels.
    C’étaient des artistes au printemps ; en été, clameurs de poèmes ;
    Peintres méconnus en automne et chanteurs des rues à Noël.

    Photo d’Evgeny Lushpin.

  • Rendez-vous au crépuscule

    Rendez-vous au crépuscule

    Contempler l’autre un après-midi rose

    Ensemble, en fin d’après-midi, nous nous retrouvons face à face ;
    Elle qui vit sur la rive gauche et moi qui vit en rive droite.
    Nous usons de cette comédie afin que la nuit satisfasse
    Nos appétences de débauche et d’inconduites maladroites.

    Tableau de Tomas Sanchez.

  • La course à la puissance

    La course à la puissance

    Toujours plus haut, toujours plus vite, toujours plus grand, toujours plus loin !
    Telle est la devise de l’homme devant l’obstacle à son orgueil.
    Toujours dépasser ses limites, toujours accumuler des points,
    Toujours disputer des slaloms, toujours faire du tape-à-l’œil.

    Photo de Ebenism.

  • Rapa Nui

    Rapa Nui

    À quoi peut rêver un géant qui observe toutes les nuits
    La course effrénée des étoiles qui dansent autour de sa tête ?
    Au peuple errant dans le néant qui s’appelait les Rapa Nui,
    Disséminé parmi les voiles qui voguent sur les vagues en fête.

    Photo de Samir Belhamra.

  • San Francisco

    San Francisco

    Je ne connais de cette ville que ses descentes exceptionnelles
    Qui plongent dans le Pacifique dans une brume océanienne.
    Moi, qui ne suis né qu’à Saint-Gilles, garde une extase émotionnelle
    Pour les sillons discographiques des musiques californiennes.

    Merci Maxime Leforestier, Scott McKenzie et Éric Clapton
    D’avoir chanté la maison bleue, le blues, le folk, le Rock’n’Roll
    Merci aux romans policiers et leurs poursuites qui détonent
    Après ces gangsters crapuleux qui détenaient le premier rôle.

    Photo de Cream Electric Art.

  • La fin du monde

    La fin du monde

    On nous l’annonce depuis longtemps : La fin du monde est pour bientôt !
    Mais surviendra-t-elle brusquement ou usera-t-elle notre patience ?
    Je ne serais pas mécontent que Dieu nous mette un mémento
    Dans son troisième testament que je lirais en prévoyance.

    Photo de Gerab Ramadres.

  • Les marais salants

    Les marais salants

    Féminin du cycle de l’eau, masculin du cycle du sel,
    Fruit de la mer dans son berceau couronné des marais salants.
    Accouché des vagues à grelots de l’océan universel,
    L’œil circonscrit dans le cerceau couvé d’un regard nonchalant.

    Les marais salants photographiés par Tom Hegen.

  • Révolution en rouge

    Révolution en rouge

    Tout tourne autour de la couleur dans notre monde en mouvement
    Comme une machine indolente qui jamais ne s’arrêtera.
    Chacun échappe à ses douleurs en continuant activement
    Son petit train-train insolent mais un jour le regrettera.

    Photo de Daniel Rueda & Anna Devís.

  • Quand je serai là-haut

    Quand je serai là-haut

    Lorsque j’aurai changé de peau dans ma prochaine incarnation,
    Peut-être aurai-je évolué vers une race de vainqueurs
    Avec des yeux, fort à propos, dotés de nouvelles adaptations
    Me permettant d’évaluer ce qu’on ne voit qu’avec le cœur.

    Tableau d’Olga Kost.

  • Au-dessus du monde

    Au-dessus du monde

    Je vis sur mon petit nuage sur un fil d’irréalité
    Lorsque je rêve d’avenir et que je m’en vais voir ailleurs.
    Je me juge au-dessus des rouages des terribles actualités
    Qui menacent mes souvenirs d’un monde que j’ai cru meilleur.

    Tableau de Duy Huynh.

  • Tous dans le même bain

    Tous dans le même bain

    À force de passer son temps à pleurer sur l’agitation, augmentations limitations
    On se retrouve dans le bain et le marasme se dilate.
    Mais quand ça devient un étang de larmes et de lamentations,
    On pourrait s’en laver les mains comme disait Ponce Pilate.

    Tableau de Hennie Niemann jnr.

  • Dans la main – 2

    Tenir le monde dans sa main, avec l’infini qu’il contient,
    Ressemble à un rêve utopique ou à la folie des grandeurs.
    J’y ai cru quand j’étais gamin mais aujourd’hui, je le maintiens,
    C’est aussi fantasmagorique que la promesse d’un vendeur.

    Le monde me tient dans sa main, je ne cherche plus à comprendre
    La physique et ses dimensions me mesurent à leurs proportions.
    Ce que j’ai appris en chemin, je dois déjà le désapprendre
    Car le temps est la condition de ma propre disproportion.

    Gravure de Maurits Cornelis Escher.

  • Dans la main – 1

    Dans la main - 1

    Tenir le monde dans ma main quand j’étais jeune et ambitieux
    Me paraissait réalisable à condition de le comprendre.
    J’ai donc passé à l’examen tout ce qui me semblait judicieux
    Et suffisamment maîtrisable pour commencer à l’entreprendre.

    Mais plus j’essayais de l’apprendre et plus ses frontières s’éloignaient
    Et plus j’en faisais une image et moins elle lui ressemblait.
    Il ne cessait de me surprendre sans jamais me laisser l’empoigner
    Comme une sorte de mirage que je ne pouvais rassembler.

    Photo de Dana Trippe.

  • L’amour navré

    L’amour navré

    Hélas, elle en aimait un autre et son petit regard navré
    Trahissait l’élan de son cœur qu’elle protégeait de ses mains.
    Alors, comme le pauvre apôtre dont la foi resterait sevrée,
    Je ne lui tins jamais rancœur de cet amour sans lendemain.

    Tableau de Charles Dwyer.

  • L’imposture – 2

    L’imposture - 2

    Quelques génies américains ont sacrifié à la légende
    Par des passages enchaînés à la profondeur de l’espace.
    Toutefois le sang africain, porté par sa valeur marchande,
    A su, lui-aussi, déchaîner les vanités entre deux races.

    Ce continent bizarrement constitué de plusieurs branches
    Et qui devrait faire le pont entre les civilisations
    Privilégie dérisoirement la putative couleur blanche
    Alors que son sang correspond à l’alliance d’antiques nations.

    Tableau de Robert Lyn Nelson inspiré de Vincent van Gogh.

  • L’imposture – 1

    L’imposture - 1

    Longtemps les sociétés secrètes souhaitait une vision cosmique
    Qui fracasserait le carcan des dogmes étriqués des églises.
    Mais dans la crainte qu’on décrète l’odeur de soufre ectoplasmique,
    On fit un projet ne risquant nullement qu’on le diabolise.

    Comme il fallait dissimuler cet appendice panoramique,
    Eiffel en fit une dame de fer et Paris, fier, l’illumina.
    Mais alors, comment simuler ses outrecuidances orgasmiques ?
    Vincent van Gogh, à son affaire, de ses pinceaux l’enlumina.

    Tableau de Robert Lyn Nelson inspiré de Vincent van Gogh.

  • Nature en mosaïque

    La mosaïque des fragments des intentions de la nature
    N’aurait jamais été traduite sans les peintres expressionnistes.
    Malgré leur langage vaguement transfiguré par la peinture,
    Qui semble une farce introduite par un démon illusionniste.

    Tableau de Ford Smith.

  • Tomes pourris ?

    Tomes pourris ?

    Selon si l’intrigue a mûri au fil des pages de mon livre
    Ou si ma pomme contient des vers, la connaissance me nourrit.
    Jamais n’aurai de pénurie tant que ma folle envie de vivre
    Continuera d’écrire en vers ce qui, dans ma vie, me sourit.

    Tableau de Francine van Hove.

  • Les héros sont miséricordieux

    Les héros sont miséricordieux

    En me fiant à ma boussole et sortant des chemins battus,
    J’ai retrouvé d’anciennes pistes qu’utilisaient les demi-dieux.
    Quand j’en rencontre, je les console à cause des arbres abattus,
    Mais d’un naturel utopiste, ils restent miséricordieux.

    Tableau de Susan Seddon-Boulet.

  • La descendante de la Joconde

    La descendante de la Joconde

    L’instinct grégaire nous rassemble à la conquête des espaces
    Et brasse, des terres étrangères, ses progénitures fécondes.
    À première vue, dans son ensemble, je dirais que ça me dépasse
    Mais ma vision est mensongère car j’ai reconnu la Joconde.

    Si les chromosomes romains ont croisé les belles indigènes
    Et si les mongols d’Attila ont franchi nos générations,
    Il est normal que l’être humain y gagne en métissant ses gènes
    Et ce serait un pugilat que renoncer aux migrations.

    Tableau de John Palmer Wicker.

  • Ailleurs…

    Ailleurs…

    Ailleurs, les pays sont si beaux qu’on y déferle en paquebot ;
    Là-bas, si belles sont les rivières qu’on y affrète des croisières,
    Les îles de la Perfide Albion sont chartérisées en avion ;
    Et la Polynésie française est actuellement mal à l’aise.

    Tableau de Paul Gauguin.

  • Quand le rêve s’éteint

    Quand le rêve s’éteint

    Cette image indéfinissable mais que j’ai si souvent gravée
    Sur ma rétine en rémanence malgré la couleur qui déteint
    Semble s’effacer sur le sable avec la marée délavée
    Dont la vague entre en résonance avec mon rêve qui s’éteint.

    Tableau de Michael Carson.

  • La voix et l’instrument

    Entre contraste et contrechant, l’image se superpose au son
    Pour graver dans l’œil et l’oreille une séquence instantanée.
    Le spectateur est, sur le champ, saisi sans l’ombre d’un soupçon
    D’une sensation sans pareille face à cet écho spontané.

    La voix s’échappe par moment de son escorte d’instruments ;
    Tandis que l’orchestre joue la tortue, le lièvre poursuit sa chanson.
    Chacun s’amuse en slalomant dans cette lutte incongrûment
    Mais à la fin, on s’évertue à terminer à l’unisson.

    Tableaux de Michael Carson.

  • Au cœur de la licorne

    Dans le cœur d’une femme, la corne de licorne
    Lui transmet cette force qu’on ne peut qu’acclamer.
    Dans le corps d’une femme, le feu de la licorne
    Apparaît sur son torse comme seins enflammés.

    L’une et l’autre ont le don de la télépathie
    Qui transmet les pensées directement au cœur.
    Le pouvoir du pardon ainsi que l’empathie
    Les ont récompensées au rang des grands vainqueurs.

    Tableaux de Susan Seddon-Boulet.

  • Le bon vieux temps

    Le temps vieilli cruellement et sa mécanique se grippe.
    Or, si son rythme s’accélère, ses rouages vont se briser.
    La preuve en est, réellement, par ces comètes qui s’agrippent
    Aux plans du système solaire avec la queue vert-de-grisée.

    Figurine de Nadezhda Sokolova.

  • À vélo la météo

    À vélo la météo

    Le temps change tellement vite, là-haut, sur nos montagnes suisses,
    Que je l’imagine roulant à toute berzingue sur l’horizon.
    À bicyclette, elle lévite, la météo aux belles cuisses !
    Et voilà le ciel chamboulant depuis le Valais jusqu’aux Grisons.

    Tableau d’Oleg Tchoubakov.

  • Peigner la girafe

    Peigner la girafe

    Comme elle effectuait en vain sa tâche presque interminable,
    Je lui ai dit qu’il était temps de terminer son paragraphe.
    Lâchant sa plume d’écrivain, elle prit la pose indéclinable
    À l’envers en se dévêtant … et moi de peigner la girafe.

    (Bidybuilding d’Emma Fay.
    Peigner la girafe : Effectuer en vain une tâche très longue ou ne rien faire de son temps.)

    Image trouvée sur Pinterest sans indication de provenance et de source inconnue. Si l’auteur de cette image reconnaît son travail, je serai heureux d’en mentionner le nom avec respect.

  • Un masque sinon rien !

    Un masque sinon rien !

    Puisque porter son ridicule patronyme l’affaiblissait,
    Elle fit collection de masques pour renforcer son caractère.
    Ainsi finie la particule qui lourdement l’anoblissait
    Et bonjour aux esprits fantasques plutôt rebelles et réfractaires !

    Tableau de Nicoletta Ceccoli.

  • Madame Corneille

    Madame Corneille

    Elle baillait aux corneilles par les alexandrins
    Qu’écrivaient son mari d’une plume ennuyeuse.
    Elle aurait préféré que quelques boute-en-train
    La distraient de sa vie un peu trop gribouilleuse.

    Or, Monsieur du Corbeau – de Jean de La Fontaine –
    Lui fit prendre racine, elle fit machine arrière.
    Il imitait Molière avec sa voix hautaine
    Et elle, riait si fort qu’en tremblaient les bruyères.

    Tableau d’Elena Arcangeli.

  • En plein délire

    En plein délire

    Comme je noyais le poisson sur une question indiscrète,
    Elle ouvrit la cage aux oiseaux pour me monter le bourrichon.
    Et je vis toute la moisson de mes idées le plus secrètes
    S’éparpiller dans le réseau de son délire maigrichon.

    Tableau de Louis Teserras.

  • La confrérie des utopistes – 2

    La confrérie des utopistes - 2

    Après avoir cherché longtemps la voie qui me correspondait
    J’ai opté pour les utopistes aux habits à belles rayures.
    J’y ai passé quatre printemps mais, étant trop dévergondé,
    J’ai dit avant qu’on me dépiste : « bye-bye et à la revoyure ! »

    Photo de Stefan Gesell.

  • Ô Soleil !

    Ô Soleil !

    Ce premier rayon de soleil qui me caresse le visage,
    M’éblouit juste une seconde les yeux pour y fixer l’image
    Du dernier rêve du réveil auquel mon esprit envisage
    D’en faire la vision du monde même si ce n’est qu’un mirage.

    Tableau de Solly Smook.

  • Rue du baiser

    Rue du baiser

    Celui où celle qui emprunte la voie de la rue du baiser
    Et qui veut conquérir l’amour part, le cœur déjà engagé
    Car le désir marque une empreinte indéfectible à apaiser
    Qui lance le compte à rebours vers une passion encagée.

    Qui est passé par ce passage périlleux à Venise ?

  • La marque des combats

    Tous les combats laissent des traces restées exposées sur le corps.
    L’esprit s’expérimente autant que le cœur forge son courage ;
    L’âme raffermit sa cuirasse et l’amour signe ses records
    Car patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.

    Toutes ces épreuves gagnées, je les porte sur mon visage
    Comme décoration de guerre contre mes démons personnels.
    Si mes traits sont accompagnés d’éclaboussures de bronzage,
    Mes bleus de l’âme de naguère en sont l’auteur originel.

    Photo de Jose Cordoba.

  • Ô ma reine !

    Ô ma reine !

    Quand je la vis au paradis, entourée de blanches colombes,
    Je n’ai pas tenté de l’induire en erreur sur nos retrouvailles.
    D’ailleurs, je ne lui ai pas dit que je l’appelais « ma palombe »
    Dans l’intention de la séduire lorsque je régnais à Versailles.

    Tableau de Solly Smook.

  • L’écharpe jaune

    L’écharpe jaune

    À première vue, l’écharpe jaune attire toute l’attention
    Et son regard plongé dans l’ombre évite toute confrontation.
    Ainsi, la discrète amazone, dissimule ses intentions
    Par le truchement en surnombre d’inhibiteurs de tentation.

    Tableau « Lady with yellow scarf » de Natalya Kuzmina .

  • Des trucs dans ce genre…

    Des trucs dans ce genre…

    « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? »
    Je pourrais ajouter : « Avez-vous donc un sexe ? »
    Qu’une partie se range au genre de Madame
    Et une autre à Monsieur, me semble bien complexe !

    En revanche le neutre, en français est castré.
    Mais le plus étonnant, restent les mots abstraits :
    Souvent au masculin, tout emplis de noblesse,
    Souvent au féminin, tout empreints de faiblesse.

    Le premier vers est extrait du poème « Milly ou la terre natale » d’ Alphonse de Lamartine.

    Dessin de Dany

  • L’ombre rouge

    Seule une silhouette bouge discrètement, sans prétention,
    À peine sortie du mystère d’une relation interdite.
    Dans son insolite habit rouge, sensé détourner l’attention,
    Elle quitte la chambre austère, tôt le matin, à l’heure dite.

    Toujours en tenue écarlate, la voici autour de minuit
    Frappant juste un coup à la porte par pudeur et sécurité.
    Ainsi, l’histoire le relate, elle y passe toutes ses nuits
    Et seul ce rouge nous importe rémanant dans l’obscurité.

    Tableaux de Richard Burlet.

  • Collection de printemps

    Collection de printemps

    Madame ne saurait attendre sa collection de nouveautés :
    Bourgeons dorés et explosifs ; feuillaison de teint blondissant ;
    Feuilles sépia, parme et vert tendre ; jeunes épines biseautées ;
    Les parfums les plus exclusifs pour un printemps resplendissant !

    Illustration de Hülya Özdemir.

  • À la mode de chez nous

    À la mode de chez nous

    La ville aime ses tons unis, rouge-orangé, au crépuscule
    Sur la trame de ses avenues selon le temps qui s’accommode ;
    Et les citadins communient en se fondant en groupuscules
    Qui sacralisent leurs tenues selon les rites de la mode.

    Sérigraphie d’Aurélien Le Calvez.

  • La mécanique féminine

    La mécanique féminine

    Toute logique féminine – absurde par définition –
    N’agit en aucune mesure sur les lois de la mécanique
    Excepté la gent masculine – rustique dans ses finitions –
    Qui pense comprendre à l’usure ses frivolités organiques.

    Sérigraphie de Jean-Claude Forest.

  • L’aube des métamorphoses

    L’aube des métamorphoses

    À l’aube des métamorphoses, tous mes petits « moi » se rassemblent.
    Chacun me raconte ses rêves pour m’en offrir les éléments
    Qui, durant la nuit de nymphose, se sont transfigurés ensemble
    En toutes ces présences brèves que j’ai vécues intensément.

    Tableau de Susan Seddon Boulet.

  • L’eau de l’oubli

    L’eau de l’oubli

    Entre les puits de connaissances et les fontaines de jouvence,
    J’ai plongé dans l’eau de l’oubli et ses abysses amnésiques.
    Demain, peut-être, ma renaissance s’effectuera en connivence
    Avec un esprit assoupli d’une quiétude analgésique.

    Tableau « Sedna » de Susan Seddon-Boulet.